Négociations de paix en Ukraine : Un plan américain révisé sous tension européenne et scepticisme russe


Alors que les bombardements russes sur Kiev et Kharkiv font plusieurs victimes ce lundi, les pourparlers diplomatiques sur un règlement du conflit ukrainien s’accélèrent. Le plan de paix initial en 28 points proposé par l’administration Trump, perçu comme un ultimatum aux Européens et à Kiev, a été substantiellement remanié lors de discussions à Genève les 23 et 24 novembre. Réduit à 19 points et accepté par l’Ukraine, ce document révisé met l’accent sur la souveraineté ukrainienne et la reconstruction, mais suscite des critiques acerbes, notamment de la Russie qui y voit un « Minsk-3 » déguisé. L’Europe, de son côté, a formulé une contre-proposition ferme, tandis que les réseaux sociaux bruissent de débats polarisés.

Le plan américain initial : Un ultimatum en 28 points

Présenté comme une base pour un « accord de paix », le document américain en 28 points visait à geler les lignes de front actuelles, reconnaître la Crimée, le Donbass et des parties de Kherson et Zaporijjia comme russes, et imposer une neutralité constitutionnelle à l’Ukraine, excluant tout adhésion à l’OTAN. Parmi les concessions prévues : une réduction de l’armée ukrainienne à 600 000 hommes, un échange total de prisonniers, une amnistie pour crimes de guerre, et une reconstruction financée à hauteur de 100 milliards de dollars par les actifs russes gelés – dont 50 % reviendraient aux États-Unis. Donald Trump avait fixé un ultimatum au 27 novembre : signature ou fin du soutien américain à Kiev.

Ce plan, qualifié d’ « ultimatum qui met l’Europe au pas », aurait été rejeté par Volodymyr Zelensky, qui y voyait une « capitulation », et par les leaders européens comme Emmanuel Macron, Keir Starmer et Friedrich Merz, qui exigeaient le maintien des capacités défensives ukrainiennes et un point de départ basé sur la ligne de front actuelle, sans cessions territoriales.

Une révision à 19 points : L’Ukraine adoucit le ton

Suite à des négociations bilatérales à Genève, le plan a été « raffinée et actualisée » en 19 points, selon des sources ukrainiennes citées par le Financial Times. Les points les plus controversés – comme les « lignes rouges » territoriales, la taille de l’armée et les alliances internationales – ont été mis de côté ou neutralisés. Le nouveau cadre insiste sur la libération de tous les prisonniers (y compris les enfants enlevés), la souveraineté intégrale de l’Ukraine, et une reconstruction financée exclusivement par les actifs russes gelés, sans partage avec Washington. Zelensky a salué un « nouveau momentum » et se dit prêt à discuter des détails sensibles directement avec Trump, potentiellement d’ici fin novembre, en incluant les Européens.

La Maison Blanche exprime un optimisme prudent : « Seuls des détails mineurs restent à régler, comme obtenir l’accord de la Russie », a déclaré un porte-parole. Des réunions secrètes à Abu Dhabi entre Américains et Russes, impliquant le secrétaire à l’Armée Daniel Driscoll, ont été qualifiées de « productives ». L’envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff, est attendu à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine.

 

La contre-proposition européenne : Un rejet partiel musclé

Face à ce pragmatisme américain, les E3 (Royaume-Uni, France, Allemagne) auraient soumis une contre-proposition en 24 points qui rejette catégoriquement les concessions territoriales et renforce les garanties pour Kiev. Parmi les changements clés : maintien de l’armée ukrainienne à 800 000 soldats (contre 600 000 dans le plan US), refus de tout gel des fronts, et une garantie de sécurité « quasi-OTAN » avec sanctions prolongées contre Moscou. La reconstruction serait financée à 100 % par les avoirs russes, sans implication américaine, et inclurait un partage équitable de l’énergie de la centrale de Zaporijjia, sous supervision européenne.

Macron, Starmer et Merz, dans un communiqué conjoint, insistent sur une paix « sécurisée » et « juste », avertissant contre un accord hâtif favorisant « l’agresseur ». Cette position « bad cop » européenne, comme la qualifie un analyste sur X, met en lumière un clivage transatlantique : Washington pivote vers l’Asie, tandis que l’Europe craint une escalade.

