La tribune du père Richard Kalka : Un cri du cœur contre la rhétorique belliqueuse du général Fabien Mandon


Dans un climat international tendu, marqué par les échos persistants du conflit ukrainien et les alertes répétées sur une possible escalade avec la Russie, et quelques pas en avant vers la paix, une voix singulière s’élève pour briser le consensus martial. Le Père Richard Kalka, ancien aumônier des parachutistes français, a publié une tribune libre adressée directement au général Fabien Mandon, chef d’état-major des Armées. Ce texte, virulent et fraternel à la fois, réagit aux déclarations récentes du général prononcées le 18 novembre 2025 lors du Congrès des maires de France. Mandon y avait appelé les Français à restaurer leur « force d’âme » pour « accepter de perdre ses enfants » face à une menace russe jugée imminente, tout en exhortant les élus locaux à préparer leurs concitoyens à un effort de guerre économique et humain. 

Ces propos, qualifiés d’ « anxiogènes » et « va-t-en-guerre » par une partie de la classe politique, ont suscité un tollé. La réponse du Père Kalka, imprégnée d’une expérience de terrain forgée au cœur des opérations extérieures, incarne un refus catégorique de cette fatalité belliqueuse, au nom d’une paix lucide et d’une fraternité d’armes.

Les déclarations de Fabien Mandon, un discours qui divise

Le général Fabien Mandon, pilote de Mirage passé par l’état-major particulier d’Emmanuel Macron, n’en est pas à sa première alerte. Dès octobre 2025, lors d’une audition devant l’Assemblée nationale, il évoquait un « choc » possible avec la Russie « dans trois ou quatre ans », justifiant un réarmement accéléré. Le 18 novembre, devant près de 13 000 maires réunis à Paris, il a franchi un cap en affirmant : « Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants […] de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque. […] Il faut en parler dans vos communes. » Ces mots, destinés à sensibiliser les élus au rôle des communes dans la « résilience nationale », visent à restaurer une « force d’âme collective » face à une Russie décrite comme se préparant à une « confrontation à l’horizon 2030 » avec l’OTAN et l’Union européenne.

Le courage de la paix

Soutenus par la ministre des Armées Catherine Vautrin, qui y voit, de manière surprenante, une « sensibilisation nécessaire au contexte actuel », ces propos ont été critiqués comme une « faute » par le RN (Sébastien Chenu les jugeant illégitimes pour un militaire), un « désaccord total » par LFI (Jean-Luc Mélenchon dénonçant une invitation à des « préparations guerrières »), et des « discours insupportables » par le PCF (Fabien Roussel évoquant les 51 000 monuments aux morts comme un rappel suffisant). Emmanuel Macron a renouvelé sa confiance à Mandon le 23 novembre, nuançant toutefois en insistant sur la préparation sans provocation. Ce discours s’inscrit dans une lignée plus large : le limogeage en juillet 2025 du précédent CEMA, Thierry Burkhard, après ses propres alertes sur la Russie, et la signature récente d’un contrat pour 100 Rafale à l’Ukraine, vue comme une escalade. 

Cette déclaration est d’autant plus surprenante venant du CEMA, car elle s’apparente à une déclaration politique qui n’entre pas dans ses attributions.

 
La tribune du Père Kalka : Un appel fraternel et incisif à la raison

Ancien aumônier des parachutistes, le Père Richard Kalka s’adresse à Mandon en « frère d’armes », adoptant un vouvoiement initial qui cède vite à un tutoiement « de circonstances » face à l’ « affligeant » et « stupidement anxiogène » discours du général. Avec une plume trempée dans l’expérience des théâtres d’opérations (Afghanistan, Kandahar), Kalka dépeint Mandon comme un « perroquet du Président », un pilote d’élite passé de la « secte Mirage » à un rôle de porte-parole politique. « Quelle mouche vous a donc piqué ? », interroge-t-il, opposant l’ « aristocratie volante » des pilotes de chasse à cette dérive.

tribune

Au cœur de sa critique : le refus de diaboliser la Russie. « La Russie, contrairement à notre Président, aime la France et qu’aucune guerre n’est programmée ni envisagée de son côté, sauf si l’illuminé gourou en chef de notre pays va trop loin dans la provocation verbale et militaire », écrit Kalka. Il évoque une histoire partagée – de 1814 (soutien russe contre le démembrement de la France post-Napoléon) à 1944 (alliance avec Staline pour restaurer la France au Conseil de sécurité de l’ONU) – pour contrer la narrative d’une menace existentielle. Face à l’appel de Mandon à « sacrifier [ses] enfants », Kalka tonne : « Les Français manquent-ils à ce point de force d’âme à vos yeux ?! Il faut qu’ils se fassent mal, très mal, pour défendre la nation. » Son conseil final, presque paternel : 

