Angola, Playa Girón africain


Allocution de Fidel Castro pour le quinzième anniversaire de la victoire de Playa Girón, le 19 avril 1976

Chers compañeros,

Il y a juste quinze ans, à cette heure précise, les derniers échos de la bataille qui déjouait une des actions les plus sinistres et les plus traîtresses de l’impérialisme yankee contre un peuple d’Amérique latine ne s’étaient pas encore éteints.

Girón est passé à l’histoire comme la première défaite de cet impérialisme sur ce continent.

Il serait totalement vain de chercher le moindre principe éthique dans un système dont toutes les actions sont marquées du sceau de l’exploitation, du pillage, de la fourberie et du crime. Toute l’histoire des Etats-Unis d’Amérique par rapport aux peuples latins de ce continent, depuis qu’ils ont enlevé au Mexique plus de la moitié de son territoire jusqu’à l’organisation de leur coup d’Etat criminel et fasciste au Chili qui a abouti à l’assassinat de son président illustre, révolutionnaire et digne, Salvador Allende, en passant par l’occupation de l’isth­me de Panama, les interventions armées sordides et pirates dans de nombreux pays d’Amérique cen­trale et des Caraïbes, l’assassinat de Sandino et le débarquement en République dominicaine de l’infanterie de marine yankee pour liquider la révolution de Francisco Caamaño, toute cette histoire porte la même empreinte d’omnipotence, de fourberie, de trahison et de violence.

C’est grâce à ces menées perfides que les Etats-­Unis se sont emparés des richesses de toute l’Amérique, ont imposé à nos peuples un système d’exploitation impitoyable et ont instauré ici, avant n’importe quelle autre région du monde, les méthodes de domination néo-colonialistes.

Tout ce qui a trait à l’épisode de Girón a été fourberie, violation flagrante du droit internatio­nal, perfidie et crime. La ténébreuse CIA a dé­pensé des dizaines de millions de pesos pour recruter, entraîner et équiper des mercenaires : latifundiaires, bourgeois, vendus, criminels de guerre, toxicomanes, vulgaires délinquants et lumpens. Sa stratégie s’est doublée de plans hor­rifiants d’assassinats de dirigeants de la Révolution cubaine, en vue de quoi elle n’a pas hésité à faire appel à des chefs notoires de la mafia, à des bactéries, à des explosifs et aux méthodes cri­minelles les plus sophistiquées. Des dizaines d’agents et des milliers d’armes ont été préalable­ment introduits dans notre pays, par avion ou par bateau, à toute heure du jour et de la nuit. Leurs bases d’entraînement ont été installées dans un Etat d’Amérique centrale, et les points d’em­barquement et les aérodromes dans un autre.

Le 15 avril 1961, par une aube tranquille et sans nuages, des bombardiers yankees peints aux insignes cubains ont attaqué les bases de nos forces aériennes, constituées par quelques rares avions, vieillots et mal en point, et par seulement une demi-douzaine de pilotes. Le représentant des Etats-Unis auprès des Nations unies y déclarait avec un cynisme sans égal que ces avions faisaient partie de nos forces aériennes qui s’étaient soulevées.

Tout s’est déroulé avec le silence complice et bien souvent la collaboration de la majorité des gouvernements latino-américains, avec l’approbation et l’appui de cette OEA immonde et répugnante. Jamais dans l’histoire de notre continent, on n’avait fait preuve de tant de corruption, de cy­nisme, de lâcheté, d’immoralité et de forfaiture pour réaliser une action militaire et politique. Voilà ce que symbolise l’attaque mercenaire de la Baie des Cochons. Aujourd’hui, on connaît en dé­tail tous ces faits, y compris grâce aux révélations des auteurs et des participants directs. L’histoire de l’impérialisme s’écrit ainsi, sans que celui-ci et ses misérables complices, malgré les confessions opportunistes auxquelles ils se voient contraints, cherchent en quoi que ce soit à s’amender. Girón, Watergate, le prétendu incident du golfe du Ton­kin, les plans d’assassinats de dirigeants étran­gers, la déstabilisation des gouvernements réali­sée par la CIA, les coups d’Etats fascistes, les pratiques universelles de corruption de gouver­nants et de fonctionnaires instaurées par les grands monopoles yankees et d’autres faits de même nature, que l’opinion mondiale connaît aujourd’hui, prouvent que de telles pratiques continueront tant que l’impérialisme existera.

Les Etats-Unis ont quadrillé le monde entier d’un système de pactes militaires, de bases d’agression, de centres de corruption, de suborna­tion, de propagande subversive et d’espionnage, d’actions ouvertes ou dissimulées, de terreur et de menaces, dont l’impérialisme ne saurait se passer en vertu de sa nature rapace et exploi­teuse.

Les Etats-Unis dépensent aujourd’hui plus de 120 milliards de dollars dans ces institutions de guerre, d’agression, d’espionnage et de suborna­tion, soit le double de tous les budgets publics réunis des pays latino-américains.

L’expérience démontre toutefois que l’impérialis­me ne peut arrêter la marche victorieuse des peuples en dépit de ces ressources fabuleuses mises au service de la réaction, de la subversion et du crime. Girón, le Viet Nam, le Laos, le Cam­bodge, la Guinée-Bissau, le Mozambique, l’An­gola et d’autres exemples semblables sont des preuves irréfutables de cette vérité.

Tantôt l’impérialisme arrête le processus de libé­ration dans certains pays, comme au Chili ; tantôt il fomente des coups d’Etat ou pousse certains gouvernements à la trahison, soit pour écraser les révolutionnaires d’un pays donné, soit pour diviser les forces progressistes, comme on peut le voir au sein du mouvement nationaliste arabe. Tous ceux qui, au coeur même du mouvement révolutionnaire, trahissent les principes de l’in­ternationalisme prolétarien par vanité, par inconsistance idéologique, par ambitions person­nelles ou par simple décadence et sénilité, comme dans le cas de la clique orgueilleuse et démente qui régit les destinées de la Chine, ceux-là font impudemment le jeu de cette stratégie. Mais ces succès de l’impérialisme sont absolument passagers. Aucune politique impérialiste, aucune lâcheté, aucune trahison ne pourra arrêter la marche inexorable de l’histoire et la victoire des idées révolutionnaires.

Aucune oeuvre humaine n’est parfaite, pas plus d’ailleurs que les révolutions faites par les hommes avec leurs limitations et leurs imperfections.

La marche de l’humanité vers l’avenir doit néces­sairement passer par des expériences douloureuses, mais cet avenir appartient aux principes, à la solidarité révolutionnaire entre les peuples, au socialisme, au marxisme-léninisme et à l’in­ternationalisme.