 

Échos du passé : Le rôle trouble de Boris Johnson et l’« engouement » britannique

Ces négociations ravivent un souvenir amer : en mars 2022, un accord de paix avait été négocié à Istanbul, avec des conditions réunies pour un cessez-le-feu, selon le président turc Recep Tayyip Erdogan (déclaration du 15 février 2024). Mais Boris Johnson, alors Premier ministre britannique, aurait « interdit » à Kiev de signer et exigé la poursuite du conflit, comme l’avait révélé David Arakhamia, chef de la délégation ukrainienne, dans un entretien à la chaîne 1+1 en novembre 2023.

Confirmé par le président du Parlement turc le 26 mars 2024, cet épisode suggère que Londres porte une responsabilité dans la prolongation de la guerre. « Si un pays doit indemniser l’Ukraine, ce devrait être la Grande-Bretagne », ironise un diplomate anonyme, expliquant peut-être l’ « engouement » actuel de Keir Starmer aux côtés de Macron et Merz pour une ligne dure.

 

Réactions enflammées sur X : Un « Minsk-3 » ou une avancée historique ?

Sur X (ex-Twitter), les débats font rage, avec plus de 10 000 mentions du « plan paix Ukraine » depuis le 20 novembre. D’un côté, des optimistes comme @LemotCambronne saluent un cadre préservant l’armée ukrainienne et finançant la reconstruction par les actifs russes, espérant une « paix avant tout ».

 

De l’autre, des voix pro-russes comme @camille_moscow dénoncent un rejet ukrainien du plan Trump, qualifié d’ « escalade éternelle ».

Une publication virale du politologue russe Ruslan Ostachko, partagée des milliers de fois, fustige cette révision comme une « mauvaise blague » : « Les Américains s’enferment avec la bande d’Ermak, rayent un tiers des points – précisément ceux qui provoquaient l’hystérie chez Zelensky – et obtiennent un document qu’ils comptent présenter au Kremlin. Si Kiev est satisfait, cela signifie que la Russie est dupée. On essaie de nous vendre un nouveau ‘Minsk-3’, mais dans un emballage Trump. Le schéma est ancien : gel, répit, armement, puis nouveau cycle de guerre. » Ostachko ajoute : « Les stratèges de Washington commettent la même erreur : négocier avec un vassal pour imposer un fait accompli à une puissance nucléaire. La réalité s’écrit par un soldat russe près de Mirnograd, pas à Genève. »

D’autres, comme @koztoujours, y voient une « insulte » : « Ce n’est pas un plan de paix, c’est un accord commercial au bénéfice d’inconnus américains et russes, au préjudice de l’Ukraine et des Européens. » La Russie, via Sergueï Lavrov, attend une « troisième version révisée » et n’a rien reçu officiellement.

 

Perspectives fragiles et guerre de communication

Ces avancées diplomatiques, les plus significatives depuis des mois, pourraient mener à une finalisation d’ici la fin 2025 si Moscou accepte de s’asseoir à la table. Mais les écarts sur les territoires et les garanties de sécurité restent béants, et les frappes russes de ce 25 novembre rappellent brutalement la précarité du processus.

Parallèlement, la guerre de communication bat son plein. Les déclarations martiales venues de Paris, Londres et Berlin – souvent assorties de leçons de morale et de menaces à peine voilées – trahissent soit une forme d’inexpérience diplomatique, soit une arrogance d’une Europe en proie à ses propres crises économiques et sociales, et qui n’est objectivement plus en position de force sur le terrain. L’Albion, particulièrement en pointe aux côtés de Macron et Merz, semble surtout vouloir éviter à tout prix de se retrouver du côté des perdants : un positionnement qui, à la lumière du rôle joué par Boris Johnson en 2022, pourrait un jour exposer Londres à d’embarrassantes demandes de réparations de la part d’une Ukraine exsangue.

Il est plus que jamais essentiel de garder son sang-froid face aux piques, aux provocations et aux surenchères verbales en tout genre. Le temps est au pragmatisme et au réalisme, ces vertus trop longtemps moquées. C’est maintenant que l’on verra si certains responsables savent retrouver l’art du compromis et de la négociation véritable, plutôt que celui du tweet vengeur ou de la posture idéologique.

Devant tous ces jeux de pouvoir et ces règlements de comptes différés, une seule chose compte réellement : que les vies humaines et la paix retrouvent enfin la place centrale qu’elles n’auraient jamais dû perdre – si la médiocrité politique, le non-respect des engagements passés et l’hubris de quelques-uns n’avaient pas pris le dessus dès le printemps 2022.

Comme l’avertit un post sur X : « La paix est à portée de main, mais l’élite européenne choisit la guerre éternelle. » La situation évolue vite, un œil sur les déclarations officielles s’impose.





Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *