Un rapport sur les pesticides et la santé a été remis le 29 octobre à l’Assemblée nationale par le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan. Selon certains chercheurs, la hiérarchie du HCSP et le cabinet de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, auraient gommé ou atténué certains constats trop dérangeants.
Comme le rapporte Le Monde, quatre membres sur huit du conseil scientifique chargé de superviser le texte ont pris la plume pour dénoncer ces pressions. Leur commentaire critique évoque des “amendements imposés”, des “menaces de sanction” et même des signalements aux ressources humaines contre des chercheuses jugées trop indépendantes. Le rapport, long de 500 pages et dirigé par Clément Beaune, pointe pourtant une situation préoccupante : près d’un quart de la population française aurait bu en 2023 une eau contaminée par des pesticides, et plus de la moitié des stations fluviales signalent un risque grave pour les écosystèmes.
Le Monde souligne que le document final recommande l’application stricte du principe de précaution et une refonte du système d’évaluation des risques pour mieux intégrer les effets dits “cocktail”. En somme, ce que les chercheurs voulaient dire haut et fort a été redit plus bas, en plus doux. Le cabinet ministériel, lui, dément toute intervention, évoquant un simple “processus de relecture administrative”.
Peut-on encore prétendre protéger la santé publique quand les notions scientifiques doivent d’abord passer par le filtre politique ?