Cette option entre le passé et le futur, entre la réaction et le progrès, entre la trahison et la loyauté aux principes, entre le capitalisme et le socialisme, entre la domination impérialiste et la libération, voilà se qui se jouait à Girón, en ce 19 avril 1961. Trois jours avant, devant les tombes des premiers martyrs de la brutale agres­sion, le peuple avait proclamé le caractère socia­liste de notre Révolution, et les hommes et les femmes de notre patrie étaient prêts à mourir pour elle. Personne ne connaissait le nombre de mercenaires ; personne ne savait combien de mari­nes et de soldats yankees viendraient à leur suite ; combien d’avions, combien de nouveaux bombar­dements il faudrait supporter. Jamais avant, le mot d’ordre de « la patrie ou la mort » n’a été aussi dramatique, aussi réel et aussi héroïque. La décision de mourir ou de vaincre, que tout un peuple faisait sienne, l’emportait sur tous les ris­ques, toutes les souffrances et tous les dangers. Aussi cette date a-t-elle été doublement histori­que, parce que c’est à partir de Girón qu’est réellement né notre parti marxiste-léniniste, c’est à partir de cette date qu’a démarré le militantisme dans notre parti, c’est à partir de cette date que le socialisme a été fondé à jamais sur le sang de nos ouvriers, de nos paysans et de nos étudiants, c’est à partir de cette date que la destinée des peuples de ce continent a changé, grâce à la liberté et à la digni­té auxquelles l’un d’entre eux accédait face à l’agression du puissant· empire qui les asservis­sait tous. A partir de Girón, quoi qu’on dise, les peuples d’Amérique ont été un peu plus libres.

Le spectacle d’un peuple courageux, héroïque et victorieux a ébranlé et bouleversé jusqu’en leurs fondements la psychologie politique, les vieux schémas et les habitudes de penser sur ce continent. Le gouvernement des Etats-Unis lui-même a été contraint d’élaborer de nouvelles politiques et de nouvelles méthodes pour freiner l’avance révolutionnaire. L’Alliance pour le Progrès a vu le jour, et maints gouvernements de ce continent, qui n’avaient jamais fait l’objet de la moin­dre considération, ont été reçus avec tous les honneurs à la Maison-Blanche, se sont vus· octroyer des prêts à long terme et des crédits ban­caires. Un bon nombre de gouvernements bourgeois d’Amérique latine ont même capitalisé le sang de ceux qui sont tombés à Girón, comme ils avaient auparavant capitalisé les agressions contre notre quota sucrier. Des mots comme réforme agraire, réforme fiscale, redistribution des revenus, plans de logements, d’éducation et de santé publique pour les peuples d’Amérique latine, des mots totalement absents du vocabu­laire de Washington, sont devenus à la mode. Pris de panique, les impérialistes, les latifundiai­res et les bourgeois ont élaboré toute une philosophie pour empêcher la révolution sociale en Amérique latine. Au Chili, ils ont inventé la « révolution dans la liberté » pour prouver qu’il était possible de faire régner la justice sociale sans le socialisme, autrement dit pour prouver que la justice peut exister sous la domination im­périaliste, le système capitaliste, la dictature de la bourgeoisie et l’exploitation de l’homme par l’homme.

L’impérialisme, après tous ces essais trompeurs, ridicules et utopiques, n’a plus d’autre choix que le fascisme. Les peuples comprennent cette vérité claire et nue. Il n’existe même plus aujourd’hui de modèle classique de « démocratie représenta­tive », comme l’ont été pendant longtemps, pour la joie des libéraux et des ignorants, l’Uruguay et le Chili. Il n’y a plus que dictature fasciste, tortures et crimes. Et qu’est-ce donc, sinon la seule antichambre possible des changements véritablement radicaux et profonds dont nos peuples ont besoin ? Après le fascisme, que reste-t-il d’autre à l’impérialisme ?

*****

Tout en fêtant ce quinzième anniversaire de la victoire héroïque et glorieuse de Girón, notre peuple a un motif supplémentaire d’orgueil, qui découle de son action internationaliste la plus belle et qui dépasse les frontières de ce continent : la victoire historique du peuple angolais auquel notre Révolution a offert sa solidarité généreuse et inconditionnelle.

Du sang africain a coulé à Girón, celui des des­cendants pleins d’abnégation d’un peuple qui a été esclave avant d’être ouvrier et qui a été ouvrier exploité avant d’être maître de sa patrie. Et du sang cubain a coulé à côté de celui des combattants héroïques d’Angola, celui des enfants de Martí, de Maceo et d’Agramonte, de ceux qui ont hérité du sang internationaliste de Gómez et de Che Guevara. Ceux qui ont réduit autrefois l’homme en esclavage et l’ont envoyé en Amérique n’auraient sans doute jamais imaginé qu’un de ces peuples qui a accueil­li les esclaves enverrait ses combattants lutter pour la liberté de l’Afrique.

La victoire de l’Angola a été la soeur jumelle de la victoire de Giron. L’Angola représente pour les impérialistes yankees un Girón africain. Nous avons dit à un moment donné que l’impérialisme avait essuyé ses grandes défaites au mois d’avril : Girón, le Viet Nam, le Cambodge, etc. Cette fois, la défaite est survenue en mars. Quand, le 27 de ce mois, les derniers soldats sud-africains repassaient la frontière de la Namibie après une re­traite de plus de sept cents kilomètres, l’Afrique noire écrivait une des plus brillantes pages de sa libération.

Ford et Kissinger enragent devant cette défaite. Et, tels deux émules de Jupiter tonnant, ils ont proféré des menaces apocalyptiques contre Cuba.

Au cours d’un meeting bassement électoraliste à Miami, Ford, anxieux d’obtenir les votes des apatrides contre-révolutionnaires cubains et de les enlever à son rival Reagan qui, pour être juste, est bien plus réactionnaire que lui, a qualifié le Premier ministre de Cuba de délinquant international en raison de l’aide apportée par notre peu­ple à l’Angola. Certains journalistes des Etats-Unis se sont même étonnés que de semblables épithè­tes puissent tomber des lèvres illustres de mon­sieur Ford. Mais il y a mieux. Pour donner sans doute une preuve de son niveau culturel, qui est déjà devenu proverbial, Ford a déclaré à une occasion que l’action de Cuba en Angola ressemblait à ce qui s’était passé en Ethiopie à l’époque de Mussolini. Et, peu après, pour ne pas en rester à cette comparaison historique originale, il l’a comparée au démembrement de la Tchécoslova­quie par Hitler au moment de Munich.

En réalité, la guerre d’Angola a été la guerre de Kissinger. Passant outre aux avis de quelques-uns de ses plus proches collaborateurs, il s’est en­têté à mener des opérations dissimulées pour liquider le MPLA, par l’intermédiaire des groupes contre-révolutionnaires FNLA et UNITA, et avec le soutien de mercenaires blancs, du Zaïre et de l’Afrique du Sud. On raconte que la CIA elle-même l’aurait averti qu’il serait impossible de garder secrètes ces opérations clandestines. Outre que le FNLA a été appuyé par la CIA dès sa fonda­tion, un fait reconnu publiquement, les Etats-­Unis ont dépensé depuis le printemps 1975 des dizaines de millions de dollars pour livrer des armes et des instructeurs aux groupes contre-­révolutionnaires et scissionnistes d’Angola. Des troupes régulières du Zaïre, poussées par les Etats-Unis, sont entrées en Angola dès l’été de cette même année, tandis que des forces militaires d’Afrique du Sud occupaient la région de Cunene au mois d’août et envoyaient des armes et des instructeurs aux bandes de l’UNITA.

A ce moment-là, il n’y avait pas un seul instructeur cubain en Angola. La première aide matérielle et les premiers instructeurs cubains sont arrivés en Angola début octobre à la demande du MPLA, alors que l’Angola était envahi par des forces étrangères. Or, aucune unité militaire cubaine n’avait été envoyée en Angola pour participer di­rectement à la lutte et il n’était pas prévu de le faire.

