Les députés français ont voté la censure…


Résumé pour les pressés : malheureusement, la censure votée n’est pas celle du gouvernement Lecornu 2. C’est celle de la démocratie – parlementaire comme populaire. La première, en théorie, garantit la représentation issue des dernières législatives. La seconde exprime la voix du peuple post-élections : celle des sondages sans appel, relayée par la rue qui, partout en France, crie son désaveu au pouvoir exécutif.

Nota la motion du RN n’ayant recueilli que 144 voix, je me concentre ici sur celle déposée par LFI, rejetée ce 16 octobre 2025 avec 271 « pour » sur 577 – à 18 voix de la majorité absolue requise (289).

Emmanuel Macron ayant averti qu’une censure entraînerait une nouvelle dissolution – un scénario où RN et LFI brillent dans les sondages –, les députés du RN ont massivement soutenu la motion de LFI, rééditant en vain l’ « union des extrêmes » qui avait fait chuter Bayrou plus tôt cette année.

En vain, car les abstentionnistes et opposants calculent leur survie électorale. Au premier rang : la macronie officielle (Renaissance, Horizons, MoDem). Mais aujourd’hui, ils se sont joints aux socialistes, LR et LIOT pour valider la poursuite de la politique macronienne, jugée désastreuse après huit ans de règne. La quasi-totalité de ces groupes a snobé la motion, suffisant à son échec.

D’après un article conjoint BFMTV/TF1, sept députés PS, un LR ont bravé la consigne de leur parti en votant « pour ». Les autres incarnent la formule de Rachida Dati sur la macronie : « des traîtres de droite et des traîtres de gauche ». Les socialistes, en particulier, confirment leur réputation : nés sous Mitterrand – traître ultime en 1940 et architecte de la « modernisation » libérale de 1981 –, ils ont trahi communistes (1981-88), électeurs (2012 sous Hollande) et alliés (1997 sous Jospin). Aujourd’hui, sous Olivier Faure, ils s’accrochent à la « victoire » promise par Lecornu – suspension des retraites jusqu’en 2027 – pour justifier leur soutien aux « défavorisés » qu’ils prétendent défendre. Coluche, il y a 50 ans, l’avait résumé : les socialistes, « c’est comme les impôts : on les paie, et on n’y comprend rien ».

Saluons ces sept PS rebelles, qui, conviction ou posture, ont osé. Car les consignes de vote ? Elles violent l’article 27 de la Constitution (« Le mandat impératif est nul ») et flirtent avec le délit de subornation (art. 432-1 et 432-2 du Code pénal). Donneur d’ordre ou exécutant : tous complices potentiels. Pourtant, parquets muets, immunités intouchées, le Parlement s’auto-protège dans ce théâtre récurrent.

Côté LR, leur chef de groupe Laurent Wauquiez a imposé la même ligne : « Notre priorité ? Donner un budget à la France ! » Une excuse bidon, quand une majorité d’entre eux rêvait de ministères dans Lecornu 2. Complices historiques de Macron – de la crise économique à l’emprise européenne que nul n’ose défier (RN et LFI, grassement financés par Bruxelles, ont mué en euro-compatibles) –, ils scellent le statu quo catastrophique.

Les écologistes, eux, ont tenu parole : vote pour la censure, suspension des retraites ou non, comme annoncé par Cyrielle Chatelain.

La palme de l’hypocrisie revient aux macronistes comme ceux d’Horizons (ex. : vice-présidente du parti et régionaux), qui contribuent au gouffre financier creusé de 1 400 milliards en huit ans, tout en feignant l’indignation. Dans cette « forfaiturocratie » macronienne, où les places se distribuent par loyauté, Lecornu respire… et la France suffoque.

Pour finir sur une note légère, Raymond Devos l’expliquait dans L’accordéon : en politique, « quand vous appuyez à droite, ça souffle à gauche. Et à l’intérieur, c’est du vent. » Ça nous change de la farce actuelle.

 

*** Edito complet ***

Malheureusement, ce n’est pas celle du Gouvernement. C’est celle de la démocratie. La démocratie d’ailleurs tant parlementaire que populaire. À savoir, respectivement, la démocratie qui (en théorie) doit assurer la représentation nationale issue des dernières élections législatives, et la volonté qui est exprimée postérieurement à celles-ci par le peuple. À savoir celle qui ressort des sondages d’opinion lorsque ceux-ci sont sans appel, et relayant-là la rue qui crie partout dans le pays son désaveux total du pouvoir exécutif.