« Retourne dans ton bureau, assieds-toi confortablement, prends un bon café (pas une bière, la binouse c’est chez les paras) et commence à réfléchir. »

Cette tribune, diffusée sur X et divers blogs, résonne comme un écho spirituel à des voix plus laïques. Elle rappelle l’article  « Le courage de la Paix éludé », qui dénonce une « fanfare guerrière » orchestrée par l’Élysée, où les déclarations de Mandon sont vues comme une « purge » post-Burkhard pour imposer une obéissance atlantiste. La « Déclaration de Paris » est critiquée comme une censure unilatérale du conflit ukrainien, et note des négociations secrètes américaines pour un cessez-le-feu en 28 points (cession de territoires, garanties de sécurité), contrastant avec l’escalade française. 

Comme Kalka, Xavier Azalbert argue que la Russie n’est pas une « menace durable » pour la France, mais une victime d’une narrative haineuse héritée de vanités humiliées.

 

Une fracture entre devoir militaire et appel à la paix

La tribune de Kalka n’est pas un simple coup de gueule : elle révèle une fracture profonde au sein de la « grande muette ». D’un côté, Mandon incarnerait un réalisme « aux ordres » – la dissuasion par la préparation, aligné sur les alliés européens (Allemagne, Danemark) qui partagent l’analyse d’une Russie offensive. Ses propos, maladroits mais crus, et probablement hors de ses prérogatives, viseraient à réveiller une « force morale collective » face à une guerre hybride déjà en cours (cyber, informationnelle). De l’autre, Kalka, avec son passé parachutiste, oppose une éthique de la fraternité : la guerre n’est pas inévitable, mais provoquée par des « provocations verbales » (Macron). Son texte, teinté d’humour (« la binouse c’est chez les paras »), humanise le débat, rappelant que les soldats ne sont pas des « pions » mais des frères.

Paul Pellizzari

Cette opposition interroge le rôle des militaires dans le débat public ainsi que leur fameux devoir de réserve qui a récemment couté ses étoiles au général Pellizzari pour y avoir manqué. Outrepasse-t-on les bornes en politisant l’armée, comme le craignent LFI et le RN ? Ou est-ce un devoir de vérité, comme le défend Cédric Perrin (LR) au Sénat : « S’il faut employer de tels propos pour que chacun prenne conscience de la situation, le chef d’état-major a raison. » Kalka penche pour la seconde option, mais inversée : la vraie conscience est de refuser la fatalité guerrière, en écho à des pacifistes comme Florian Philippot qui y voient une « surenchère téléguidée par Macron ». Géopolitiquement, alors que 64 % des Français craignent une propagation du conflit (sondage Elabe, mars 2025), la tribune de Kalka plaide pour une diplomatie française autonome, loin de l’atlantisme, et proche d’une histoire d’alliances oubliées avec la Russie.

 

Réactions : Un buzz sur X et au-delà, entre soutiens et controverses

Sur X, la tribune a rapidement fait le buzz, avec plus de 5 000 interactions en 48 heures. Des comptes comme @saphirquenzo et @RobertSteuckers l’ont relayée aux côtés de Philippe de Villiers, qui y voit un « réveil des consciences » contre « l’hubris macronienne ». Des voix comme celle de @FredGaulois rappellent l’aide soviétique de 1946 (400 000 tonnes de blé à une France affamée), opposant cela à la « haine atlantiste ». D’autres vantent Mandon comme lucide sur une Russie qui « voit la France comme une nation faible », tandis que @AldoSterone111 fustige l’escalade comme un « sacrifice de jeunes sur l’autel des banquiers et des marchands d’armes ».