Le 23 octobre, également sous la pression des Etats-Unis, des troupes régulières de l’armée sud-africaine, soutenues par des tanks et par l’artil­lerie, ont envahi le territoire angolais à partir des frontières namibiennes et ont profondément pé­nétré dans le pays, à raison de soixante à soixante-dix kilomètres par jour. Le 3 novembre, elles s’étaient enfoncées à plus de 500 kilomètres en Angola, se heurtant aux environs de Benguela à la première résistance, offerte par le personnel d’une école de recrues angolaises récemment organisée et par leurs instructeurs cubains, qui ne possédaient pratiquement aucun moyen d’arrê­ter l’attaque des chars, de l’infanterie et de l’artillerie sud-africaine.

Le 5 novembre 1975, à la demande du MPLA, la direction de notre Parti a décidé d’envoyer de toute urgence un bataillon de troupes réguliè­res dotées d’armes antitanks pour appuyer la résistance des patriotes angolais à l’invasion des racistes sud-africains. Voilà quel­le a été la première unité de troupes cubaines à être envoyée en Angola. Quand elle est arrivée, les interventionnistes étrangers se trouvaient, au nord, à 25 kilomètres de Luanda, leurs canons de 140 mm bombardaient les environs de la capi­tale, les fascistes sud-africains avaient pénétré par le Sud, depuis les frontières namibiennes, à plus de 700 kilomètres, tandis que les combat­tants du MPLA et une poignée d’instructeurs cubains défendaient héroïquement Cabinda.

Je n’ai pas l’intention de relater les événements de la guerre d’Angola, tout le monde connaissant à grands traits son déroulement ultérieur, mais de souligner pour quelle raison, sous quelle for­me et dans quelles circonstances a commencé no­tre aide. Ces faits sont rigoureusement historiques.

L’ennemi a mentionné le nombre de Cubains pré­sents en Angola. Qu’il suffise de dire qu’une fois la lutte commencée, nous avons envoyé les hom­mes et les armes indispensables pour la mener à bien. En honneur à notre peuple, nous devons dire que des centaines de milliers de combattants de nos troupes réguliè­res et de notre réserve étaient disposés à lutter aux côtés de leurs frères angolais.

Nos pertes ont été minimes. Bien que la guerre se soit déroulée sur quatre fronts et que nos combattants aient participé aux côtés des héroïques soldats du MPLA à la libération dé presque un million de kilomètres carrés occupés antérieurement par les interventionnis­tes et leurs sbires, moins de soldats cubains sont morts au cours des actions en Angola, qui ont duré plus de quatre mois, que durant les trois journées de combat à Girón.

Cuba a pris cette décision sous son entière res­ponsabilité. L’URSS, qui a toujours soutenu les peuples des colonies portugaises dans leur lutte pour l’indépendance, offert à l’Angola agressé une aide fondamentale en matériel militaire et parti­cipé à nos efforts quand l’impérialisme nous avait pratiquement coupé toutes les voies d’accès aériennes à l’Afrique, l’URSS, donc, n’a jamais demandé l’envoi d’un seul soldat cubain à ce pays. L’URSS fait preuve d’un respect et d’un tact extraordinaires dans ses relations avec Cuba. Seul notre Parti pouvait prendre une décision de cette nature.

Ford et Kissinger mentent au peuple étasunien et à l’opinion mondiale en prétendant rejeter sur l’Union soviétique la responsabilité des actions solidaires de Cuba en Angola.

Ford et Kissinger mentent en s’entêtant à vou­loir faire retomber la responsabilité de la défaite des interventionnistes en Angola sur le Congrès des Etats-Unis, pour avoir bloqué l’octroi de nouveaux fonds aux bandes contre-révolutionnaires du FNLA et de l’UNITA. Le Congrès a adopté ces mesures les 16, 18 et 19 décembre. A cette date, la CIA avait déjà envoyé des armes en abondance, les troupes du Zaïre avaient été repoussées à Luanda, Cabinda avait été sauvée, les Sud-Afri­cains piétinaient sur les rives du fleuve Queve, en proie à la démoralisation, et aucun envoi d’ar­mes de la CIA n’aurait pu dévier le cours inexo­rable des événements. Elles seraient aujourd’hui entre les mains des forces révolutionnaires, com­me tant d’autres qui ont été fournies antérieu­rement.

Ford et Kissinger mentent au peuple des Etats­-Unis et, en particulier, à la population noire de ce pays, en occultant le fait que les troupes fas­cistes et racistes de l’Afrique du Sud ont criminellement envahi le territoire angolais bien avant que Cuba n’y ait envoyé d’unité régulière de soldats.

Il y a encore quelques autres mensonges profé­rés par Ford et Kissinger au sujet de l’Angola, mais ce n’est pas le moment de les analyser.

Ford et Kissinger savent pertinemment que tout ce que je dis est vrai. Je ne prononcerai pas, en raison de la solennité de cette réunion, le quali­ficatif que méritent les épithètes insolentes de Ford à l’occasion de ses campagnes politicardes dans le Sud des Etats-Unis et d’autres faits tout aussi cyniques de sa politique impériale. Je me contenterai de dire pour le moment que c’est un vulgaire menteur.

Il ne fait pas de doute qu’il s’est passé en Angola quelque chose de ressemblant à l’affaire d’Ethiopie, mais à l’envers. Dans le cas qui nous occupe, les impérialistes, les racistes, les agresseurs sym­bolisés par la CIA, les troupes sud-africaines et les mercenaires blancs n’ont pas remporté la vic­toire ni occupé le pays ; la victoire, ce sont les agressés, les révolutionnaires, le peuple noir et héroïque de l’Angola qui l’ont remportée.

Il s’est passé en Angola ce qui s’est passé en Tchécoslovaquie au moment de Munich, mais également à l’envers : le peuple agressé a béné­ficié de la solidarité du mouvement révolution­naire, et les impérialistes et les racistes n’ont pu démembrer le pays, ni se partager ses richesses, ni assassiner ses meilleurs enfants. L’Angola est uni, entier, et c’est aujourd’hui un bastion de la liberté et de la dignité en Afrique. La croix gam­mée des racistes sud-africains n’ondoie pas sur le palais de Luanda.

Qu’il étudie un peu d’histoire non falsifiée et qu’il tire les conclusions correctes de ses leçons, voilà ce que nous conseillons à monsieur Ford.

Après la défaite impérialiste en Angola, c’est à peine si le sieur Kissinger a assez de temps pour courir d’un endroit à l’autre afin de fomenter la crainte de la Révolution cubaine. Il vient à peine de terminer une visite dans une bonne demi-­douzaine de pays latino-américains qu’il annonce déjà une nouvelle tournée dans de nombreux pays d’Afrique, un continent qu’il daignait à pei­ne regarder avant son Girón africain.

Aucun pays d’Amérique latine, quel que soit son régime social, n’a rien à craindre des forces armées de Cuba. Nous croyons fermement que chaque peuple doit être libre de construire son propre avenir ; que chaque peuple, et seulement le peuple de chaque pays, doit faire et fera sa révolution. Le gouvernement de Cuba n’a jamais pensé amener la révolution dans un pays de ce continent avec les armes de ses unités militai­res. Une telle idée serait absurde et ridicule. Ce n’est pas Cuba qui a enlevé au Mexique la plus grande partie de son territoire, ni débarqué 40 000 marines pour écraser la révolution en République dominicaine, ni occupe un morceau de territoire panaméen, ni opprime un pays latin à Porto Rico, ni projette d’assassiner les dirigeants étrangers, ni exploite les richesses et les ressources naturelles d’un peuple quelconque de ce continent.

