Le sénateur républicain Rand Paul, président de la Commission du Sénat sur la Sécurité intérieure et les Affaires gouvernementales, a adressé une lettre datée du 30 octobre 2025 à la directrice du renseignement national (DNI), Tulsi Gabbard, réclamant la transmission de documents classifiés et non classifiés relatifs aux origines de la pandémie de Covid-19. Cette requête s’inscrit dans une enquête en cours sur les recherches à haut risque menées par des agences américaines et leurs partenaires internationaux, impliquant notamment le virologue Ralph Baric et l’Institut de virologie de Wuhan (WIV). La DNI dispose jusqu’au 13 novembre 2025 pour répondre.
Selon le communiqué de presse officiel publié par la Commission sur son site web, ces nouveaux documents révèlent que des membres de la communauté du renseignement américain (IC) étaient en contact avec le Dr Ralph Baric, expert en coronavirus et collaborateur de la chercheuse chinoise Zhengli Shi du WIV, dès 2015, bien avant l’apparition de la pandémie. Un courriel du 10 septembre 2015, émanant de la CIA et de l’ODNI (Office du directeur du renseignement national), sollicitait le Dr Baric pour discuter d’un « projet possible » sur « l’évolution du coronavirus et une possible adaptation humaine naturelle ». Moins de deux mois plus tard, Baric et Shi publiaient un article dans *Nature Medicine* intitulé « A SARS-like cluster of circulating bat coronaviruses shows potential for human emergence », financé par le programme USAID PREDICT et des subventions du NIH (Instituts nationaux de la santé), et largement reconnu comme impliquant des recherches de gain de fonction.
La lettre de Rand Paul détaille huit demandes précises, couvrant la période de janvier 2012 à octobre 2025. Parmi elles : tous les courriels et pièces jointes impliquant des employés ou contractants de l’ODNI avec des figures clés comme Anthony Fauci, Francis Collins, Peter Daszak (ex-président d’EcoHealth Alliance), Jeremy Farrar, ainsi que des références au WIV, à l’Académie des sciences médicales militaires chinoise (AMMS), au programme DEFUSE d’EcoHealth Alliance soumis à la DARPA en 2018, ou encore aux laboratoires biologiques financés par les États-Unis, domestiques ou étrangers. Ce programme DEFUSE proposait d’insérer un site de clivage furine dans un coronavirus, caractéristique strikingly similaire à celle du SARS-CoV-2. Bien que rejeté par la DARPA, le concept persistait, et la pandémie émergea à Wuhan en 2020, ville mentionnée dans la proposition.
En janvier 2020, alors que le virus se propageait, le Dr Baric fut convoqué par le Groupe d’experts en sciences biologiques (BSEG) de l’ODNI pour une présentation. Le 29 janvier, il envoya une diapositive intitulée « Origins » évoquant la possibilité d’une fuite accidentelle du WIV – une hypothèse publiquement qualifiée de « théorie du complot » par le cercle de Fauci. La lettre accuse les agences de renseignement de « bloquer » les enquêtes et exige la ségrégation des documents classifiés pour transmission au Bureau de la sécurité du Sénat.
Réactions sur X
Le sénateur Paul a annoncé cette initiative via une série de publications sur X, générant des milliers d’interactions.
