Les Suisses votent en majorité contre un service civique obligatoire élargi aux femmes


La question du service militaire obligatoire se propage comme une traînée de poudre en Europe. Traditionnellement neutre, la Suisse, qui figure tout de même parmi les rares pays européens à avoir conservé la conscription, envisage un “service civique” obligatoire et surtout, universel. L’initiative a été votée hier, dimanche 30 novembre, et les Suisses l’ont rejetée en masse.

La question du service militaire obligatoire est de plus en plus évoquée en Europe, dans un contexte de tensions géopolitiques accrues liées à la guerre en Ukraine, que de nombreux dirigeants européens prennent comme principal argument pour des déclarations va-t-en-guerre de plus en plus insistantes. Plusieurs pays, comme la Croatie ont son rétablissement dès 2026, d’autres, comme la Pologne et la Roumanie, ont eux, opté pour des formes volontaires, ce qui ravive un débat abandonné par la plupart depuis la fin de la guerre froide.

Un service obligatoire pour les hommes et les femmes

En Allemagne, cette question perturbe fortement la coalition au pouvoir dirigée par Friedrich Merz, où les conservateurs de la CDU/CSU plaident pour un système contraignant face à une pénurie chronique de recrues dans l’armée, tandis que le SPD, plus pacifiste, préfère un volontariat renforcé par de meilleures conditions. Des crises internes ont éclaté depuis des mois, avec des affrontements publics sur l’obligation potentielle dès 2026, menaçant la stabilité du gouvernement malgré un compromis récent pour un projet de loi en décembre visant 20 000 volontaires.

En France, Emmanuel Macron a annoncé la semaine passée un service national purement militaire de 10 mois, volontaire pour l’instant mais potentiellement obligatoire si les menaces s’aggravent, avec un démarrage progressif dès l’été 2026 pour 3 000 jeunes, visant 50 000 par an d’ici 2035. Ce projet enterre le SNU précédent et cherche à répondre aux besoins des armées “face aux risques russes”, sans participation à des opérations extérieures.

En Suisse, où le service militaire reste obligatoire pour les hommes depuis des décennies, la question revient au devant de la scène avec un vote décisif dimanche 30 novembre 2025 sur une initiative populaire visant à le remplacer par un service civique obligatoire pour tous, hommes et femmes, dans l’armée, la protection civile ou des domaines civils comme la cyberdéfense. 

Ce débat s’est intensifié en raison de la neutralité mise à l’épreuve par le conflit ukrainien, où la Suisse adopte une position diplomatique et économique active via des sanctions contre la Russie alignées sur l’UE, en accueillant récemment à Genève des négociations de paix impliquant l’Ukraine, les États-Unis et l’Europe, mais sans aucune implication militaire directe, avec refus de livraison d’armes ou de réexportation vers Kiev.

Cette nouvelle initiative “Pour une Suisse qui s’engage” prévoit l’instauration d’un “service civique” universel et obligatoire. Hommes et femmes seraient concernés pour accomplir leurs obligations non seulement dans l’armée ou la protection civile, mais aussi dans la protection de l’environnement ou l’aide aux personnes vulnérables. 

Les Suisses disent non

L’initiative a été lancée par une association genevoise. Actuellement, seuls les hommes suisses résidant dans le pays sont obligés d’effectuer leur service militaire. L’initiative souhaite ainsi inclure les citoyens habitant à l’étranger, sans les contraindre. 

Aujourd’hui, environ 100 000 hommes composent l’armée suisse. Les élus favorables, comme la sénatrice Johanna Gapany, estiment que le nombre de soldats est bas. “Aujourd’hui, on n’a plus suffisamment de monde, tant dans l’armée que dans la protection civile pour, en cas de guerre, défendre le territoire. Et puis, en cas de catastrophes naturelles, par exemple, pour venir en aide à la population qui est touchée”, affirme-t-elle. 

Si les opposants expriment leur accord avec cet argument, ils soulignent le risque qu’une telle réforme pourrait faire peser sur les caisses publiques. Et puis, “Beaucoup nous disent, “le jour où on nous attaque, la Suisse, c’est terminé en deux jours”. 

Et la même sénatrice de poursuivre, Il faut des hommes et des femmes qui s’engagent. Si vous allez demander à Zelensky, il vous dira combien ça coûte de ne pas avoir suffisamment pour défendre votre territoire”.

Avant l’ouverture des bureaux de vote, les sondages misaient sur un échec de l’initiative, que les résultats ont confirmé. Selon des résultats préliminaires, l’ensemble des 22 cantons suisses se sont prononcés par une forte majorité contre ces mesures avec 84,8 % de non. 





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