Gaza : la paix de Trump, un Hollywood moyen-oriental ou un pas vers la Justice ?


Une semaine après la signature triomphale d’un accord de cessez-le-feu à Gaza lors d’un sommet égyptien sous les projecteurs, le monde retient son souffle. Le 13 octobre 2025, sous le soleil implacable de Charm el-Cheikh en Égypte, Donald Trump, président américain, a paraphé le document solennel aux côtés des médiateurs égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qatari et turc, déclarant l’entrée dans « l’aube historique d’un nouveau Moyen-Orient ». Vingt otages israéliens vivants ont été libérés par le Hamas, en échange de près de 2 000 prisonniers palestiniens relâchés par Israël, marquant la fin officielle de l’ère de la guerre Israël-Hamas et le lancement de la phase deux : négociations pour une paix durable. À ses côtés, une brochette de leaders mondiaux, dont Emmanuel Macron, président français, qui a salué un « pas historique » et promis un rôle clé pour Paris dans la reconstruction de Gaza – via une conférence co-organisée avec Le Caire, une force de stabilisation sous égide ONU et un gouvernement temporaire pour le « jour d’après ». Mais derrière les sourires forcés et les poignées de main protocolaires, une pique de Trump à l’adresse de Macron – « J’ai du mal à croire que tu fais profil bas aujourd’hui » – révèle la hiérarchie impitoyable de cette diplomatie.

Est-ce la dernière chance pour une paix au Moyen-Orient, ou l’illusion d’un Trump diplomate qui parade sur des ruines encore fumantes, tandis qu’un Macron, trop petit pour l’Histoire, se contente des miettes d’un festin qu’il n’a pas su préparer ?

 

Un sommet sous les feux de la rampe : l’empreinte Trump et le rôle effacé de l’Europe

Le sommet de Charm el-Cheikh, tenu dans un palace balnéaire égyptien, a tout d’une production cinématographique hollywoodienne. Trump, au centre de la scène, a multiplié les déclarations : « Nous avons accompli la partie la plus difficile ; le reste s’assemblera », a-t-il lancé, évoquant un « triomphe pour l’humanité » avec la libération des otages. L’accord, en trois phases, prévoit un arrêt des opérations militaires, une aide immédiate à Gaza et une reconstruction pilotée par les États-Unis, avec Rafah comme modèle pour un « post-Hamas ». Des images virales sur X montrent Trump recevant des honneurs chaleureux de l’Égypte – médailles, discours laudatifs – pour son rôle de médiateur.

Pourtant, ce spectacle diplomatique soulève des questions acerbes. Des analystes comme John Lyons, du Sydney Morning Herald, y voient un « théâtre politique » où Trump, en quête de legs électoral, priorise l’esthétique sur la substance. Le Hamas, affaibli mais pas désarmé – Trump exigeant même un « désarmement violent » si nécessaire – et Israël, qui maintient ses positions sécuritaires, ont tous deux salué l’accord sans concessions réelles sur les racines du conflit : occupation, colonies et statut de Jérusalem. Sur X, des voix ironisent : « Hollywood applaudit le cessez-le-feu, mais où sont les stars pro-palestiniennes pour célébrer la vraie paix ? », note un utilisateur, soulignant le silence des élites occidentales.

Remontons aux origines chaotiques de cet « accord Trump ». Le 29 septembre, l’ancien magnat de l’immobilier devenu 45eme puis 47eme président des Etats-Unis a donné un ultimatum au Hamas : acceptez la proposition américaine d’ici le 5 octobre, ou « enfer et damnation ». Pressions américaines, médiations égyptiennes sous al-Sissi, ingérences qataries et turques : le cocktail est explosif. Le 8 octobre, Israël et le Hamas signent le cessez-le-feu, scellé le 13 par Trump lui-même, qui y voit le prélude à sa « Déclaration pour une paix et une prospérité durables ». Les experts tempèrent : ce n’est pas une paix, mais une trêve fragile, un « échange de prisonniers élargi » qui laisse intactes les racines du conflit – colonies en Cisjordanie, blocus de Gaza, divisions internes palestiniennes. Trump, avec son style transactionnel, vend-il du rêve ? Fin de la guerre, reconstruction, et pourquoi pas un Nobel de la Paix en 2026, comme le moquent déjà certains sur X, ironisant sur les tentatives de Biden de s’approprier le mérite. Un observateur critique de Trump nous explique : « l’Histoire nous enseigne que les deals trumpiens, comme les Accords d’Abraham de 2020, brillent plus par leur paillettes que par leur solidité ». Sans regarder les appels à la paix répétés. Des analystes du Brookings Institute avertissent : sans résolution du statut de Jérusalem ou du droit au retour, c’est une illusion pyrrhique. Gaza, dévasté après près de deux ans de bombardements, compte des centaines de milliers de déplacés ; le Hamas, affaibli mais pas brisé, pourrait rompre le cessez-le-feu à la première occasion. Israël, sous Netanyahu, promet une « reconstruction » sous contrôle strict, sans concessions territoriales.

Et Macron dans tout ça ? Le président français, qui se rêve en pivot européen du Moyen-Orient, joue les utilitaires. Depuis des mois, il multiplie les initiatives : sommet arabo-européen à Paris le 9 octobre pour le « jour d’après », appel à une force de sécurité ONU à New York, offre de Paris pour stabiliser Gaza post-conflit. « La France est prête à jouer un rôle », répète-t-il, évoquant une aide humanitaire massive et une reconstruction co-financée avec l’Égypte. Lors de la rencontre avec le Premier ministre britannique, il plaide pour un leadership européen dans le désarmement du Hamas. Un sincère ? Sans doute. Mais probablement trop petit pour l’Histoire, comme le souligne cruellement le contexte. Humilié par Trump – non seulement par cette pique publique, mais par le rôle subalterne de la France, reléguée à l’organisation logistique d’une conférence secondaire –, Macron incarne l’impuissance mitterrandienne d’un pays qui parle fort mais pèse peu. Où était-il quand Trump dictait les termes ? Pourquoi la France, avec son héritage colonial et ses liens avec le Liban, n’a-t-elle pas pris les rênes d’une médiation inclusive ? Les tweets railleurs sur X – « Macron humilié une deuxième fois aujourd’hui » – reflètent une réalité amère : Paris suit, n’innove pas. Sa « vision pour Gaza » – gouvernement temporaire multipartite, priorités sécuritaires – sonne creux face à la realpolitik trumpienne, qui privilégie les deals bilatéraux aux forums multilatéraux. 

Trop focalisé sur l’Ukraine et l’Europe, Macron rate le coche historique, se contentant d’un rôle de « complément » à l’initiative US, comme il l’admet lui-même. Et ne parlons pas de Jean-Noël Barrot, un ministre démissionnaire qui prend des vidéos.

 

Les violations : une trêve qui craque déjà

À peine une semaine après la signature, l’accord montre ses limites. Israël et le Hamas s’accusent mutuellement de brèches : d’un côté, des frappes israéliennes ont tué au moins 24 Palestiniens depuis le 13 octobre, qualifiées de « violations flagrantes » par le Hamas. De l’autre, le groupe islamiste est blâmé pour la lenteur dans le transfert de corps d’otages, retardant l’aide humanitaire. Le cœur du problème réside dans l’aide : Israël a réduit de moitié le nombre de camions autorisés à entrer à Gaza, invoquant des « risques sécuritaires » liés au Hamas, et refuse d’ouvrir le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte, comme stipulé dans l’accord. « Garder Rafah fermé ne fait que punir les Palestiniens », dénonce le Hamas dans un communiqué. L’ONU alerte : avec seulement 100 camions par jour au lieu de 500 attendus, la famine guette 2 millions de Gazaouis, déjà épuisés par deux ans de blocus et de combats. Des experts comme ceux de The Intercept pointent une « montée des violations israéliennes », avec Rafah comme symbole d’un cessez-le-feu à sens unique. Ces entorses ne sont pas anodines. Elles perpétuent un cycle où les otages – dont les familles israéliennes célèbrent les retours émouvants – servent de monnaie d’échange, tandis que le terrorisme régional (liens présumés du Hamas avec des groupes en Suède et au Pakistan, via des financements occultes) risque de se raviver sans désarmement vérifié. Des posts sur X évoquent déjà des tensions : « Trump avertit d’actions contre la violence à Gaza, mais qui paiera pour les corps non rendus ? ». Cette « paix » n’est pas qu’une affaire de leaders ; c’est un miroir de nos faiblesses collectives. Trump offre une illusion de résolution rapide, masquant les fractures : le Hamas exécuterait déjà ses rivaux à Gaza pour consolider son pouvoir (sous influence de qui ?), Israël prépare une reprise des opérations si le cessez-le-feu vacille, et les Palestiniens, divisés entre Fatah et Hamas, attendent toujours un État viable.