NOTA : la motion de censure déposée par le RN n’ayant obtenu que 144 voix, je m’intéresse ici uniquement à celle qui a été déposée par LFI.

Qui a voté pour ? Qui a voté contre ? Qui s’est abstenu ?

Emmanuel Macron ayant fait savoir que si le gouvernement Lecornu 2 était censuré, il ordonnerait une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, voici ce qui est intervenu.

Le RN et LFI étant les deux grands favoris des sondages en cas de nouvelle dissolution, la totalité des députés du RN ont voté la motion de censure du gouvernement Lecornu 2 déposée par LFI, réitérant ici, hélas en vain, l’union des extrêmes qui a permis la censure du gouvernement Bayrou.

En vain, car au premier rang de ceux qui n’ont pas voté cette motion de censure, figurent les députés qui pensent qu’en cas de nouvelle dissolution ils risquent fortement de ne pas être réélus. Ainsi, outre les députés membres de la macronie officielle (« Renaissance », « Horizon » et « MoDem »), ces députés-ci sont venus s’ajouter aujourd’hui à la liste des soutiens désormais entérinés officiellement à la poursuite de la politique désastreuse pour la France et ses habitants qu’Emmanuel Macron mène depuis 8 ans. La quasi-totalité des députés socialistes, des députés LR et des députés LIOT n’ont pas voté cette motion de censure. Cela a suffit à ce que cette motion de censure n’obtienne pas « la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale » qui est exigée en cette occurrence.

En effet, cette subtilité est importante et explique pourquoi Sébastien Lecornu a annoncé qu’il n’aura pas recours à l’article 49-3 de la Constitution.

Alors que, quand il y a recours à l’article 49-3 de la Constitution, la majorité requise pour la censure du gouvernement est seulement la majorité relative entre les votes « pour » et les votes « contre » exprimés par les députés présents ce jour-là (sans prise en compte des abstentions), à l’inverse, quand, comme aujourd’hui, une motion de censure est déposée à l’occasion du discours de politique générale fait par le Premier Ministre, pour être adoptée cette motion de censure recueillir la majorité absolue des députés qui composent l’Assemblée nationale. C’est-à-dire qu’il faut que la moitié d’eux plus un au moins votent « pour » (à savoir 289 députés minimum), faute de quoi cette motion de censure est rejetée.

D’après un article conjoint de BFMTV / TF1, sept députés socialistes, un député LR et un député LIOT ont bravé la consigne de vote de leur formation : ils ont voté cette motion de censure.

Les autres ont confirmé la parfaite description que Rachida Dati a faite de c’est quoi la macronie : « des traîtres de droite et des traîtres de gauche. »

Les socialistes, on le sait depuis de nombreuses années qu’ils s’exercent à trahir la confiance du peuple français. Créé qu’il a été par un François Mitterrand, traître ultime notamment durant la deuxième guerre mondiale, et qui a institutionnalisé la trahison du peuple français à compter de 1981, cette trahison le PS l’a dans son ADN. Et comme si aller à l’encontre des intérêts du pays et de ses habitants n’était pas déjà une forfaiture, le PS de François Mitterrand a trahi ses alliés communistes en 1981 et 1988, le PS de Lionel Jospin a récidivé en 1997, le PS de François Hollande a trahi ses électeurs en 2012, et le PS d’Olivier Faure vient de faire de même, au faux prétexte officiel avancé que la promesse faite par Sébastien Lecornu de suspendre la réforme des retraites jusqu’en 2027 est « une victoire » pour les défavorisés que le PS dit faussement représenter.

Les députés PS qui ont suivi la consigne de ne pas voter la censure du gouvernement Lecornu 2, ont tristement remis au cœur de l’actualité cette description que Coluche fit des socialistes il y a 50 ans :

À cet égard, qu’importe s’ils ont agi là par conviction ou pour amuser la galerie, saluons l’initiative qu’ont prise sept députés PS de braver cette consigne de vote délictuelle. Délictuelle parce que, l’article 27 de la Constitution déterminant que « le mandat impératif est nul », toute personne dépositaire de l’autorité publique (un député l’est) donnant une consigne de vote à un député se rend coupable du délit défini par l’article 432-1 du Code pénal. Et si cette consigne de vote est respectée, il s’ensuit ceci. Tout député qui la respecte se rend coupable, en tant qu’auteur, du délit défini par l’article 432-2 du code pénal. Et, de surcroît, quand bien même cette consigne de vote a été donnée par une personne qui elle n’est pas dépositaire de l’autorité publique, cette personne se rend coupable du délit défini par l’article 432-2 du Code pénal, elle « en tant que complice ». C’est-à-dire aux termes cette fois-ci des dispositions combinées des articles 121-6 et 121-7 dudit code, à savoir « par instructions données pour commettre l’infraction »