🚨 I’ve sent a letter to ODNI after uncovering new records showing U.S. intel was in contact with coronavirus researcher Ralph Baric as early as 2015. pic.twitter.com/GxuQ5ZDPt8
— Senator Rand Paul (@SenRandPaul) October 30, 2025
Le 6 novembre 2025, Nicholas Wade, ex-rédacteur scientifique du New York Times réagissait : « La demande de Paul que les agences de renseignement remettent toutes les informations sur leurs dealings avec Baric sera d’une grande signification si elle aboutit, car elle pourrait aider à évaluer le degré de complicité du gouvernement américain dans la catastrophe Covid. » Ce qui appelait une réponse quasi immédiate de Rand Paul : « Je suis déterminé à aller au fond du cover-up Covid pour savoir comment les virologues – y compris le Dr Fauci – et la communauté du renseignement ont conspiré pour empêcher les Américains de connaître la vérité sur les origines du Covid. »
Les réactions sur X sont vives. Des utilisateurs comme @LouisaClary saluent l’effort : « Je suis vraiment reconnaissante pour votre travail continu sur cela. » D’autres, comme @cath2060, expriment de la frustration : « Quand est-ce que ça prend vraiment de l’ampleur ? » Des comptes comme @ban_epp_gofroc soulignent l’urgence : « Le temps presse. Il reste un an avant les midterms. (élections de mi mandat) ». Des critiques émergent aussi, comme @TrifasterND : « Vous, les élus, n’avez vraiment aucune idée de ce qui se passe dans le gouvernement. » Globalement, les posts de Paul cumulent plusieurs dizaines de milliers de likes et génèrent un débat sur la transparence et la responsabilité.
Conséquences potentielles pour la France et l’UE
Aucune source officielle française, européenne ou de l’OMS ne lie directement cette requête de Rand Paul à des implications immédiates pour la France. Cependant, dans le contexte plus large des enquêtes sur les origines du Covid-19, l’Union européenne – dont la France est membre – a appelé à une enquête indépendante sur les origines de la pandémie, comme noté dans un rapport de l’Institut d’études de sécurité de l’UE de 2020 soulignant l’activité militaire chinoise accrue et les besoins en enquête. Des changements dans le financement américain des recherches de gain de fonction pourraient indirectement affecter les collaborations internationales impliquant des laboratoires européens, y compris en France, via des programmes comme ceux de l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales). Un rapport de la Commission européenne de 2022 sur l’après-Covid évoque des défis économiques et sociaux partagés, potentiellement amplifiés par de nouvelles restrictions sur les financements bilatéraux. Aucune mesure concrète n’est toutefois mentionnée à ce stade.
En France, bien que des commissions d’enquête parlementaires aient été mises en place par le passé pour évaluer la gestion de la crise sanitaire (comme celle du Sénat sur les politiques publiques face aux pandémies), aucune nouvelle commission spécifique dédiée aux origines du Covid-19 n’a été officiellement créée en 2025, malgré des appels publics en ce sens en avril 2025. Les débats médiatiques persistent, avec des documentaires diffusés sur France 5 et d’autres chaînes explorant les origines, mais l’information tend globalement à s’aligner sur le narratif officiel favorisant une origine zoonotique, comme indiqué dans le rapport du Groupe consultatif scientifique de l’OMS (SAGO) de juin 2025. Des enquêtes judiciaires sur la gestion de la crise, terminées fin 2024 sans suites pénales, et des rapports comme celui de l’Académie nationale de médecine en avril 2025, soulignent un cadre où les contraintes réglementaires et les tentatives de contrôle de l’information – via des vérifications factuelles et des régulations sur les discours en ligne – se sont renforcées depuis la pandémie, limitant parfois les discussions alternatives sans pour autant étouffer complètement les enquêtes indépendantes.
En Europe, la transparence prônée par la présidente de la Commission bat de l’aile ou semble ne pas s’appliquer à tous et à tous les sujets ! En effet, la commission d’enquête covid demandée par 25% des parlementaires européens a été refusée par la Conférence des Présidents, cet organe non élu contrôlé par l’EPP, le parti dominant au Parlement européen dont la présidente von der Leyen est membre. Hier la MEP allemande Christine Anderson ains que Marieke Ehlers (MEP Pays-Bas) et Charlie Weimers (MEP Suède) ont saisi la justice visant à faire annuler cette décision qui empêche les députés européens de faire leur travail en respect de leurs mandats électoraux.
Affaires à suivre, car tant du coté américain que du coté européen des élus semblent déterminés à ce que la transparence soit faite sur tous les sujets de la pandémie.