 

L’ironie amère : honneurs pour Trump, deuil à Gaza et l’Europe en marge

Au milieu de ce chaos, l’ironie est cinglante. Tandis que Trump est ovationné en Égypte – « un promoteur enivré par son propre spectacle », comme le décrit amèrement un historien du Monde avec peu de recul sur le courage et l’énergie qu’a mis Trump pour avoir la Paix – Gaza pleure ses milliers de morts : plus de 42 000 Palestiniens tués depuis octobre 2023, selon l’ONU, contre 1 200 Israéliens. Moins de 24 heures après l’annonce d’une « paix éternelle », des Palestiniens étaient encore tués, et les camions d’aide bloqués. « C’est un conte de fées qui masque la réalité : Trump mérite du crédit si ça tient, mais les motivations comptent pour l’avenir », tempère John Lyons.

Cette dissonance est amplifiée par le plan américain de reconstruction : focalisé sur Rafah comme « modèle post-Hamas », il prévoit un État palestinien… après une « période de transition longue » et des réformes imposées. Des voix sur X ironisent : « Reconstruire Gaza pour verrouiller Israël dans le cessez-le-feu ? Plutôt un moyen de consolider le statu quo. » L’Égypte, hôte du sommet, qualifie le projet de « dernière chance » pour la paix, mais sans reconnaissance immédiate d’un État palestinien souverain, c’est un mirage qui risque de se teinter de sang. Macron, quant à lui, symbolise l’Europe : ambitieuse sur le papier, mais éclipsée par l’Amérique.

Homme, Drapeau Palestinien, Fumée

Vers une justice réelle, ou un mirage sanglant ?

Objectivement, l’accord marque un progrès malgré ce qu’en disent les médias mainstream toujours prêts à critiquer Trump : fin des hostilités actives, retours d’otages et un cadre pour l’aide. Israël a récupéré tous les vivants, et le Hamas gagne une légitimité temporaire. Mais pour éviter un « Hollywood moyen-oriental » – où les caméras s’éteignent et les violations reprennent –, une reconnaissance internationale d’un État palestinien viable devient impérative. La dernière chance ? Peut-être, si la phase deux aboutit à un plan concret – désarmement supervisé, aide massive (France en tête pour la reconstruction), reconnaissance mutuelle. Mais l’illusion guette : sans pression sur Téhéran et Riyad, sans rôle fort pour l’Arabie saoudite, ce sera un cessez-le-feu de plus, comme ceux de 2014 ou 2021, vite enterrés sous les roquettes.

Citoyens d’Europe et de France, vigilance ! Soutenir les initiatives comme celle de Macron pour une ONU active est une condition probablement nécessaire, cependant il faut exiger plus : une diplomatie qui ne se contente pas de selfies à Charm el-Cheikh. Trump n’est pas un diplomate, c’est un négociateur ; Macron n’est pas un géant ni en France ni à l’étranger, certains allant jusqu’à dire que c’est un artisan – du chaos ?. 53% des Français estimant que sa politique étrangère a rendu le monde plus chaotique !

Pour que cette trêve devienne paix, il faudra des géants – ou des peuples unis. L’Histoire jugera : dernière chance ou mirage ? À nous de trancher, avant que les sirènes ne reprennent.

La paix n’est pas un tweet, c’est un combat. S’engager pour la paix, c’est ne pas accepter l’illusion.





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