Actifs russes gelés : Avant le sommet des dirigeants européens, Bruxelles menace de bloquer tout accord


Bart De Wever persiste et signe : la Belgique ne prendra pas toute seule le risque en autorisant une utilisation des actifs russes gelés et promet de bloquer le nouveau prêt proposé par la Commission européenne à l’Ukraine si trois conditions ne sont pas réunies. Sa déclaration est intervenue peu avant la réunion hier jeudi des Vingt-sept.

Lors des précédentes semaines, l’Union européenne a proposé un mécanisme appelé le “prêt de réparations” destiné à financer la défense et la reconstruction de l’Ukraine. Cette initiative consiste à débloquer les avoirs gelés de la Banque centrale russe, dont une large part est détenue en Belgique par Euroclear. Le prêt serait financé grâce à la trésorerie issue de la maturité des titres russes immobilisés, prêté ensuite à l’Ukraine à hauteur de 140 milliards d’euros. L’Ukraine ne devrait rembourser ce prêt que si la Russie accepte de verser des réparations de guerre. Une approche présentée comme une alternative à la confiscation pure et simple des fonds russes, qui suscite des désaccords parmi les Vingt-sept, notamment ceux de Bruxelles.

De Wever fixe ses conditions

Depuis l’annonce de ce “prêt”, Bart De Wever, le Premier ministre belge, a exprimé des réserves importantes sur cette proposition. Il a souligné que la Belgique, où se trouve la majorité des actifs gelés, ne peut assumer seule le risque financier et politique d’un tel mécanisme. “Prendre l’argent du président russe Vladimir Poutine et laisser les risques à la Belgique, cela n’arrivera pas, je tiens à être très clair à ce sujet. It ain’t gonna happen, das wird niemals passieren”, avait martelé à la toute fin de septembre.

De Wever, qui rappelle que le projet de l’UE pourrait porter un sérieux coup à la crédibilité financière et juridique de la Belgique, exprimait également sa crainte de subir des représailles de la part de Moscou, notamment la saisie d’intérêts économiques belges.

Jeudi, les dirigeants européens se sont réunis à Bruxelles, pour évoquer, entre autres, cette question là. Peu avant le sommet, le PM belge a réitéré sa réticence, promettant qu’il ferait “tout son possible” pour bloquer ce nouveau prêt si ses conditions ne sont pas satisfaites.

Appelant à une “mutualisation totale des risques”, il a en outre demandé à ce que d’autres États membres de l’UE fournissent des garanties financières au cas où l’argent devrait être remboursé à Moscou. De plus, les États détenant des actifs russes gelés devront faire de même en les exploitant. “Nous savons qu’il y a d’énormes quantités d’argent russe dans d’autres pays qui gardent le silence à ce sujet”, a déclaré Bart De Wever. “Si nous agissons, nous devons le faire tous ensemble. C’est cela, la solidarité européenne”.

Le PM belge a par ailleurs exhorté hier la CE à présenter une “base juridique” pour son projet de prêt à l’Ukraine. “Ce n’est pas un détail : même pendant la Seconde Guerre mondiale, les actifs immobilisés n’ont jamais été touchés”, a-t-il rappelé.

Les dirigeants européens confiants

Telles sont ces exigences, qu’il juge “tout à fait raisonnables” et si elles sont satisfaites, “alors nous pourrons aller de l’avant. Sinon, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir au niveau européen, mais aussi au niveau national, sur le plan politique et juridique, pour empêcher cette décision”, a-t-il affirmé. 

Peu avant le sommet, Bart De Wever disait qu’il serait “surpris” si les Vingt-Sept parvenaient à un accord, même si “des miracles se sont déjà produits ”. Le Premier ministre finlandais Petteri Orpo, tout en affirmant prendre “très au sérieux” les préoccupations de la Belgique, estimait que “la solution est très proche”. “Nous devons trouver une solution pour aller de l’avant, et je pense qu’à présent nous avons une solution réaliste sur la table”, a-t-il insisté. 

António Costa, président du Conseil européen, espérait aussi un accord à l’issue du sommet. Le président ukrainien, tout logiquement très favorable à une telle opération, a déclaré que “quiconque retarde la décision sur l’utilisation complète des avoirs russes gelés limite non seulement notre défense, mais ralentit également les progrès de l’UE elle-même”.





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