À Montgenèvre, dans les Hautes-Alpes, une croix restaurée bénévolement par des randonneurs a été retirée par hélicoptère le 8 octobre dernier. Décision de la mairie, en faveur du respect strict du principe de laïcité, sur fond de conflit entre initiative patrimoniale et légalité administrative.
La laïcité se heurte aux sommets. La mairie de Montgenèvre a mobilisé un hélicoptère pour retirer une croix en bois installée l’an dernier par un groupe de randonneurs bénévoles, choqués de voir un ancien calvaire du XIXe siècle tomber en ruine. Restaurée dans la discrétion, la structure flambant neuve a vite fait débat. Si bien que la commune a tranché sans appel : la croix, posée “sans autorisation”, devait disparaître.
Le Journal du Dimanche, qui a révélé l’affaire, rapporte que la décision municipale s’est appuyée sur le Code civil, notamment les articles 552 et 555 relatifs à la propriété. La parcelle étant privée et appartenant à la commune, celle-ci considère qu’elle est devenue propriétaire de l’édifice, et donc en droit d’en ordonner l’enlèvement. Christophe Colombani, l’un des initiateurs du projet, déplore une décision rigide : “Cette initiative n’avait d’autre but que d’honorer l’histoire du site.” Il souligne aussi le coût élevé de l’opération aérienne, estimée à plusieurs milliers d’euros.
La mairie, elle, défend une position de principe. Elle affirme dans un communiqué que la croix en question n’a jamais été censée remplacer l’ancien calvaire — toujours debout — et que son enlèvement s’est déroulé “sans incident”. Où s’arrête la protection du patrimoine et où commence le soupçon de prosélytisme ?