Alors que Paris s’agite autour d’hypothèses guerrières et fait de la Russie le grand ennemi, une réalité plus concrète se construit dans le sud de la France : le projet ITER. Un réacteur de fusion gigantesque sur lequel travaillent sept puissances depuis 2006. Malgré les sanctions internationales et les discours martiaux, la Russie continue de contribuer activement à ce projet d’envergure.
C’est une idée soviétique, que Gorbatchev avait présentée pour la première fois à Mitterrand en 1985 : grâce à la fusion nucléaire, produire un plasma contrôlé capable de démontrer la viabilité d’une électricité propre, quasi infinie et sans rejets durables. Après plus de 20 ans d’échanges pour la bonne constitution du projet, l’accord final sur la construction d’ITER est signé au palais de l’Élysée le 21 novembre 2006. Ses représentants sont la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, l’Inde, le Japon, la Russie et l’Union européenne, et le site se déploie à Cadarache, dans le sud de la France.
Tout le monde joue le jeu en apportant sa pierre à l’édifice, et malgré de nombreux reports, la mise en route du réacteur est aujourd’hui prévue pour 2034. La Russie livre en 2022 les aimants supraconducteurs pour le confinement du plasma, et mi-novembre 2025, assure l’arrivée du premier des quatre bancs d’essai, indispensables pour valider la stabilité des aimants avant l’assemblage final. Une livraison passée entre les sanctions, preuve que la « coopération internationale », et le bon sens, contournent parfois les murs que la géopolitique érige.
Pendant qu’Emmanuel Macron martèle que la Russie prévoit de « nous attaquer en 2030 », cette dernière respecte ses engagements internationaux sans broncher. Alors, plutôt que de se concentrer sur les fantasmes guerriers des uns et des autres, peut-être vaudrait-il mieux marquer l’histoire par notre capacité à bâtir ensemble de grands projets.