Aucun pays de l’Afrique noire n’a rien à craindre du personnel militaire cubain. Nous sommes un peuple latino-africain, ennemi du colonialisme, du néo-colonialisme, du racisme et de l’apartheid, que l’impérialisme yankee protège et· couvre.

Le bruit court que Kissinger veut rencontrer en Afrique les représentants des mouvements de libération de ce continent. Tout est possible en effet en Afrique noire, après le Girón angolais ! Mais quelle espèce de paro­les hypocrites, cyniques et pharisaïques Kissin­ger peut-il bien adresser aux mouvements de li­bération africains, aux représentants des peuples opprimés de Rhodésie, de Namibie et d’Afrique du Sud, lui, le représentant .de l’empire qui a appuyé sans aucun scrupule le colonialisme por­tugais et qui, aujourd’hui, protège, couvre et soutient économiquement et politiquement les racistes sud-africains et rhodésiens, violant im­pudemment les accords et les résolutions des Nations unies ?

Ford et Kissinger sont des adeptes impénitents du chantage et de la menace comme instrument de politique extérieure. Il n’est pas si éloigné le temps où ils menaçaient militairement les pays pétroliers. Ils utilisent actuellement le même lan­gage cynique et impudent contre Cuba. Ce ne sont pas les premiers dirigeants yankees à recourir inutilement à ces pratiques d’intimidation contre notre patrie. Eisenhower, Kennedy, John­son et Nixon ont, à tour de rôle, essayé d’intimi­der Cuba. A tour de rôle, sans exception, ils ont sous-estimé la Révolution cubaine et, à tour de rôle, ils se sont trompés. On ne peut intimider Cuba avec des menaces belli­queuses. Une guerre contre Cuba, on sait quand et comment elle peut commencer – quatre dé­ments peuvent la décider – mais ce qu’on ne sait pas, c’est quand et comment elle peut pren­dre fin.

Seuls les peuples sans dignité peuvent se laisser intimider. Nous avons vécu la crise d’Octobre 1962, et des dizaines d’armes atomiques pointées contre Cuba n’ont pas fait reculer notre patrie, même pas les enfants. Le peuple cubain peut répondre aux menaces de Kissinger en citant ces vers classiques d’un poète espagnol :

Et si je péris

qu’est-ce que la vie ?

Je l’ai donnée

pour perdue

quand j’ai secoué

comme un vaillant

le joug

de l’esclave.

Les impérialistes yankees possèdent des cen­taines de milliers de soldats à l’étranger ; ils pos­sèdent des bases militaires sur tous les conti­nents et sur toutes les mers. On compte par dizaines et par centaines leurs installations militaires en Corée, au Japon, aux Philippines, en Turquie, en Europe de l’Ouest, à Panama et en bien d’autres endroits. Ils occupent de force un morceau de notre territoire, à Cuba même.

De quel droit moral et légal protestent-ils parce que Cuba envoie des instructeurs et une aide pour préparer techniquement les armées dans des pays d’Afrique et d’autres parties du monde sous-développé qui en font la demande ?

De quel droit critiquent-ils l’aide solidaire que nous offrons à un peuple frère d’Afrique criminellement agressé, comme l’Angola ?

Ça les fait enrager, les impérialistes, que Cuba, le pays agressé et bloqué, le pays qu’ils ont vou­lu détruire voilà quinze ans moyennant une in­vasion mercenaire, soit aujourd’hui un bastion solide et inexpugnable du mouvement révolution­naire mondial dont l’exemple de courage, de di­gnité et de fermeté stimule les peuples qui luttent pour leur libération.

Par ailleurs, notre action révolutionnaire ne mé­connaît pas le rapport des forces mondial ni les intérêts de la paix internationale. Nous ne som­mes pas des ennemis de la détente et de la coexistence pacifique entre Etats à systèmes sociaux différents, si elles sont basées sur le respect ab­solu des normes du droit international. Nous serions même prêts à établir des relations nor­males avec les Etats-Unis sur la base du respect mutuel et de l’égalité souveraine, sans renoncer à un seul de nos principes et sans cesser de lutter pour que les normes de la coexistence pacifique et le respect des droits de chaque nation soient appliqués à l’échelle internationale à tous les pays du monde, sans exclusion.

Les Etats-Unis occupent à Guantánamo une par­tie de notre territoire ; les Etats-Unis maintien­nent depuis plus de quinze ans un blocus crimi­nel contre notre patrie. Cuba ne se courbera jamais devant cette politique impérialiste d’hos­tilité et de force et luttera contre elle inlassable­ment. Nous avons dit qu’il ne saurait exister de relations tant qu’il y aura un blocus. Personne ne peut négocier avec un couteau sous la gorge. Qu’importe si nous restons encore vingt ans sans relations avec les Etats-­Unis ! Nous avons appris à nous en passer et, en nous appuyant sur notre amitié solide et indestructible avec l’URSS, nous avons plus progressé du­rant ces dernières années que n’importe quel autre pays d’Amérique latine. A supposer que le commerce avec les Etats-Unis puisse impliquer quelques avantages et un rythme un petit peu plus rapide de développement, nous préférons marcher plus lentement, mais le front haut et les drapeaux de la dignité claquant à tous vents. Nous n’échange­rons pas notre droit d’aînesse révolutionnaire, celui d’être la première révolution socialiste dans le continent américain, pour un plat de lentilles. A l’instar des chrétiens, nous pouvons dire que l’homme ne vit pas seulement de pain.

Il y a quelques jours, en coïncidence avec les menaces yankees de Ford et de Kissinger, des bateaux pirates dont les équipages – tout le mon­de le sait – résident aux Etats-Unis, ont attaqué deux bateaux de pêche cubains. Un modeste tra­vailleur de la mer a été, une fois encore, sauvagement assassiné. Cette action constitue une vio­lation flagrante du Mémorandum d’accord sur la piraterie aérienne entre Cuba et les Etats-Unis. Si de telles actions continuent et si leurs auteurs ne sont pas punis de façon exemplaire, nous donnerons cet accord pour terminé. Que le gouvernement des Etats-­Unis ne vienne pas alléguer ensuite qu’il n’a pas été averti à temps des conséquences de ses actes irresponsables.

Bien du temps s’est écoulé depuis Girón. Nos Forces armées révolutionnaires possèdent actuellement un potentiel incomparablement supé­rieur. Nos soldats, nos sous-officiers et nos officiers ont acquis une préparation bien supérieure. Plus d’un demi-million d’hommes forment la réserve de nos unités militaires. Le matériel le plus moderne, fourni par l’Union soviétique, renouvelle et perfectionne sans cesse nos moyens de combat. Le pays est beaucoup plus fort dans tous les domaines. No­tre Parti, virtuellement né, comme je l’ai dit, au moment de Girón, est aujourd’hui une organi­sation d’avant-garde formidable et aguerrie. Le peuple et l’Etat s’organisent sur des bases tou­jours plus vastes et plus solides. Qui tente de s’emparer de Cuba, comme l’a dit Maceo, n’em­portera que la poussière de son sol baigné de sang, s’il ne périt dans la lutte !