Tout le monde le sait, mais personne ne poursuit les auteurs et complices de ce délit perpétré pratiquement à chaque vote qui s’opère au Parlement (Assemblée nationale et Sénat). Le parquet est aux abonnés absents, et les parlementaires se rendant tous (ou presque) coupables ponctuellement ou systématiquement, ils s’abstiennent à la fois de porter plainte auprès du parquet, et de demander la levée de l’immunité pénale des collègues députés ou des sénateurs qui donnent une consigne de vote ou de ceux qui la respectent.

En effet, pour qu’un parlementaire puisse être poursuivi en justice, par le parquet ou par un citoyen agissant lui par la voie d’une citation directe devant le tribunal correctionnel si le parquet n’agit pas, il faut que l’assemblée dont ce parlementaire fait partie, ait au préalable voté la levée de l’immunité pénale dont il bénéficie en tant que parlementaire.

Quant aux députés LR, leur parti et eux-mêmes ont contribué hautement, et depuis le début, à ce qu’Emmanuel Macron puisse mener depuis 8 ans (et six mois, désormais), cette politique désastreuse en tous points qui a conduit le pays à la catastrophe économique et sociale (notamment) qu’on vit actuellement sans possibilité de s’en extirper politiquement. A fortiori bloqué que l’on est dans le carcan juridique d’une Union européenne qu’aucun parti actuellement en place au Parlement ne veut quitter. Car les opposants d’hier à celle-ci qu’étaient le RN et LFI ayant dorénavant moult députés au Parlement européen, et qui rapportent à leur parti une manne financière très substantielle, le RN a complètement retourné sa veste, et LFI dit vouloir se contenter « d’une refonte. »

Ainsi, il était couru d’avance que les députés LR allaient suivre la consigne que leur chef de groupe, Laurent Wauquiez, leur a donnée de ne pas voter la censure. Et ceci d’autant plus qu’une large majorité d’entre eux auraient participé au gouvernement Lecornu 2 s’il y avaient été nommés.

L’excuse « 100% bidon » donnée par Laurent Wauquier pour justifier cette consigne de vote fut ceci : « Notre priorité pour les semaines à venir sera simple : il faut donner un budget à la France ! » #DirectAN

Et les députés écologistes ?

Confirmant ce que leur présidente Cyrielle Chatelain avait annoncé ce mardi, ils ont voté la motion de censure, malgré la suspension annoncée de la réforme des retraites.

Enfin, le politicien a qui le palme de la fumisterie doit être décernée à l’occasion de cet énième épisode de la mascarade institutionnelle qui perdure depuis 18 mois (post-dissolution de 2024), certainement que c’est Christelle Morançais, vice-présidente de « Horizons », le parti macroniste d’Édouard Philippe, et présidente du Conseil régional des Pays de Loire.

Car voici ce qu’elle a déclaré sur X avant-hier :

« Si j’étais députée, je voterais, évidemment, la censure du gouvernement, qui brade l’avenir des Français sur l’autel d’intérêts partisans. Suspendre la réforme des retraites est une folie : notre pays est au bord du gouffre financier, et nous continuons de creuser notre tombe ! »

Venant de quelqu’un qui a contribué à ce que ce gouffre financier augmente de 1 400 milliards d’euros en 8 ans et à creuser la tombe dont elle nous parle ici, et la « forfaiturocratie » étant le mode d’attribution des bonnes places qu’Emmanuel Macron a instaurée, Madame Morançais mériterait d’être nommée ministre de l’Économie et des finances, minimum. Voire Premier ministre.

Et puisque j’ai cité tout à l’heure Coluche, je termine cet édito en reprenant ces mots-ci signés eux Raymond Devos dans ce sketch court, « L’accordéon », dans lequel il explique tout cela on ne peut davantage clairement, et drôle. Ça nous change un peu : « Mesdames et messieurs, ça, en politique, c’est l’instrument de l’alternance par excellence. Quand vous appuyez à droite, ça souffle à gauche. Et quand vous appuyer à gauche, ça siffle à droite. Et à l’intérieur, c’est du vent. »





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