Mercosur, la Commission passe en force
Imaginé il y a plus de vingt-cinq ans, au temps du libre-échangisme triomphant, l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur suscite un rejet croissant. Le gouvernement français lui-même affiche des réserves. La Commission de Bruxelles n’en a pas moins choisi de précipiter la ratification du traité.
Aux États-Unis, M. Donald Trump accentue un virage protectionniste amorcé lors de son premier mandat et poursuivi par M. Joseph Biden. En Inde, M. Narendra Modi préfère encourir l’ire de Washington plutôt que d’ouvrir son marché aux produits agricoles américains. En Chine, la célébration officielle du libre-échange n’empêche pas Pékin de soutenir ses champions nationaux et de protéger ses industries stratégiques. « Le système commercial mondial tel que nous l’avons connu est mort », résume M. Michael Froman, représentant au commerce des États-Unis entre 2013 et 2017. Partout ? Non ! Un village d’irréductibles bureaucrates persiste à infliger à ses populations la pénitence du libre-échange : l’Union européenne.
Le camouflet commercial administré à Bruxelles par Washington aurait pu conduire les dirigeants européens à réévaluer leurs certitudes. Soucieuse d’écarter la menace américaine de taxer à 30 % les produits européens, la Commission a accepté, le 27 juillet dernier, un accord asymétrique extrêmement défavorable. Le texte prévoit que les exportations européennes acquitteront un droit de douane de 15 % à leur entrée aux États-Unis, cependant que les produits industriels et certains produits agricoles (huile de soja, semences de culture, céréales, fruits à coque, ketchup, biscuits, cacao) en provenance d’Amérique pénétreront librement sur le territoire européen. La Commission s’est également engagée à ce que le Vieux Continent acquière pour 700 milliards d’euros de produits énergétiques américains et à réunir 550 milliards d’euros d’investissements privés européens sur le territoire des États-Unis.
Il en fallait toutefois plus pour que Mme Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, accepte de tempérer la doctrine de l’Union. Le 3 septembre dernier, la Commission européenne entérinait un accord de libre-échange avec le Marché commun du Sud (Mercosur, qui regroupe l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay), dont l’idée était apparue… en 1999. À l’époque, le président des États-Unis se nommait William (…)
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