Le cessez-le-feu et la stratégie sioniste à Gaza


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Cet article de Robert Inlakesh porte sur le cesez-le-feu théoriquement en vigueur à Gaza. Selon l’auteur qui appuie son analyse sur des faits confirmés, le cessez-le-feu ne signifie pas pour le régime sioniste l’abandon de la volonté de réduire la résistance palestinienne et de nettoyer ethniquement ce territoire. Les ruptures sporadiques et violentes du cessez-le-feu par le régime sioniste sont une des manifestations de cette volonté. Le régime sioniste pense obtenir à moindres frais grâce à l’appui de l’Oncle Sam ce qu’il n’a pu obtenir par les armes à savoir la défaite de la résistance palestinienne. Résistance qui ne se limite pas au Hamas contrairement à ce que veulent faire croire ceux qui parlent de guerre entité sioniste – Hamas.

On notera que c’est également ainsi que le régime sioniste se comporte vis-à-vis du cessez-le-feu au Liban car ici aussi, l’objectif est d’éliminer le Hezbollah comme force militaire et de s’accaparer une portion duSud Liban débarrassée de ses habitants.

Bref, quand l’entité sioniste conclut un cessez-le-feu, seule la partie adverse a l’obligation de faire taire les armes.

Mounadil al Djazaïri

*

par Robert Inlakesh

Israël, avec le soutien des États-Unis, utilise le cessez-le-feu pour faire progresser une stratégie à plus long terme à Gaza : fragmenter l’enclave, renforcer les collaborateurs parmi les Palestiniens derrière une ligne d’occupation partielle, étouffer la vie civile dans les zones administrées par le Hamas et se préparer à reprendre une offensive à grande échelle si ces objectifs ne sont pas atteints..

Pour comprendre les enjeux israélo-américains sous-jacents au prétendu «plan de paix» présenté par le président américain Donald Trump, il est essentiel d’examiner les objectifs du régime sioniste et d’évaluer comment ils peuvent être atteints. Une telle analyse permet de mieux appréhender l’avenir et d’estimer la pérennité du fragile cessez-le-feu.

Le 19 octobre, le cessez-le-feu à Gaza a semblé s’effondrer après que le régime sioniste a lancé plus de 100 frappes aériennes, larguant au moins 153 tonnes d’explosifs sur l’enclave côtière assiégée et tuant environ 44 civils. Même les médias israéliens ont rapporté que le cessez-le-feu était rompu et que les combats avaient repris, avant que la situation ne se calme le lendemain.

Pourtant, il n’a pas fallu attendre longtemps avant que des journalistes américains, palestiniens et même israéliens ne commencent à révéler la vérité. En réalité, alors que des soldats israéliens, accompagnés de colons engagés pour des travaux de démolition, violaient le cessez-le-feu en détruisant des infrastructures palestiniennes, ils ont accidentellement roulé sur un engin explosif non explosé. La cohérence des témoignages provenant de sources multiples a donné du crédit à ce récit, mais l’armée israélienne a rapidement imposé une interdiction de publication sur l’incident, avant d’admettre partiellement, plus tard, ce qui s’était réellement passé.

Dans un premier temps, les autorités israéliennes ont affirmé que deux de leurs soldats avaient été tués par des combattants palestiniens lors d’une embuscade impliquant des RPG et des armes automatiques, assurant que leurs attaques ultérieures n’étaient qu’une riposte à cet incident – incident dans lequel le Hamas a catégoriquement nié toute implication.

Cela signifiait que les Israéliens avaient, en substance, tué leurs propres soldats en violant le cessez-le-feu et en envoyant leurs forces détruire des infrastructures au sein de ce qui était de fait un champ de mines actif, puis en accusant les Palestiniens comme prétexte pour tuer davantage de civils. Jusqu’alors, les Israéliens avaient déjà commis au moins 80 violations du cessez-le-feu et tué plus de 100 personnes innocentes.

Dès le premier jour du cessez-le-feu, les Israéliens ont également adopté une stratégie consistant à externaliser les opérations de combat sur le front de Gaza auprès de trois milices supplétives liées à l’EI – chacune stationnée dans une zone différente derrière la «Ligne jaune» imposée par Israël – au lieu d’affronter directement le Hamas. Le régime sioniste a alors mis en œuvre une politique d’utilisation de ces forces supplétives pour mener des assassinats et des embuscades contre des personnalités et des membres des forces de sécurité de Gaza.

La stratégie israélienne, soutenue par les États-Unis – d’après des sources anonymes citées par Axios – consiste à utiliser les fonds de reconstruction pour bâtir des infrastructures derrière la Ligne jaune, qui représente environ 54 à 58% du territoire de Gaza. Les forces d’occupation refusent de se retirer et collaborent avec leurs alliés pour contrôler l’enclave. Parallèlement, les Israéliens cherchent à asphyxier la population civile vivant dans les zones sous l’autorité civile du Hamas, tout en lui proposant comme alternative de vivre sous occupation conjointe israélo-collaboratrice.