Inclinons nos fronts, en signe de respect et de gratitude éternelle, devant les héros qui ont ren­du possible, grâce à la victoire d’il y a quinze ans, la patrie digne, courageuse et indestructible d’aujourd’hui.

Patria 0 Muerte !

Venceremos !


Pour le trentième anniversaire de la Mission militaire cubaine en Angola et le quarante-neuvième anniversaire du débarquement du Granma, Jour des Forces armées révolutionnaires de Cuba, le 2 décembre 2005

Chers invités ;

Combattants internationalistes ;

Compañeras et compañeros,

Nous commémorons aujourd’hui le quarante-neuvième anniversaire de l’arrivée aux côtes cubaines du yacht Granma. Autrement dit, l’Armée rebelle et les Forces armées révolutionnaires entament leur cinquantième année de vie.

 Après ce débarquement, on le sait, la lutte a vite gagné, malgré les revers initiaux, chaque coin des nos campagnes et de nos villes. Plus une minute de trêve jusqu’à l’impressionnante victoire populaire du 1er janvier 1959 dans cette lutte à mort contre les oppresseurs qui torturèrent et assassinèrent des dizaines de milliers de Cubains et pillèrent jusqu’aux dernières réserves monétaires du pays.

Mais cette victoire grandiose n’a pas représenté, tant s’en faut, la fin des combats armés.

La perfidie impérialiste, exacerbée par chaque mesure de bénéfice populaire ou de consolidation de l’indépendance nationale, nous contraignit vite à ne pas remiser nos sacs à dos et nos rangers ; de nombreuses compatriotes durent continuer de donner leur vie pour défendre la Révolution, tant à Cuba que sur d’autres terres du monde, remplissant des devoirs sacrés.

Ainsi, juste dix-neuf ans après le débarquement du Granma, en novembre 1975, un petit groupe de Cubains livraient en Angola les premiers combats d’une bataille qui devait durer de longues années.

On ne connaît pas assez l’histoire du pillage et de la mise à sac impérialistes et néo-coloniaux de l’Europe en Afrique, soutenus à fond par les Etats-Unis et l’OTAN, pas plus qu’on ne connaît assez celle de la solidarité héroïque de Cuba envers des peuples frères, ne serait-ce que comme reconnaissance minime aux centaines de milliers d’hommes et de femmes qui ont écrit cette page glorieuse qu’il ne faudra jamais oublier pour édifier les générations actuelles et futures. Voilà pourquoi il faut continuer de la divulguer.

Ces jours-ci, la télévision et la presse ont fréquemment abordé cette question, et des cérémonies de reconnaissance aux combattants internationalistes se sont tenues dans toutes les provinces du pays.

Je me suis donc borné, parce que le travail révolutionnaire presse, à réfléchir brièvement sur quelques moments essentiels de cette glorieuse page de notre histoire révolutionnaire.

Dès 1961, alors que le peuple algérien livrait une lutte d’indépendance étonnante, un bateau cubain amena des armes à ces patriotes héroïques et ramena de retour une centaine d’enfants orphelins et de blessés de guerre. Deux ans plus tard, l’indépendance déjà acquise de l’Algérie fut menacée par une agression extérieure qui privait ce pays saigné à blanc d’importantes ressources naturelles. C’est alors que, pour la première fois, des troupes cubaines traversèrent l’océan et, sans demander la permission à qui que ce soit, répondirent à l’appel de ce peuple frère.

C’est aussi à cette époque, alors que l’impérialisme nous avait privés de la moitié de nos médecins pour ne nous en laisser que trois mille, que plusieurs dizaines de médecins cubains furent envoyés au peuple algérien.

Voilà comment a débuté, voilà quarante-quatre ans, ce qui constitue aujourd’hui la coopération médicale à des peuples du tiers monde la plus extraordinaire que l’Humanité ait connue à ce jour.

C’est aussi dans ce contexte que nous avons, à compter de 1965, entamé notre coopération avec la lutte d’indépendance en Angola et en Guinée-Bissau qui consistait essentiellement en la préparation de cadres, en envoi d’instructeurs et en aide matérielle.

La « Révolution des œillets » déclenchée au Portugal, un pays affaibli par la ruine économique et par l’usure de la guerre, marqua le début de la désintégration de son empire colonial.

La Guinée-Bissau acquit son indépendance en septembre 1974. Une soixantaine d’internationalistes cubains, dont une dizaine de médecins, étaient restés aux côtés des guérilleros pendant dix ans, depuis 1964. Le Mozambique, lui, acquit la sienne, au terme d’une rude lutte de son peuple sous la conduite du FRELIMO et de son dirigeant, Samora Machel, un frère et compagnon inoubliable, à la mi-1975 ; puis ce fut le tour, en juillet de la même année, du Cap-Vert et de Sao Tomé.

Mais la situation allait être très différente en Angola, la plus étendue et la plus riche des colonies portugaises. L’administration étasunienne mit en branle un plan secret en vue de liquider les intérêts légitimes du peuple angolais et d’instaurer un gouvernement fantoche. L’axe de ce plan était l’alliance avec l’Afrique du Sud avec laquelle elle se chargea d’entraîner et d’équiper les organisations créées par le colonialisme portugais, et ce en vue d’empêcher l’indépendance de l’Angola et de le transformer pratiquement en un condominium de Mobutu, un dirigeant corrompu, et du fascisme sud-africain dont elle n’hésita pas à utiliser les troupes pour envahir le pays.

Des dictateurs, des terroristes, des voleurs et des racistes avérés ne cessèrent d’être inclus, sans la moindre pudeur, dans les rangs du « monde libre », au point que le président Ronald Reagan les baptiserait – comble du cynisme – « combattants de la liberté ».

À la mi-octobre 1975, alors que l’armée du Zaïre et des forces mercenaires constamment fournies en armes lourdes et en instructeurs militaires sud-africains s’apprêtaient à lancer de nouvelles attaques au nord de l’Angola et se trouvaient déjà à proximité de Luanda, le plus gros danger provenait toutefois du sud. En effet, des colonnes de blindés sud-africaines avaient franchi la frontière sud et s’enfonçaient rapidement dans l’intérieur du territoire en vue de faire leur jonction avec les troupes mercenaires de Mobutu et d’occuper Luanda avant la proclamation de l’indépendance de l’Angola, prévue le 11 novembre.

Cuba ne comptait alors en Angola que quatre cent quatre-vingts instructeurs militaires, arrivés quelques semaines avant à la demande du président du MPLA, Agostinho Neto, le prestigieux dirigeant qui avait organisé et dirigé la lutte de son peuple depuis de nombreuses années, et qui pouvait compter sur le soutien de tous les peuples africains et sur la reconnaissance du reste du monde : il nous avait demandé tout simplement notre collaboration pour entraîner les bataillons appeler à former l’ossature de l’armée du nouvel Etat indépendant. Nos instructeurs ne possédaient que des armes légères.

Et c’est un petit groupe d’entre eux qui, aux côtés de leurs recrues du Centre d’instruction révolutionnaire de Benguela, fit face vaillamment, dans les premiers jours de novembre, à l’armée raciste. Quand les Sud-Africains lancèrent une attaque surprise, des dizaines de jeunes patriotes angolais périrent dans ce combat inégal, tandis que huit instructeurs cubains moururent et que sept furent blessés.

