Succès en trompe-l’œil du centre, défaite de Geert Wilders
Ces dernières années, les Pays-Bas sont devenus un laboratoire du rapprochement et de l’alliance entre les partis de droite, ceux de droite extrême compris. Les divisions et mésententes, ainsi que les surenchères à propos de l’immigration, ont valu à ces formations une courte défaite aux récentes élections législatives. Mais leur rebond à brève échéance n’est pas à exclure.

Mishka Henner. — « Noordeinde Palace, Den Haag, South Holland » (Palais Noordeinde, La Haye, Hollande-Méridionale), de la série « Dutch Landscapes » (Paysages néerlandais), 2011
© Mishka Henner
Ce fut comme une libération. « Une nouvelle génération s’émancipe de l’emprise de Wilders », se réjouissait le quotidien centriste NRC le 30 octobre. « Un libéral joyeux dans un pays d’extrême droite », abondait De Groene Amsterdammer le même jour. « Hourra, c’est maintenant au tour des partis du centre », s’emballait en Allemagne la Süddeutsche Zeitung (30 octobre). Célébrant « une leçon pour les progressistes » (The Guardian, 5 novembre 2025), les grands titres de la presse internationale faisaient chorus. À l’issue des élections législatives du 29 octobre, la première place du parti libéral progressiste Démocrates 66 (D66) — qui a remporté vingt-six sièges et le plus grand nombre de voix — les soulageait. « Aujourd’hui, déclarait M. Rob Jetten, le dirigeant du parti vainqueur, peu après l’annonce des résultats, des millions de Néerlandais ont tourné une page. » Et ce choix constituerait, à l’en croire, un motif d’espoir pour des dizaines de millions d’Européens ou d’Américains. « Oui, on peut défaire les populistes », affirmait M. Jetten au New York Times (6 novembre).
En réalité, si le Parti pour la liberté (PVV) de M. Geert Wilders perd douze de ses trente-huit sièges à la Chambre basse, le paysage politique néerlandais ne change pas vraiment. Le bloc de la droite radicale ne recule pas (quarante-deux sièges contre quarante et un), il se recompose : à l’avantage de JA21 (« Juste réponse 2021 », neuf sièges) et du Forum pour la démocratie de M. Thierry Baudet (sept sièges) ; au détriment du mouvement conduit par M. Wilders, qui avait triomphé en 2023, loin devant les autres partis. D66 obtient, cette fois, la plus courte victoire de l’histoire des Pays-Bas. Si, avec autant d’élus que le PVV mais plus de suffrages, son chef de file est en droit de tenter de former une coalition, il n’est pas certain qu’il y parvienne, tant le Parlement est fragmenté.
Longtemps les Pays-Bas se sont (…)
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