Cette stratégie commence déjà à s’effondrer, car nombre de familles que l’Entité sioniste cherchait à enrôler se sont rangées du côté de la résistance et ont rejeté les collaborateurs infiltrés. Parallèlement, la Résistance palestinienne continue de traquer ces escadrons de la mort collaborateurs et de les poursuivre en justice pour leurs divers crimes, notamment des actes tels que le meurtre et le détournement d’aide humanitaire.

À l’instar d’autres stratégies similaires proposées par le régime israélien et approuvées par ses fidèles soutiens américains, celle-ci a de fortes chances d’échouer sous la pression et n’a aucun sens logique compte tenu des réalités sur le terrain et du fait que les alliés sionistes ne bénéficient d’aucun soutien populaire.

Alors, que nous réserve l’alliance américano-israélienne ? C’est assez simple : elle cherche à atteindre certains de ses objectifs sous couvert d’un cessez-le-feu, qu’elle ne respecte que partiellement en autorisant l’acheminement d’une aide humanitaire limitée et en faisant moins de victimes qu’avant le prétendu «accord de paix».

De même, au Sud-Liban, les Israéliens ont élaboré un plan après l’instauration du cessez-le-feu afin de s’emparer d’un territoire plus vaste que celui conquis pendant la guerre, tout en commettant quotidiennement des violations du cessez-le-feu, soigneusement calibrées pour éviter une reprise des hostilités.

S’ils ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs par des mesures militaires limitées et des manœuvres agressives déguisées en diplomatie, ils auront recours à la force à grande échelle, car la «paix» n’est pas une option pour eux.

Pour comprendre cette ligne de pensée, il faut d’abord conclure que les Israéliens ont poursuivi leur politique jusqu’à présent comme un moyen de faire s’effondrer la résistance régionale contre eux, en éliminant chaque menace qui pesait sur leur domination.

Pour le régime sioniste, il existe un impératif perçu de produire une «réponse à la question de Gaza», une formulation qui, à ses yeux, équivaut à l’élimination de la population de Gaza : une campagne de nettoyage ethnique et un génocide accompagnés de la destruction de l’ensemble des infrastructures du territoire. Il ne s’agit pas seulement de l’objectif des dirigeants israéliens, mais d’un projet impliquant la société israélienne dans son ensemble, un projet national d’élimination.

Le 7 octobre 2023 a porté un coup dur au projet sioniste, brisant l’illusion de sa supériorité militaire et ébranlant profondément son idéologie. Depuis lors, le sionisme s’emploie à donner une leçon à ses adversaires et à anéantir la capacité des acteurs régionaux à lui résister. Gaza est un avertissement : osez nous défier, et nous vous pulvériserons.

Dans une certaine mesure, cette stratégie a jusqu’à présent réussi à dissuader toute population arabe de se soulever. Immédiatement après le 7 octobre, les Jordaniens et les Égyptiens, par exemple, ont commencé à participer à des manifestations de masse, ont tenté de franchir la frontière et se sont affrontés aux forces de leurs régimes. Cependant, les scènes quotidiennes de dévastation à Gaza, ainsi que la propagande orchestrée par les régimes arabes, ont anéanti leur fierté, leur détermination et leur volonté de poursuivre la résistance, du moins pour l’instant.

La résistance régionale est cependant restée inébranlable, raison pour laquelle l’alliance américano-israélienne cherche désormais à la détruire, ou du moins à l’affaiblir tellement qu’elle ne constitue plus une menace significative.

Si les Israéliens subissent une nouvelle défaite militaire du type de celle du 7 octobre, avec notamment la percée de leurs lignes de défense, cela constituera un coup décisif, voire mortel, porté au projet, et le régime sioniste en est parfaitement conscient.

Les événements du 7 octobre ont transformé le régime [sioniste] de manière irrévocable et déclenché une série de changements inéluctables. Les hauts dirigeants sionistes perçoivent désormais la situation actuelle en termes binaires : soit la renaissance d’Israël, soit son déclin progressif. Si la première option est réalisée, le régime s’assurera un contrôle de facto sur la région et pourra occulter ses problèmes de sécurité ; s’il échoue à éliminer Gaza, à briser la résistance libanaise et à affaiblir suffisamment l’Iran, il sera au risque d’une défaite cuisante.

Dans l’optique du régime sioniste, le moment est propice pour exterminer toute résistance, anéantir Gaza et imposer une domination incontestée sur la région. Bien qu’il n’ait pas encore atteint ces objectifs, il perçoit tout échec à obtenir une défaite totale comme une menace existentielle. Par conséquent, si Israël ne parvient pas, durant le cessez-le-feu, à ses fins, il est probable qu’il poursuive ces objectifs par une reprise des hostilités, le Liban et l’Iran devant être à l’avenir les principaux fronts.

source : Al-Mayadeen via Mounadil al Djazaïri



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