De leur côté, les Sud-Africains perdirent six chars et d’autres moyens, mais ils ne révélèrent jamais les lourdes pertes qu’ils essuyèrent.

C’est donc là, dans ce coin éloigné de la géographie africaine, que des Cubains et des Angolais versèrent pour la première fois leur sang appelé à fertiliser la liberté de cette malheureuse terre.

Dès lors, Cuba, en coordination avec le président Neto, décida d’expédier des troupes spéciales du ministère de l’Intérieur et des unités régulières des FAR totalement prêtes au combat, qui furent transportés en Angola par air et par mer pour repousser l’agression du régime de l’apartheid.

Nous avons relevé le défi sans la moindre hésitation. Nous ne pouvions abandonner à leur sort nos instructeurs, ni les combattants angolais, ni permettre la liquidation de l’indépendance de cette patrie pour laquelle ils avaient mené depuis vingt ans une lutte héroïque. C’est ainsi que des troupes cubaines héritières de la glorieuse Armée rebelle entrèrent en combat, à dix mille kilomètres de distance, contre les armées de l’Afrique du Sud, la plus grande puissance de ce continent et la plus riche, et du Zaïre, le fantoche le plus riche et le mieux armé de l’Europe et des Etats-Unis.

Débutait ainsi ce qui fut appelé en code l’Opération Carlota, autrement dit la campagne militaire internationaliste de notre pays la plus juste, la plus prolongée, la plus massive et la plus réussie.

L’Empire ne put atteindre son objectif : démembrer l’Angola et escamoter son indépendance. La lutte longue et héroïque des peuples angolais et cubain l’en empêcha.

Les documents officiels déclassifiés ces dernières années nous permettent de savoir bien mieux comment pensaient et agissaient alors les autorités de Washington.

Ni le président des Etats-Unis, ni son puissant secrétaire d’État, Henry Kissinger, ni leurs services de renseignement n’avaient jamais imaginé une seconde cette participation de Cuba. Aucun pays du tiers monde n’avait encore agi pour soutenir un autre peuple dans un conflit militaire si loin de chez lui.

Fin novembre, l’ennemi avait été freiné au Nord et au Sud. Des unités complètes de chars, une artillerie terrestre et antiaérienne abondante, des unités d’infanterie blindée jusqu’au niveau de la brigade, transportées par notre marine marchande, s’accumulaient rapidement en Angola, où trente-six mille soldats cubains lancèrent une offensive fulminante. Attaquant l’ennemi principale par le sud, ils firent reculer l’armée raciste sud-africaine de plus de mille kilomètres jusqu’à son point de départ, autrement dit la frontière entre l’Angola et la Namibie, l’enclave coloniale des racistes. Le dernier soldat sud-africain abandonna l’Angola le 27 mars 1976. Dans la direction Nord, les troupes régulières de Mobutu et les mercenaires furent expulsés de l’autre côté de la frontière avec le Zaïre en quelques semaines.

À vrai dire, Cuba était partisan d’exiger que l’Afrique du Sud paie son aventure au prix fort : l’application de la résolution 435 des Nations Unies et l’indépendance de la Namibie.

De son côté, le gouvernement soviétique, inquiet des éventuelles réactions des USA, exerçait de fortes pressions sur nous pour que nous nous retirions au plus vite.

Bien que nous ayons présenté de fortes objections, nous n’avons plus eu d’autre solution que d’accepter, mais en partie seulement, les demandes des Soviétiques. Ceux-ci, quoique nous ne les ayons pas consultés au sujet de notre décision de dépêcher des troupes en République populaire d’Angola, avaient fini par nous livrer des armes destinées à l’armée angolaise en création et avaient répondu favorablement à différentes demandes de ressources de notre part tout au long de la guerre. Il n’y aurait eu aucune perspective possible pour l’Angola après la victoire sans le soutien politique et logistique de l’URSS.

Devant la situation délicate surgie en avril 1976, le compañero Raúl, ministre des Forces armées, s’est rendu en Angola pour analyser avec le président Neto la nécessité inévitable du retrait graduel des troupes cubaines, qui se montaient alors à trente-six mille hommes, dans un délai de trois ans, un délai que Cuba et l’Angola jugeaient suffisant pour constituer une armée solide.

En attendant, nous conserverions de fortes unités de combats sur le plateau central, à deux cent cinquante kilomètres environ de la frontière namibienne.

Neto comprit parfaitement nos arguments et accepta noblement le calendrier de retrait des forces cubaines.

Quand, moins d’un an plus tard, en mars 1977, je pus enfin me rendre en Angola et féliciter personnellement les combattants angolais et cubains de leur victoire, environ douze mille internationalistes, soit le tiers, étaient rentrés chez nous. Le chronogramme de retrait se réalisait comme prévu. Mais les Etats-Unis et l’Afrique du Sud n’étaient pas satisfaits : leur complot finit par devenir public dans les années 80, sous Reagan, quand on vit apparaître les théories de l’ « engagement constructif » et du « linkage ». L’entêtement de ces deux puissances, et ses conséquences douloureuses et dramatiques, nous obligèrent à soutenir directement le peuple angolais pendant quinze ans de plus, contrairement à ce qui avait été prévu dans le premier programme de retrait.

Rares étaient ceux qui croyaient que nous résisterions de pied ferme aux coups de boutoir des Etats-Unis et de l’Afrique du Sud pendant si longtemps.

C’est la décennie durant laquelle les peuples namibien, zimbabwéen et sud-africain intensifièrent leur lutte contre le colonialisme et l’apartheid. L’Angola devient un bastion solide de ces peuples auxquels Cuba offrit aussi tout son soutien. De son côté, le gouvernement de Pretoria agissait toujours en traître.

Kassinga, Boma, Novo Katengue et Sumbe sont des théâtres des crimes de l’apartheid contre les peuples namibien, zimbabwéen, sud-africain et angolais, ainsi que des exemples éloquents de notre solidarité combative face à l’ennemi commun.

L’attaque de la ville de Sumbe parle éloquemment de ses visées criminelles. Il n’y avait là aucun soldat cubain ni angolais, seulement des médecins, des professeurs, des bâtisseurs et d’autres coopérants civils que l’ennemi prétendit enlever, mais qui résistèrent, hommes et femmes, armés de leurs fusils de miliciens aux côtés de leurs frères angolais jusqu’à l’arrivée de renforts qui mirent en fuite les agresseurs. Sept Cubains moururent dans cet affrontement inégal.

C’est là un simple exemple – mais on pourrait en mentionner de nombreux autres – de l’esprit de sacrifice et du courage de nos internationalistes, militaires et civils, prêts à verser leur sang et à oeuvrer, chaque fois de besoin, aux côtés de leurs frères angolais, namibiens, zimbabwéens et sud-africains. De leurs frères africains, pourrait-on dire en fait, car il faudrait ajouter les Algériens, les Congolais, les Guinéens, les Cap-Verdiens et les Ethiopiens.

Ce fut un exploit extraordinaire de notre peuple, en particulier de sa jeunesse, des dizaines de milliers d’appelés et des soldats de réserve qui remplirent en volontaires leur devoir internationaliste, aux côtés des officiers et autres personnels de carrière des FAR.

Des millions de Cubains et de Cubaines assurèrent d’ici le succès de chaque mission, firent en heures supplémentaires le travail de ceux qui partaient et firent en sorte que rien ne manque aux familles des combattants ou des coopérants civils.