Critiques virulentes aussi : @Arreter_Fischer accuse Kalka d’ « aveuglement » pro-Poutine, le qualifiant de « criminel de guerre » complice d’un « Agenda 2030 dystopique » avec Macron et Zelensky. @hdomb56 moque les « patriotes de carton » soutenant Kalka contre la « clairvoyance » de Mandon sur le nucléaire russe. Caroline Galacteros, géopolitologue, dénonce les « irresponsables cyniques » derrière la propagande anti-russe. Ailleurs, Synthèse Nationale consacre un article aux réactions, liant Kalka à de Villiers pour un « front de la paix réaliste ». Sur RMC et BFM, des auditeurs comme Julien (analyste financier) s’indignent : « Qui va vouloir faire des enfants si c’est pour finir en chair à canon ? » Le Point publie l’intégralité du discours de Mandon (21 novembre), soulignant son écho historique aux monuments aux morts. France Inter (21 novembre) contextualise : ces alertes ne préparent pas à la guerre, mais à la dissuasion.

Ces réactions polarisent : d’un côté, un appel à la vigilance (soutiens à Mandon) ; de l’autre, un cri pour la paix (écho à Kalka), amplifié par des négociations USA-Russie alors que Paris veut vendre 100 Rafale à Kiev ! 

 
Vers un débat national sur la paix armée ?

La tribune du Père Kalka n’est pas qu’une missive privée : elle invite à un sursaut. Dans un pays marqué par 51 000 monuments aux morts, où la guerre rime avec deuil collectif, elle pose la question essentielle : la « force d’âme » est-elle dans l’acceptation du sacrifice, ou dans le courage de la diplomatie ?

Face à une Russie diabolisée mais historiquement alliée, et à des dirigeants accusés de préparer la guerre « au nom de l’histoire », Kalka rappelle que les armes ne font pas la paix. Peut-être est-il temps, comme il le suggère, de poser le café et réfléchir – avant que les enfants ne paient l’addition.

 

Annexe : Tribune libre du Père KALKA Ancien aumônier des parachutiste🇨🇵

Monsieur Fabien Mandon, Mon Général,

Je ne vous connais pas personnellement, comme beaucoup de mes frères d’armes, d’où le vouvoiement de rigueur que j’adopte dans cette missive. Vous avez passé le plus clair de votre temps dans l’Armée de l’air. Vous avez été, je suppose, un bon pilote de chasse.

Mes connaissances de l’aviation militaire sont vagues. J’ai servi pendant trois ans, avant d’épouser le monde parachutiste, dans les bases de Saintes, Rochefort et Cognac.

J’ai aussi eu beaucoup de contacts avec les aviateurs au cours de mes nombreuses opérations extérieures (à Kandahar en Afghanistan, entre autres).

Je sais que l’Armée de l’air se compose de deux corps : le corps des mécanos avion et celui des pilotes.

Parmi ces derniers, on distingue clairement les pilotes de transport – de bons vivants, sympas et arrangeants – des pilotes de chasse, véritable aristocratie volante, elle- même peu homogène au sein de laquelle se côtoient, d’assez loin, les « confréries » ou plutôt les « sectes » établies selon les différents types d’avion. Entre les pilotes des Mystère, Alpha Jet, Mirage ou Rafale, on ne se mélange pas, Monsieur !

Et vous êtes bien placé pour savoir que je n’invente rien puisque vous-même avez longtemps été membre de la « secte Mirage » jusqu’à piloter le Mirage 2000D, véritable exploit d’un jeune et brillant pilote.

Quelle mouche vous a donc piqué pour devenir le porte-parole, ou plutôt le perroquet du Président de la République ? Votre intervention au Congrès des Maires, outrepassant votre rôle de chef militaire, est à la fois affligeante et stupidement anxiogène. Puisque la Russie, disiez-vous, va bientôt nous déclarer la guerre, il faudra s’y préparer très sérieusement.

Les Français manquent-ils à ce point de force d’âme à vos yeux ?! Il faut qu’ils se fassent mal, très mal, pour défendre la nation. Et, brevet de pilote sur le gâteau, qu’ils soient prêts à sacrifier leurs enfants et à souffrir économiquement !

Mon pauvre gars, où as-tu été piocher tout ça ? Désolé pour le tutoiement, mais de telles bêtises prononcées publiquement et à haute voix me rendent malpoli.

Mets toi bien dans ta casquette de pilote que la Russie, contrairement à notre Président, aime la France et qu’aucune guerre n’est programmée ni envisagée de son côté, sauf si… Justement, sauf si l’illuminé gourou en chef de notre pays va trop loin dans la provocation verbale et militaire.

Monsieur Mandon, mon général, retourne dans ton bureau, assieds-toi confortablement, prends un bon café (pas une bière, la binouse c’est chez les paras) et commence à réfléchir.

Père Richard KALKA





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