Service militaire en Allemagne: La coalition sous tension après les critiques de Boris Pistorius contre une proposition de tirage au sort  


La question sécuritaire provoque des crises au sein de la coalition du chancelier Friedrich Merz en Allemagne. Le projet de loi rétablissant le service militaire cristallise les tensions et les partis au pouvoir peinent à trouver un accord sur une question précise : que faire si un service national volontaire ne faisait pas suffisamment gonfler les troupes ? 

En mars 2025, l’Allemagne a modifié les règles budgétaires établies depuis 2009 en levant partiellement le frein à l’endettement. Cette décision, adoptée par la coalition dirigée par Friedrich Merz, intervient après plusieurs années de croissance faible et de pression sur les finances publiques. Le changement permet d’exclure du calcul de la dette une partie des dépenses militaires dépassant 1 % du PIB et s’accompagne de la création d’un fonds spécial de 500 milliards d’euros destiné à moderniser les infrastructures civiles et militaires sur douze ans.  

Pas de tirage au sort pour Pistorius

Ce réajustement budgétaire est lié à la hausse des exigences de défense au sein de l’OTAN. Depuis le retour de Donald Trump à la présidence des États‑Unis, Washington demande une contribution européenne plus importante à la sécurité collective, tout en réduisant la garantie d’un engagement militaire américain automatique. En réponse, Berlin a annoncé un objectif de dépenses de défense équivalant à 3,5 % du PIB d’ici 2029, avec pour priorité l’équipement et la montée en capacité de la Bundeswehr.  

Parallèlement, le gouvernement allemand a officiellement ouvert la porte à un retour du service militaire, débattu depuis des années et projet phare du ministre de la Défense, Boris Pistorius. Suspendu en 2011, il fait l’objet de projets de réforme afin d’accroître le nombre de recrues. Boris Pistorius propose un modèle sur base volontaire inspiré des pays nordiques, destiné à répondre aux besoins de recrutement liés à l’augmentation prévue des forces armées. 

L’objectif annoncé est de passer de 180 000 à 260 000 militaires d’ici 2030. À partir de 2026, les jeunes citoyens recevront un questionnaire sur leur disposition à effectuer un service militaire ; la participation à ce questionnaire sera obligatoire pour les hommes et facultative pour les femmes. 

Mais au cours des dernières semaines, le débat s’est enflammé autour de la possibilité que ce recrutement sur la base du volontariat ne suffise pas à atteindre l’objectif initialement fixé. Que faire alors ; rendre le service national obligatoire ou s’inspirer des pays nordiques et adopter un tirage au sort. 

Trois mois avant le retour de la conscription en Allemagne, la question n’est pas tranchée et provoque des tensions au sein de la coalition. Les conservateurs (CDU-CSU) se sont ouvertement montrés ouverts à un tirage au sort parmi les Allemands déclarés aptes selon leurs questionnaires. Mais la proposition est “pourrie” selon le ministre de la Défense, qui a employé des termes bien forts.

La coalition à couteaux tirés

Boris Pistorius s’est dit en désaccord avec la coalition, y compris avec son propre parti, le SPD, estimant qu’elle ne correspond pas à une réponse adaptée aux défis actuels. Pistorius a même critiqué “la rhétorique du pistolero” des conservateurs à propos de certaines mesures sécuritaires, notamment l’abattage de drones au-dessus des zones sensibles comme les aéroports.

Ses déclarations ont poussé le gouvernement allemand à tempérer ces tensions, en se montrant rassurant quant à sa détermination de mener à bien le projet de Friedrich Merz de faire de l’Allemagne l’armée conventionnelle la plus puissante d’Europe. « Je recommande à tout le monde de réduire un peu la dramaturgie, l’Allemagne n’est pas divisée, affaiblie ou en incapacité d’agir à cause » de ces tensions, a déclaré Stefan Kornelius.

Mais les conservateurs ont tenu à contre-attaquer. « En trente ans de Bundestag, je n’ai jamais vu un ministre torpiller de front une procédure législative importante relevant de son propre domaine de responsabilité », a déclaré Norbert Röttgen, le vice-président des députés conservateurs, au journal Süddeutsche Zeitung.

Boris Pistorius s’est ressaisi, affirmant que ses déclarations « étaient bien moins dramatiques que ce que l’on dit ». 

La question du service militaire vient s’ajouter à plusieurs sources de tension au sein de la coalition allemande. Outre le désaccord sur le tirage au sort, des débats houleux concernent la gestion des survols de drones suspects, avec l’opposition entre Boris Pistorius et les conservateurs bavarois sur l’implication de l’armée dans leur abattage.





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