Les parents de nos internationalistes méritent une reconnaissance spéciale. Ils supportèrent avec un stoïcisme singulier leur absence, leur infusèrent du courage dans chaque lettre et évitèrent de mentionner des difficultés et des inquiétudes.

Les mères, les fils, les frères et les conjoints de nos frères tombés sont des exemples sublimes. Ils ont tous été sans exception à la hauteur du sacrifice suprême de leur être cher. Ils ont su transformer leur profonde douleur – celle qui bouleversa chaque coin de Cuba durant l’Opération Hommage – en plus d’amour de leur patrie, en plus de fidélité et de respect à la cause pour laquelle la personne aimée donna sa vie consciemment.

Un peuple capable d’une telle prouesse, que ne ferait-il pas si l’heure sonnait de défendre sa propre terre !

Je n’évoquerai pas aujourd’hui – ce n’est pas le moment adéquat – les différences de conceptions stratégiques et tactiques que nous avions avec les Soviétiques.

Nous avions formé des dizaines de milliers de soldats angolais et nous avions conseillé les troupes de ce pays aussi bien pendant l’instruction que dans les combats. Les Soviétiques, eux, conseillaient l’état-major et fournissaient généreusement les armements nécessaires aux forces armées angolaises. Des actions découlant de ces conseils en haut lieu nous mirent parfois dans des situations embarrassantes. Un grand respect et de profonds sentiments de solidarité et de compréhension prévalurent toujours, néanmoins, entre militaires cubains et soviétiques.

C’est fin 1987, on le sait, que l’Afrique du Sud lança sa dernière grande invasion de l’Angola dans des circonstances qui en mettaient en danger la stabilité même.

À cette date, donc, l’Afrique du Sud et les Etats-Unis assenèrent leur dernier coup, le plus menaçant, contre un fort groupement de troupes angolaises qui progressaient à travers les sables en direction de Jamba, à la limite sud-est de la frontière angolaise, où était censé se trouver le poste de commandement de Savimbi, une offensive à laquelle nous nous étions toujours opposés si on n’interdisait auparavant à l’Afrique du Sud d’intervenir au dernier moment en faisant intervenir son aviation, sa puissante artillerie et ses forces blindées.

L’histoire classique se répéta une fois de plus. Extrêmement enhardi, l’ennemi avança en profondeur vers Cuito Cuanavale, une ancienne base aérienne de l’OTAN, et se prépara à porter un coup mortel à l’Angola.

Le gouvernement angolais adressa alors des appels au secours désespérés au Groupement de troupes cubaines : le désastre était en effet imminent, sans doute le pire de tous dans le cadre d’une opération militaire dans laquelle, comme d’autres fois, nous n’avions aucune responsabilité.

Consentant un effort titanesque, malgré le grave danger d’agression militaire qui pesait sur nous à cette époque, la haute direction politique et militaire de notre pays décida de réunir les forces nécessaires pour porter le coup de grâce aux forces sud-africaines. Et notre patrie répéta la prouesse de 1975. Un flot d’unités et de moyens de combat traversa en vitesse l’Atlantique et débarqua sur la côte sud de l’Angola pour attaquer par le sud-ouest en direction de la Namibie, tandis que, huit cents kilomètres plus à l’est, des unités choisies avancèrent sur Cuito Cuanavale et là, en union des forces angolaises qui se repliaient, préparèrent un piège mortel aux puissantes forces sud-africaines qui avançaient vers cette grande base aérienne.

Cette fois-ci, cinquante-cinq mille soldats cubains étaient réunis en Angola.

Ainsi, tandis que les troupes sud-africaines étaient clouées devant Cuito Cuanavale, quarante mille soldats cubains et trente mille soldats angolais, soutenus par environ six cents chars, des centaines de pièces d’artillerie, mille pièces antiaériennes, et par des escadrilles audacieuses de Mig-23 qui s’assuraient de la maîtrise du ciel, avançaient par le sud-ouest en direction de la frontière namibienne, prêts à balayer littéralement les forces sud-africaines qui s’étaient retranchées dans cette direction principale.

On pourrait dire bien des choses des combats et des circonstances de cette bataille.

Le compañero Polo Cintras Frías, le chef audacieux du front Sud angolais, et de nombreux compañeros qui participèrent à ces journées glorieuses et inoubliables, sont ici même dans cette salle.

Les victoires retentissantes de Cuito Cuanavale et, surtout, l’avancée foudroyante du puissant groupement de forces cubaines dans le Sud-Est angolais, mirent un terme définitif à l’agression militaire étrangère.

L’ennemi dut rabattre de sa morgue accoutumée et s’asseoir à la table de négociations. Celles-ci se conclurent sur les Accords de paix pour le Sud-Ouest de l’Afrique, signés par l’Afrique du Sud, l’Angola et Cuba au siège des Nations Unies en décembre 1988.

Si on parla de négociations quadripartites, c’est que les Angolais et les Cubains y participaient d’un côté de la table, tandis que les Sud-Africains occupaient le côté opposé, et les Etats-Unis, le troisième côté en tant que médiateurs. En fait, les Etats-Unis étaient à la fois juge et partie, puisqu’ils étaient des alliés du régime de l’apartheid et ils auraient dû s’asseoir à ses côtés.

Le chef des négociateurs étasuniens, le sous-secrétaire d’Etat Chester Crocker, s’était opposé pendant des années à la participation de Cuba. Seule la gravité de la situation militaire des agresseurs sud-africains le força à accepter notre présence. Il écrivit ensuite dans un livre sur ce thème, avec un grand réalisme, qu’avec l’entrée dans la salle des représentants cubains, « les négociations étaient sur le point de se modifier radicalement ».

Le représentant de l’administration Reagan savait bien qu’une fois Cuba assise à la table de négociations, il en était fini des basses manœuvres, du chantage, de l’intimidation et des mensonges.

On ne se verrait pas se répéter cette fois l’épisode du Traité de Paris de 1898, quand les Etats-Unis et l’Espagne négocièrent la paix sans la moindre représentation de Cuba, de l’Armée libératrice et du gouvernement cubain en armes.

Cette fois-ci, les FAR et la représentation légitime du Gouvernement révolutionnaire cubain étaient présents, aux côtés du gouvernement angolais.

La mission internationaliste avait été pleinement remplie. Nos combattants rentrèrent dans leur patrie le front haut, rapportant uniquement l’amitié du peuple angolais, les armes avec lesquelles ils avaient combattu avec modestie et courage à des milliers de kilomètres de chez eux, la satisfaction du devoir accompli et les restes glorieux de leurs frères tombés.

Leur contribution à la consolidation de l’indépendance de l’Angola et à l’indépendance en soi de la Namibie fut décisive, tout comme elle fut marquante en ce qui concerne la libération du Zimbabwe et la disparition de l’odieux régime de l’apartheid en Afrique du Sud.

Rarement dans l’histoire, une guerre – autrement dit l’action humaine la plus terrible, la plus déchirante et la plus difficile – a été accompagnée de tant d’humanisme et tant de modestie de la part des vainqueurs, même si ces valeurs faisaient absolument défaut dans les rangs de ceux qui furent finalement les vaincus. La solidité de principes et la pureté d’objectifs expliquent que chaque action réalisée par nos combattants internationalistes se soit caractérisée par la transparence la plus absolue.

