Texas et les protestations européennes : une double escalade renforce les scénarios d’interdiction internationale des Frères musulmans


  1. Campagne de dons Octobre 2025

    Appel aux dons – Votre soutien nous est indispensable pour continuer à vous fournir le meilleur de l’information internationale alternative. C’est grâce à vos dons que nous pourrons maintenir le cap pour une information plurielle et réellement alternative. Nous comptons sur vous.

    20 661,00 € de l’objectif de 25 000,00 € atteint

Dans une escalade synchronisée des deux côtés de l’Atlantique, la confrérie des Frères musulmans fait face à l’une des phases les plus intenses de pression politique et médiatique ces dernières années. Alors que l’État américain du Texas a annoncé l’inscription du groupe sur les listes des « organisations terroristes étrangères », l’Europe connaît une vague de manifestations sans précédent réclamant la même mesure.

Cette convergence entre des mesures officielles américaines et un mouvement populaire européen reflète un changement clair dans l’approche occidentale envers le groupe, et ouvre la porte à l’adoption de nouvelles mesures pour interdire la confrérie en Europe et en Amérique.

Le Texas mène une nouvelle action américaine contre les Frères et «CAIR»

Dans une démarche remarquable, le gouverneur de l’État du Texas, Greg Abbott, a annoncé la classification de la confrérie des Frères musulmans et du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) comme «organisations terroristes étrangères» et «organisations criminelles transfrontalières». Cette classification permet de renforcer les mesures légales et d’empêcher toute entité affiliée aux deux organisations de posséder ou d’acheter des terres à l’intérieur de l’État.

Selon le bureau du gouverneur, la décision s’inscrit dans une vague de pressions croissantes au sein du Congrès pour adopter une classification similaire au niveau fédéral. L’ancien président Donald Trump avait auparavant exprimé son souhait de prendre cette mesure, mais elle n’est pas devenue une politique officielle pendant son mandat.

Les experts estiment que classer les Frères musulmans comme une organisation unique est compliqué, en raison de la diversité de leurs activités entre cadres politiques, sociaux et prédication dans différents pays. Cependant, le Texas cherche – selon les observateurs – à créer un précédent qui pourrait pousser Washington à adopter ultérieurement une position plus ferme envers le groupe.

Abbott a justifié sa décision en affirmant que les Frères et «CAIR» «cherchent à imposer la charia par la force et à saper les lois américaines», citant des affaires liées à des financements et à des liens terroristes, dont le cas de Ghassan Elashi condamné à 65 ans de prison en 2009. Les partisans de la décision y voient une «protection de la sécurité nationale», tandis que les opposants la considèrent comme une extension d’un discours hostile aux musulmans susceptible d’accroître les tensions internes.

De son côté, Maher Farghali, chercheur spécialisé dans les affaires des groupes terroristes, a déclaré que la mesure du Texas représente «le premier tournant pratique et clair aux États-Unis vers le traitement des Frères comme une menace sécuritaire et non comme une entité religieuse ou sociale», expliquant que ce type de décisions «repose sur l’accumulation de dossiers d’accusations liés au financement et aux liens avec des réseaux externes, et non seulement sur des pressions politiques internes».

Farghali a ajouté que le Texas cherche à créer un précédent qui pourrait pousser l’administration fédérale à réexaminer le statut du groupe et de «CAIR», affirmant que «des blocs au sein du Congrès estiment que continuer à ignorer les activités des Frères ferait des États-Unis l’exception unique par rapport aux transformations européennes accélérées».

Farghali a souligné que l’activité des Frères aux États-Unis repose sur des réseaux sociaux et caritatifs indirects, considérant que «l’inquiétude américaine ne concerne pas seulement l’aspect sécuritaire, mais la capacité de ces réseaux à influencer les communautés musulmanes et à diriger les financements de manière difficile à tracer dans le système juridique américain».

Les manifestations européennes s’étendent… Pressions populaires vers une classification officielle

De l’autre côté de l’Atlantique, la place Pariser Platz dans la capitale allemande Berlin a connu une manifestation remarquable malgré la pluie, dans le cadre d’une campagne européenne continue s’étendant du 11 au 24 novembre et incluant plusieurs capitales comme Vienne, Prague, Zurich, Paris, Londres et Bruxelles.

Les manifestants ont brandi des pancartes réclamant l’assèchement des sources de financement du groupe et l’arrêt de ce qu’ils ont décrit comme des tentatives «d’infiltration des institutions européennes» et de «recrutement des jeunes» sous couvert d’œuvres caritatives. Une présence sécuritaire organisée et une forte participation de groupes médiatiques, de droits humains et de documentation de l’événement ont été observées.

Les manifestants ont affirmé que l’Europe a besoin de mesures plus strictes incluant l’imposition de sanctions, le gel d’avoirs et l’interdiction d’exploiter les mosquées et centres culturels pour des activités politiques. Les organisateurs de la campagne affirment que l’objectif est de pousser les gouvernements européens à classer les Frères comme organisation terroriste, une mesure considérée comme une transformation radicale dans le paysage politique européen.

Dans ce contexte, Maher Farghali a déclaré que le continent européen connaît l’un des mouvements populaires et politiques les plus larges rejetant l’organisation.

Il a ajouté qu’une partie de ce mouvement est alimentée par «l’islamophobie», mais que le moteur le plus fort – selon lui – réside dans «la conviction croissante de l’intersection entre les idées des Frères et les idéologies des organisations extrémistes comme Al-Qaïda et Daech», ce qui pousse les gouvernements européens à réévaluer la position du groupe au sein des sociétés occidentales.

Farghali a indiqué que les Frères «ne sont plus une carte utile pour l’Occident» comme par le passé, après l’émergence d’autres organisations djihadistes servant les intérêts de puissances internationales de manière différente, entraînant un déclin du soutien occidental au groupe.

Il a également souligné l’existence de réseaux influents des Frères en Europe, que ce soit via des écoles religieuses directes ou des organisations civiles collectant des dons sans déclarer un lien direct avec le groupe, profitant des lois européennes flexibles.

Les Frères entre perte d’influence et pressions croissantes

La simultanéité entre la décision du Texas et l’extension des manifestations européennes indique une transformation plus profonde dépassant de simples réactions locales. L’humeur politique générale en Occident tend progressivement à réexaminer le rôle des Frères, que ce soit comme entité prédicative ou politique, surtout après l’augmentation des accusations liées au financement et à l’influence au sein des communautés.

Les analystes estiment que ces développements pourraient former une nouvelle phase dans l’avenir du groupe, commençant par un renforcement du contrôle sur ses réseaux financiers et organisationnels, et pouvant aller jusqu’à des mesures légales au niveau régional ou international. Alors que les défenseurs des droits des musulmans craignent que cette escalade n’augmente l’hostilité envers les communautés islamiques, d’autres s’attendent à ce que l’année prochaine connaisse davantage de décisions similaires, que ce soit en Europe ou aux États-Unis.

Avec la poursuite des campagnes populaires et l’élargissement du débat politique autour des Frères en Occident, il semble que le groupe entre dans une phase d’épreuve réelle qui pourrait remodeler sa présence internationale pour de longues années à venir.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *