L’Ukraine est de nouveau conviée à des négociations et, tout comme dans les précédents rounds, une cession de ses territoires est mise sur la table. Les États-Unis ont proposé mercredi 19 novembre un nouvel accord de paix, élaboré, selon plusieurs sources, avec la Russie et sans la contribution des Européens. Le texte prévoit notamment la cession de terres ukrainiennes au profit de la Russie, ainsi que la « reconnaissance de l’annexion de la Crimée ».
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a adopté une posture de médiateur potentiel dans le conflit entre Moscou et Kiev, en mettant en avant plusieurs initiatives diplomatiques. Son administration avait déjà multiplié les efforts pour encourager une résolution pacifique du conflit, notamment à travers des propositions de paix et des démarches diplomatiques visant à réactiver les négociations. Ces efforts incluaient des contacts avec des responsables russes et ukrainiens, ainsi que des médiateurs internationaux, dans le but de parvenir à un accord de cessez-le-feu ou de désescalade.
Réduction de l’armée et abandon des armes de longue portée
Cependant, ces efforts diplomatiques n’ont pas conduit à une cessation des hostilités. Malgré plusieurs rounds de discussions, les négociations ont été marquées par des frustrations réciproques. Trump a exprimé à plusieurs reprises sa déception face à Volodymyr Zelensky, qualifiant ce dernier de parfois difficile à convaincre, tout en dénonçant aussi le manque de flexibilité de Vladimir Poutine. Les propositions états-uniennes supposent des concessions importantes, notamment territoriales, qui ont été perçues comme inacceptables du côté ukrainien, provoquant des blocages persistants. Les discussions ont par ailleurs été affectées par des tensions politiques internes en Ukraine, ainsi que par des divergences d’approche entre Kiev, ses alliés européens et Washington.
Ce contexte de diplomatie infructueuse a été suivi, après plusieurs mois de négociations, par une réorientation vers des mesures coercitives. En octobre 2025, Washington a adopté des sanctions majeures contre le secteur pétrolier russe, notamment contre Rosneft et Lukoil, dans le but de couper une source essentielle de revenus à Moscou. Ces sanctions comprenaient des interdictions de transaction et le gel d’actifs, cherchant à augmenter la pression économique sur la Russie. Ces mesures ont été renforcées par celles du Royaume-Uni et de l’Union européenne, qui ont également opté pour un durcissement de leur position contre Moscou.
Mais l’administration Trump revient à la charge. Mercredi, Kiev a reçu une nouvelle proposition de paix de la part de Washington. Une fois encore, l’Ukraine est priée de céder des territoires à la Russie et de réduire son armée de moitié. Selon la déclaration d’un haut responsable ukrainien, cette proposition reprend celles déjà mises sur la table des négociations et rejetées par l’Ukraine.
Il est principalement question de la “reconnaissance de l’annexion de la Crimée et d’autres régions par la Russie”, qui occupe environ 20 % de l’Ukraine et qui réclame que celle-ci lui cède cinq régions et renonce à intégrer l’Otan. Kiev doit aussi réduire son armée à 400 000 personnes et renoncer à toutes ses armes de longue portée. Selon le Financial Times, l’Ukraine doit aussi accepter de ne plus recevoir d’aide militaire étrangère.
Pas sans les Européens, réitère Kallas
Le même haut responsable ukrainien dit ignorer qui est à l’origine de ce plan, Donald Trump ou son entourage. Mais le site d’information Axios, citant des responsables américains et russes, affirme que Steve Witkoff a rédigé la proposition en étroite coordination avec son homologue russe, Kirill Dmitriev. Le plan comporterait 28 points qui portent sur l’avenir de l’Ukraine, la sécurité européenne et les relations entre les États-Unis et la Russie. L’objectif est de mettre en place également un cadre écrit avant une éventuelle rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
Kirill Dmitriev aurait affirmé que la “position russe est vraiment entendue” et le plan de l’administration Trump serait basé sur celui pour Gaza, récemment approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Mais une fois encore, toujours selon Axios, les pays européens n’ont pas participé à l’élaboration du plan, qui intervient au moment où la Russie intensifie ses frappes. Mais l’administration Trump espère tout de même leurs retours. Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, a réagi en affirmant : “la paix en Ukraine ne peut se faire qu’avec les Européens et les Ukrainiens (…) Pour qu’un plan fonctionne, il faut que les Ukrainiens et les Européens soient impliqués, c’est très clair”.