La tradition semée par nos mambis durant les guerres d’indépendance, renforcée par les rebelles et les combattants de la clandestinité durant la guerre de libération nationale, poursuivie par les miliciens, les membres des FAR et du ministère de l’Intérieur face aux ennemis intérieurs et extérieurs après la victoire de la Révolution s’est avérée sans aucun doute décisive dans ce sens.

Cette épopée extraordinaire n’a jamais été racontée dans toute son ampleur. En ce trentième anniversaire, l’impérialisme yankee fait l’impossible pour que le nom de Cuba n’apparaisse même pas dans les commémorations. Et le comble, c’est qu’il prétend réécrire l’histoire : Cuba, paraît-il, n’a eu absolument rien à voir avec l’indépendance de l’Angola, avec l’indépendance de la Namibie et avec la défaite des forces jusque-là invincibles du régime de l’apartheid ; Cuba n’existe même pas ; tout a été le fruit du hasard et de l’imagination des peuples. Le gouvernement des Etats-Unis, quant à lui, n’a absolument rien à voir avec les centaines de milliers d’Angolais assassinés, avec les milliers de villages rasés, avec les millions de mines semées en sol angolais qui ne cessent de continuer de tuer des enfants, des femmes et des civils de ce pays.

C’est là une insulte aux peuples angolais, namibien et sud-africain qui ont tant lutté, et une grossière injustice à l’égard de Cuba, le seul pays non africain à avoir combattu en Afrique et versé son sang pour ce continent et contre l’odieux régime de l’apartheid.

Aujourd’hui, l’impérialisme yankee tire d’Angola des milliards de dollars, en gaspille les ressources et en épuise les réserves de pétrole non renouvelables. Cuba, elle, applique ce qu’a dit le grand dirigeant anticolonialiste Amilcar Cabral : « Les combattants cubains sont prêts à sacrifier leurs vies pour la libération de nos pays, et, en échange de cette aide à notre liberté et au progrès de notre population, tout ce qu’ils emporteront, ce sont ceux d’entre eux qui sont tombés en luttant pour notre liberté. »

Les prétentions ridicules des yankees d’ignorer le rôle digne de Cuba scandalisent les peuples africains. Ça se doit en partie au fait que cette histoire n’a jamais été encore écrite.

Des chercheurs prestigieux s’escriment à chercher des informations. Cuba, qui n’a jamais voulu écrire et n’aime pas parler de ce qu’elle a fait avec tant de désintéressement et d’esprit solidaire, est toutefois prête à prêter sa modeste coopération en ouvrant progressivement ses archives et ses documents à des écrivains sérieux et prestigieux qui souhaiteraient raconter l’histoire vraie et irréfutable de ces événements (applaudissements).

L’exploit d’Angola et la lutte pour l’indépendance de la Namibie et contre l’apartheid fasciste ont beaucoup fortifié notre peuple. Les actes innombrables d’héroïsme, de dévouement et d’humanisme réalisés par plus de trois cent mille combattants internationalistes et par près de cinquante mille coopérants civils cubains qui ont rempli des missions en Angola d’une façon absolument volontaire, sont un trésor d’une valeur extraordinaire.

Cette belle tradition est perpétuée aujourd’hui dignement par des dizaines de milliers de médecins et autres spécialistes et travailleurs de la santé, d’enseignants, d’entraîneurs sportifs et de spécialistes des branches les plus diverses qui remplissent ce devoir de solidarité dans des conditions bien souvent plus difficiles que celles de la guerre, comme ceux du glorieux contingent médical Henry Reeve.

Le nom de code de l’opération angolaise est à la fois un symbole et un hommage aux milliers d’esclaves qui moururent en combat ou furent exécutés durant les premières insurrections.

C’est durant celles-ci que se forgèrent des femmes de la stature de Carlota, une Noire lucumi du moulin à sucre Triunvirato, de Matanzas, qui dirigea en 1843 une des nombreuses révoltes d’esclaves contre le terrible stigmate de l’esclavage et offrit sa vie.

Les mambis, les rebelles, les militants de la clandestinité, les combattants de Playa Girón, de la crise des Missiles et de lutte contre les bandits, les internationalistes, les miliciens, les membres des FAR et du ministère de l’Intérieur, bref, le peuple combattant, sont le fruit de l’arbre vigoureux qui a poussé ici à partir de racines africaines et espagnoles.

Des centaines de Cubains sont partis en Espagne quand la République y fut attaquée dans les années 30 par le fascisme et la réaction, et beaucoup y offrirent leur vie.

Les combattants cubains sont arrivés en Afrique quarante ans après, avec la force multipliée de la Révolution, pour défendre un peuple attaqué par les mêmes ennemis. Deux mille soixante-dix-sept y perdirent la vie.

Sans même s’essuyer la poussière du chemin – comme l’avait fait Martí devant la statue de Bolívar – les membres du dernier contingent internationaliste à rentrer dans la patrie allèrent, aux côtés des principaux dirigeants de la Révolution, rendre hommage, devant la tombe du Titan de bronze, aux morts de toutes les guerres livrées par notre peuple.

Nous ratifions une fois de plus notre engagement éternel, face à nos glorieux morts, de faire avancer la Révolution et d’être toujours dignes de leur exemple ; face aux Cubains qui ont su, hier et aujourd’hui, se battre et mourir dignement pour défendre la justice ; face aux hommes et aux femmes qui, comme Máximo Gómez, Henry Reeve ou le Che, ont tant contribué à nous prouver, ici dans notre patrie et tout au long de notre histoire, l’immense valeur de la solidarité.

Nous, générations actuelles et futures de Cubains, nous irons de l’avant, si grandes que soient les difficultés, luttant sans trêve pour que la Révolution soit toujours aussi invulnérable sur le terrain politique qu’elle l’est dorénavant sur le terrain militaire et qu’elle sera bientôt sur le terrain économique.

Nous ferons face avec toujours plus d’énergie à nos déficiences et erreurs. Nous continuerons de nous battre. Nous continuerons de résister.

Nous continuerons de faire pièce à chaque agression de l’impérialisme, aux mensonges de sa propagande et à ses sinistres manigances politiques et diplomatiques.

Nous continuerons de résister aux conséquences du blocus qui devra être un jour levé grâce à la dignité des Cubains, à la solidarité des peuples et à l’opposition quasi absolue des gouvernements du monde – comme le dernier vote à l’ONU l’a prouvé une fois de plus – et grâce aussi au refus croissant du peuple étasunien de cette politique absurde qui viole ses droits constitutionnels d’une façon flagrante.

De même que l’impérialisme et ses pions souffrirent en Angola les conséquences d’un Playa Girón multiplié bien des fois, de même quiconque viendra sur cette terre pour y porter la guerre devra faire face à des milliers de Quifangondo, de Cabinda, d’Ebo, de Morros de Medunda, de Cangamba, de Ruacana, de Tchipa, de Calueque et de Cuito Cuavanale (applaudissements).

Nos internationalistes, tout comme le reste des combattants cubains, ce qui veut dire tout le peuple, savent qu’en cas d’agression militaire, nous infligerons une défaite aux envahisseurs. Et vous, vétérans de l’histoire de notre patrie, serez assurément les protagonistes décisifs de cette victoire !

Vive l’internationalisme ! (Vivats.)

Vive la Révolution ! (Vivats.)

Vive le socialisme ! (Vivats.)

Jusqu’à la victoire à jamais ! (Ovation.) 



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