
Maurice Lemoine. – Paysan d’Intibucá, 2025
© Maurice Lemoine
Monsieur Manuel Zelaya — ex-président du Honduras. Renversé le 28 juin 2009, en pleine vague rose-rouge latino-américaine, par un coup d’État. En réaction à ce golpe est né le Front national de résistance populaire (FNRP), puis le parti de gauche Liberté et refondation (Libre). Lequel, après douze ans et sept mois de « narco-dictature » — c’est le terme employé ici —, est finalement arrivé au pouvoir le 27 janvier 2022, en la personne de Mme Xiomara Castro. L’épouse de M. Zelaya !
Coordinateur national de Libre, principal « conseiller » de la présidente, celui-ci reçoit dans le bâtiment de la Casa presidencial, à Tegucigalpa. Il est bientôt 23 heures. Dans une antichambre attendent des messieurs bien mis, des militants en bras de chemise, une députée au menton volontaire, un m’as-tu-vu aux cheveux artistement travaillés — costume noir, cravate jaune, souliers vernis. Pour les aider à patienter, un fonctionnaire distribue bouteilles d’eau et tasses de café.
Calé dans un fauteuil, M. Zelaya siège au milieu d’un vaste salon. Il expédie un importun en deux minutes, consulte son téléphone portable, se fait lire un document, échange avec la députée, revient à son téléphone, pose des questions à ses collaborateurs, peste au sujet d’une vidéo qu’il conviendra de modifier. Chaleureux, le tutoiement facile, il entame l’entretien sollicité : « Libre a gagné la présidence, mais la démocratie dite libérale ne te permet pas d’avoir le pouvoir absolu. Les forces réactionnaires continuent à l’exercer à travers le Congrès, la Cour suprême, les banques, les transnationales, les Églises, l’entreprise privée… » Quand il évoque les « manœuvres des opposants », M. Zelaya élève la voix : « Ils vont tout tenter pour reprendre le pouvoir. Ils veulent même empêcher les élections du 30 novembre ! Mais, quel qu’en soit le prix, nous les organiserons. » Minuit pile. Comme à son habitude, celui que ses partisans ont affectueusement surnommé « Mel » va continuer à travailler, jusqu’à 1 heure du (…)
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