Le transgenrisme, aussi chez les animaux ! Dans le sud du Japon, une équipe scientifique chamboule les règles du vivant pour relancer un marché en perte de vitesse. L’université de Kindai affirme réussir à convertir des esturgeons destinés à devenir mâles en femelles capables de produire du caviar. On n’arrête pas le progrès.
Le procédé a été mis au point après des années d’expérimentation. Les chercheurs ont nourri de très jeunes esturgeons avec de l’isoflavone, un dérivé du soja qui mime les effets des œstrogènes. Au bout d’environ six mois, les poissons initialement programmés pour devenir mâles se sont transformés en « super femelles ». Une méthode présentée par les scientifiques comme non intrusive, car fondée sur une hormone naturelle dont ils affirment qu’elle ne laisse aucun résidu. Cela étant, la science ne dit pas si les poissons étaient consentants…
France Info rappelle que le Japon, loin des géants mondiaux comme la Chine ou la France, cherche depuis longtemps à combler son retard dans ce secteur identifié comme stratégique.
La filière mondiale du caviar repose traditionnellement sur la capture d’esturgeons sauvages, un modèle effondré sous l’effet d’une surpêche massive. Les élevages ont pris le relais, mais restent confrontés à un obstacle majeur : le sexe des poissons n’est identifiable qu’après trois années de croissance, ce qui ralentit la rentabilité. Mais, pas de problème, que des solutions ! En forçant uniquement le développement de femelles, les producteurs japonais espèrent éliminer cette période d’incertitude et augmenter sensiblement leurs rendements. Comme le résume un éleveur impliqué dans le projet, « la qualité du caviar reste la même, y compris chez les super femelles ». N’est-ce pas ce qui compte, finalement ?!
Reste à savoir si le marché international acceptera cette nouvelle génération d’esturgeons façonnés en laboratoire. Les consommateurs, de plus en plus attentifs à l’origine et à l’éthique des produits, pourraient bien en décider autrement.