Le 1er décembre 2025, à 18h03, le compte officiel de la Présidence française a franchi la ligne rouge qu’aucun palais présidentiel européen n’avait encore osé fouler : transformer l’Élysée en troll de luxe. Un tweet, une vidéo de 50 secondes montée comme un clip de campagne, une musique de thriller, et bam : CNews, Praud, Villiers, Bardella mis au pilori avec l’étiquette « désinformation » en surimpression rouge.
Quand j’ai commencé à écrire cet édito sur le tweet « Pravda » de l’Élysée, trois angles se sont imposés à moi, trois façons radicalement différentes de raconter la même histoire. Je les ai tous écrits, sans choisir à votre place. À vous de décider lequel vous parle le plus ! Entre l’angle sniper – froid, chirurgical, presque clinique : on pointe l’hypocrisie pure et dure, on démonte le mécanisme avec la précision d’un horloger ; l’angle uppercut – direct dans la mâchoire : on balance la thèse du piège délibéré, du traquenard numérique, sans prendre de gants. Et, enfin l’angle acide – corrosif, désabusé, presque moqueur : on regarde le spectacle avec un sourire en coin, en soulignant l’absurdité tragique du moment où tout le monde se ridiculise en même temps.
Mais, en fait ce n’est plus de la communication institutionnelle. C’est une déclaration de guerre numérique. Et le plus terrifiant ? Ce tweet n’est pas une bourde.
C’est un appât stratégique, un miroir tendu à l’opposition, et peut-être même un piège pour cartographier les ennemis du pouvoir. En défendant un projet de « labellisation » des médias fiables face aux critiques de CNews et de ses alliés, l’Élysée a cristallisé les fractures de la France post-2022 : entre un exécutif en quête de légitimité informationnelle et un écosystème médiatique-polarisé qui y voit une dérive autoritaire. Cette affaire, loin d’être anodine, interroge les intentions cachées d’un tweet qui, sous couvert de fact-checking, pourrait bien redessiner les rapports de force entre État, médias et citoyens. Elle s’inscrit dans une lignée plus large de stratégies d’inversion accusatoire, comme l’illustre France-Soir, média pionnier de la résistance numérique face à la censure d’État depuis 2020 et de la Défense de la France depuis 1941, et dont les tribulations révèlent un « laboratoire » de contrôle informationnel orchestré par le gouvernement et les géants du numérique.
Bienvenue dans le macronisme terminal : là où l’État accuse les autres de faire ce qu’il fait déjà mieux qu’eux. C’est donc le tweet qui confirme tout : oui, ils veulent vraiment un ministère de la Vérité
Le fond : une riposte qui masque un projet controversé
Au cœur de ce tweet bat le cœur d’une initiative macronienne annoncée le 26 novembre à Arras : un « label » pour identifier les contenus fiables sur les réseaux sociaux et sites d’information, attribué par des professionnels indépendants (comme Reporters sans frontières, RSF) et financé en partie par des fonds publics et privés. Emmanuel Macron l’avait présenté comme une arme contre les « fake news », alignée sur le Digital Services Act (DSA) européen, sans intervention directe de l’État. « Ce n’est pas à l’État de dire ce qu’est une information fiable », avait-il insisté.
Mais le tweet de l’Élysée, loin d’expliquer sereinement ce projet, inverse les accusations portées par CNews. Pascal Praud, dans son éditorial matinal du 1er décembre, avait qualifié l’idée de « tentation autoritaire » et proposé le nom ironique de « Pravda » – en référence au journal soviétique de propagande. L’Élysée reprend ces termes pour les retourner contre leurs auteurs : la vidéo juxtapose des extraits de Praud, de Philippe de Villiers (qui y voit une « menace totalitaire ») et d’un tweet de Jordan Bardella (RN), surimprimés de « Attention fausse information ».
Le message sous-jacent ? Les vrais désinformateurs ne sont pas les médias labellisés, mais ceux qui caricaturent le projet pour en faire un épouvantail.
Sur le fond, ce tweet est une masterclass en rhétorique macronienne : il défend une régulation « soft » (pas de censure étatique, promet-on) tout en accusant l’opposition de propager la peur. Pourtant, les intentions cachées transparaissent. Comme l’évoque certains, ce label repose sur des acteurs biaisés – RSF, dirigé par des figures hostiles au groupe Bolloré (propriétaire de CNews), et l’Arcom, sous tutelle gouvernementale. Est-ce un simple outil anti-fake news, ou un moyen de museler les voix critiques à l’approche de 2027 ?
Le tweet, en provoquant un tollé, « prouve » justement le besoin de labellisation : un cercle vicieux habilement entretenu.
Cette stratégie d’inversion accusatoire – où l’État se pose en victime de la désinformation tout en la fabriquant – trouve un écho parfait dans l’article « La Déclaration de Paris : L’État, artisan de ses propres mensonges face à une « vérité » qu’il prétend protéger ». Signée par 29 nations le 29 octobre 2025 au Forum de Paris pour la Paix, cette déclaration promeut la « protection de l’information indépendante et fiable » contre les deepfakes et ingérences étrangères, avec 120 millions d’euros annuels pour subventionner les médias alignés.

