À Escaudœuvres, près de Cambrai, un collectif de betteraviers bio emmené par Sébastien Lemoine lancera en 2027 une microsucrerie inédite en France. Ils ont pour objectif de produire localement un sucre de betterave complet, 100 % bio, sans pesticides ni procédés chimiques. Face à l’inaction des industriels et des banques classiques, ce projet coopératif et militant veut prouver qu’un autre modèle agricole est possible.
Dans les Hauts-de-France, bastion de la betterave conventionnelle dopée aux pesticides, un agriculteur bio a décidé de secouer l’ordre établi. Sébastien Lemoine, ex-conventionnel devenu porte-drapeau d’un sucre sans poison, monte avec une quarantaine d’associés la première microsucrerie de betteraves bio du pays. Baptisée Fabrique à sucres, l’unité transformera, dès 2027, un sucre complet, non raffiné, issu d’un processus mécanique sans lait de chaux, avec une consommation d’eau quasi nulle. Une hérésie pour l’industrie, une évidence pour lui.
Face à l’indifférence des sucriers traditionnels et aux refus des investisseurs habituels, le projet a été soutenu par des collectivités et des financeurs éthiques comme La Nef. Reporterre, qui a révélé l’initiative, rappelle que seuls 0,5 % des betteraviers français sont engagés en bio. Le sucre produit, bien que « ça reste du sucre », comme le souligne Lemoine, conserve vitamines et indice glycémique plus faible. Mais surtout, il crée une vraie alternative dans une région où la betterave bio n’existe quasiment pas, faute d’outil de transformation.
Le 6 octobre dernier, cette initiative a pris un tournant politique et symbolique. Lors de la venue de l’association Mutuelles pour la santé planétaire, une soixantaine de professionnels de santé, agriculteurs, militants et mutualistes ont signé un « Serment de Cambrai ». Ils exigent une Europe libérée à 50 % des pesticides d’ici 2030. « Pour gagner contre les pesticides, il faut qu’on s’unisse », affirme Martin Rieussec-Fournier, président de l’association.