Opérations américaines dans les Caraïbes : la Colombie et le Royaume-Uni suspendent l’échange de renseignements avec Washington


Les opérations des États-Unis dans les eaux internationales des Caraïbes contre le narcotrafic font de plus en plus de mécontents, y compris parmi les alliés de longue date de Washington. Au moment où l’armée américaine intensifie sa présence en déployant le plus grand porte-avions du monde, l’USS Gerald R. Ford, Bogota annonce sa décision de ne plus partager des renseignements avec les USA. La Colombie emboîte alors le pas à un célèbre allié des États-Unis, à savoir Londres, qui aurait pris la même décision un mois auparavant selon la CNN.

Depuis la fin de l’été 2025, les États-Unis ont intensifié leurs opérations militaires dans les Caraïbes sous la bannière de la lutte contre le trafic de drogue, avec un déploiement massif de navires de guerre, ainsi que des frappes aériennes contre des embarcations suspectées de transporter de la drogue. Ces opérations, menées principalement dans les eaux internationales, ont entraîné la destruction de plusieurs bateaux et la mort d’au moins 70 personnes, selon les bilans officiels américains. Le président américain Donald Trump a qualifié les trafiquants de “narcoterroristes” et autorisé l’usage de la force militaire, y compris des raids ciblés.

Des “exécutions extrajudiciaires”

Ces manœuvres ont suscité de vives réactions sur la scène internationale. D’un côté, certains pays et organisations internationales dénoncent la légalité, soulignant que les États-Unis n’ont jamais fourni de preuves tangibles liant les embarcations détruites à des trafics de drogue. La France et d’autres pays européens critiquent ces opérations comme une forme d’ingérence et de militarisation excessive, qui risque de déstabiliser davantage la région. “Nous avons observé avec inquiétude les opérations militaires dans la région des Caraïbes car elles bafouent le droit international”, avait déclaré Jean-Noël Barrot peu avant le dernier G7.

De plus, le Venezuela et d’autres gouvernements latino-américains accusent Washington de vouloir servir d’autres intérêts géopolitiques, notamment la déstabilisation de régimes hostiles ou l’accès à des ressources stratégiques.

Le président colombien Gustavo Petro a de son côté fermement dénoncé ces opérations militaires. Selon ses déclarations, les frappes américaines ont violé la souveraineté maritime de la Colombie et ont causé la mort d’un pêcheur innocent, soulignant qu’il s’agissait d’un “acte injuste” et d’une “atteinte aux droits humains”. 

Petro a ainsi critiqué l’usage excessif de la force par les États-Unis, qualifiant ces actions d’ »exécutions extrajudiciaires » et affirmant que la lutte contre la drogue doit respecter les droits des populations dans la région. Il a également appelé à ce que les personnes suspectées de trafic soient jugées et non tuées, dénonçant un usage disproportionné de la force contraire au droit international humanitaire. 

Londres exprime sa désapprobation

Malgré une relation étroite avec son allié de toujours, le Royaume-Uni, qui s’est réservé jusque-là une dénonciation frontale des opérations américaines, a fini par exprimer son rejet de manière très forte. Selon la chaine d’information CNN, Londres aurait décidé, depuis plus d’un mois, de ne plus partager de renseignements avec Washington concernant les navires soupçonnés de trafic de drogue. Le Royaume-Uni ne souhaiterait pas être complice de ces frappes, jugées “illégales”.

La même source, citant des responsables britanniques, affirme que ces derniers jugent les frappes américaines comme étant une “violation du droit international”. 

La Colombie, un allié stratégique des États-Unis dans la lutte contre le narcotrafic, lui a emboîté le pas. Mardi, Gustavo Petro a annoncé une mesure similaire. “L’ordre est donné à tous les niveaux des renseignements des forces de l’ordre de suspendre l’envoi de communications et autres opérations aux agences de sécurité américaines”, a-t-il écrit dans un post X. Cette décision, a-t-il averti, “sera maintenue tant que les attaques par missile contre des bateaux se poursuivront”.

Si la décision colombienne n’est pas surprenante, celle du Royaume-Uni est tout au contraire la marque de la forte désapprobation de Londres à l’égard de son allié historique.

Mardi, le porte-avions américain USS Gerald R. Ford est arrivé dans les Caraïbes, renforçant considérablement la présence militaire américaine dans la région. En réaction, le Venezuela, qui accuse les États-Unis de cibler essentiellement son président Nicolas Maduro, a annoncé un déploiement militaire “massif” incluant la milice bolivarienne, dénonçant l’”impérialisme” américain et affirmant sa préparation à “défendre le pays contre toute agression”.





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