Le Sénat a adopté une mesure qui marque un tournant majeur dans la surveillance des allocataires. France Travail sera désormais autorisé à accéder à des données hautement sensibles, telles que les fichiers des compagnies aériennes et même les relevés d’appels téléphoniques des usagers. Officiellement, il s’agit de renforcer la lutte contre la fraude sociale ; concrètement, c’est une extension sans précédent des pouvoirs d’investigation d’un organisme administratif, jusque-là limité à des données beaucoup moins intrusives.
Sous couvert d’efficacité et de rationalisation, cette mesure ouvre la porte à un contrôle quasi permanent de la vie privée : déplacements, habitudes de communication, données de connexion… autant d’éléments relevant auparavant du champ judiciaire, désormais accessibles à France Travail. Les opposants y voient une dérive sécuritaire inquiétante : une société où chaque allocataire devient un suspect potentiel, où l’État justifie l’érosion des libertés individuelles au nom d’une fraude dont l’ampleur réelle reste contestée.
Au-delà du débat technique, c’est un choix politique lourd de sens : accepter qu’un organisme chargé d’accompagner vers l’emploi puisse scruter la vie intime des demandeurs. Une ligne rouge est franchie, celle où la protection sociale cesse d’être un droit pour devenir une zone de surveillance renforcée. Orwell, quand tu nous tiens.