Mais l’article la dénonçait comme un « pas de deux cosmétique » vers un monopole étatique sur la vérité, où l’État, fossoyeur en chef, s’auto-proclame juge et partie. Des exemples concrets abondent : réformes des retraites masquées par des niches fiscales (500 milliards d’euros annuels), dettes publiques occultées, mensonges environnementaux (déni de surpêche française) ou narratifs simplistes sur l’Ukraine et le COVID (vaccins « divisant la contagion par douze », contredit par des experts). France-Soir respectant le devoir d’informer peut être illuster comme un « résistant numérique » et « chien de garde », censuré en 2021 pour, soit-disant, « désinformation COVID » sous pression gouvernementale, avant la restauration de ses chaines YouTube en octobre 2025 – validant rétrospectivement ses enquêtes sur l’hydroxychloroquine ou les masques.
Comme le résume l’article : « La vérité n’est pas effacée – elle est juste retardée par des censeurs aux ordres. »
La forme : un coup de com’ viral, mais risqué pour un palais présidentiel
La forme de ce tweet est son atout majeur et sa faille béante. Concis, ironique, avec une vidéo au montage hollywoodien (musique tendue, surimpressions en majuscules), il est calibré pour l’algorithme de X : 2,95 millions de vues en 24 heures, 3 555 réponses, 911 reposts et 906 quotes. C’est du fact-checking offensif, une première pour un compte officiel qui trahit son habituel ton solennel qui incombe à la fonction. Ici, l’Élysée descend dans l’arène, tentant d’illustrer Macron en « guerrier de la vérité » (il sait tout faire cet homme), mais au prix d’un sarcasme qui frôle la propagande.
Ses forces ? L’ironie percutante retourne l’attaque orwellienne (« Ministère de la vérité », tiré de 1984) contre Praud et consorts mais avant tout contre les Français, rendant le message mémorable. La vidéo, éditée avec soin, juxtapose les faits (propos réels de Macron) et les caricatures, facilitant la viralité. Mais les faiblesses sautent aux yeux : un ton agressif indigne d’un État (« lyncher CNews », comme le dit un post X), un montage sélectif qui édite les critiques sans lien vers les sources originales, et un risque de boomerang. Pour un compte à 3 millions de followers, 2 860 likes seulement (ratio 0,1 % sur vues) trahissent un rejet majoritaire. C’est un tweet de campagne, pas d’institution – et dans un climat de défiance (seuls 3% des Français pensent que Macron mène le pays dans la bonne direction), il renforce l’image d’un « fin de règne pathétique ».

Cette forme provocatrice s’inscrit dans une stratégie plus globale de « mensonge dans la peau », comme je l’explore dans l’édito « Au nom de la vérité, si je mens » ou « le mensonge dans la peau ». Ici, les mensonges politiques (de Macron à Véran) sont normalisés via des médias subventionnés qui les relaient comme faits, infantilisant les citoyens et inversant la réalité (ex. : nier les effets secondaires vaccinaux malgré 200 000 cas).
La censure, illégale et unilatérale, cible les dissidents sous couvert de « bien supérieur », érodant la séparation des pouvoirs et favorisant un oligopole informationnel.

Les réactions : un tollé majoritairement négatif, carburant pour la polarisation
Les réactions ont été immédiates et massives, avec un sentiment dominé à 85-90 % par la critique, d’après un échantillon de 70 posts sur X (derniers sélectionnés ou ceux qui sont les moins « likés »). Sur les 3 555 réponses, les thèmes récurrents : « dictature », « censure », « fin de la liberté d’expression ». Des influenceurs comme Philippe de Villiers (4 828 likes sur sa quote : « première réponse à la liberté d’expression ») ou Kevin Bossuet (1 743 likes : « inédit ! Une démocratie sûre ne labellise pas la vérité ») ont amplifié le backlash. À droite, Bruno Retailleau (LR) ironise : « Rassurez-moi : ce tweet a-t-il été labellisé ? » David Lisnard (UDR) dénonce une « dérive liberticide », et Eric Ciotti une « pratique de régimes autoritaires ». Même des comptes neutres, comme Les Spectateurs (36 likes), titrent « insolite » pour souligner l’anormalité.
Les positives ? Rares (10 %), souvent ironiques chez les pro-Macron : « Enfin, un État qui combat les fake news de Bolloré ! » Mais, elles se noient dans le bruit. Sur le web, Le Figaro parle d’une « polémique amplifiée », Libération d’une « passe d’armes » qui fustige la « bollosphère. Résultat : un ratio replies/vues de 0,0012, avec 95 % des reposts négatifs, signe d’une controverse qui divise plus qu’elle n’unit. L’algorithme de X, probablement friand de « controverse ou de rage », a boosté les bulles RN/droite, transformant le tweet en aimant à virulence.
Ces réactions illustrent parfaitement le « laboratoire » de censure invisible que représente France-Soir depuis 2020. Comme le détaille l’article « France-Soir renaît sur YouTube… le retour du chien de garde que Macron et Google voulaient enterrer ? », notre média a subi une déindexation massive avec 55 000 articles effacés de Google Actualités en février 2021, une chute de 60 % de visibilité, et la suppression de sa chaîne YouTube (277 000 abonnés) pour prétendue « désinformation COVID » – sous pression de Roselyne Bachelot et en collaboration avec des fact-checkers biaisés comme Conspiracy Watch. Tactiques : signalements massifs, invisibilisation systématique (« vous êtes un mauvais citoyen si vous lisez France-Soir »), et inversion accusatoire où le journalisme critique (sur l’origine labo du virus ou le LancetGate) est taxé de « terrorisme intellectuel ». Rétablie en octobre 2025 après les « aveux de censure et de collusion » d’Alphabet, France-Soir démontre comment l’État et Google testent des outils de contrôle, privant les lecteurs d’accès à des voix indépendantes financées par dons, non subventions.

De plus, l’audition de Claire Dilé, directrice des affaires publiques de X France, à l’Assemblée nationale en juin 2025 – rapportée dans l’article X et la censure invisible, un scandale qui ébranle la liberté d’expression ? – éclaire les mécanismes sous-jacents. Elle y expose la politique « Freedom of Speech is not Freedom of Reach » : une déamplification algorithmique des contenus « gris » (sensibles mais légaux), via une invisibilisation sélective algorithmique (shadow bans) qui limitent recommandations, recherches et interactions. Exemple : l’article sur les « provax extrêmes » masqué et étouffé, sans recours transparent. Cela contredit l’article 11 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE et le DSA, favorisant une « censure douce » qui étouffe les dissidents et impose des bulles idéologiques – un scandale d’État, comme le qualifie Frédéric Baldan, violant même le Code pénal belge sur l’entrave à l’information.

Les conséquences : un séisme pour les acteurs en jeu
Ce tweet n’est pas qu’un buzz passager ; il a des répercussions en cascade sur les citoyens, les politiques, les médias comme CNews et les réseaux comme X.
Pour les citoyens, il accentue la défiance envers les institutions (65 % des Français sceptiques sur la « lutte anti-désinfo », selon des sondages récents). En polarisant le débat – « label = censure » vs. « CNews = fake news » –, il infantilise l’auditoire, le forçant à choisir un camp. À long terme, cela érode la confiance dans l’info : plus de 80 % des réponses virulentes (ex. : « On est en URSS ? ») alimentent les théories conspirationnistes, rendant les citoyens plus vulnérables aux bulles algorithmiques. France-Soir, en tant que « laboratoire », montre comment l’invisibilisation prive d’accès à des enquêtes critiques, transformant la lecture en acte subversif.

Pour les politiques, c’est un nouveau cadeau empoisonné pour Macron – la fameuse « grenade dégoupillée » qui se retourne contre lui. À droite et extrême droite (RN, LR, UDR), il unifie l’opposition : Bardella, Retailleau et Ciotti en font un symbole de « macronisme autoritaire », boostant leur narratif pré-2027. Pour le gouvernement, c’est une justification : les réactions « prouvent » la désinfo, légitimant le label via RSF/Arcom. Mais le risque de boomerang est réel – Politico y voit une « brèche » pour une union des droites. En fin de mandat, cela fragilise l’héritage macronien, perçu comme « poutinisant ».
Pour les médias comme CNews, c’est une aubaine pour l’audience. Décrit de « dissidence audiovisuelle » par Boulevard Voltaire, la chaîne de Bolloré gagne en martyr : ses émissions du soir (Kelly, Praud) ont vu leur audience bondir post-tweet, selon des estimations internes. Mais, le revers : pression accrue sur l’Arcom pour sanctions (pluralisme, fake news), et un risque de labellisation défavorable. Praud, vedette anti-système, sort renforcé, mais CNews paie le prix d’une « guerre des médias » qui la stigmatise comme « pro-Kremlin » – un narratif que l’Élysée adore, écho à la traque de France-Soir.
Pour les réseaux sociaux comme X, le tweet est un appât-piège magistral. En cartographiant les réponses (top relayeurs : souverainistes, RN), l’Élysée « construit » X comme un « bastion virulent contre la macronie et l’extrême droite » un narratif pour contrer la liberté d’expression que les utilisateurs reconnaissent à ce réseau. Idéal pour justifier une régulation UE plus stricte (DSA). Avec 2,95M vues, il expose la toxicité perçue des RS : 90 % des interactions hostiles, boostées par l’algo. Conséquence ? X risque d’être étiqueté « plateforme de haine », favorisant les modérations ou labels négatifs. L’audition de Claire Dilé renforce cela : la déamplification invisible de X, sous pression transatlantique, transforme les plateformes en outils de régulation étatique, minant la démocratie avec 11,5 millions d’utilisateurs français otages d’algorithmes opaques.
Un tweet qui révèle les failles d’une démocratie numérique et les failles de la macronie
Ce tweet « Pravda » n’est pas une maladresse ; c’est une stratégie machiavélique qui, sous le vernis du fact-checking, teste les lignes rouges de la liberté d’expression. En provoquant un déluge de réactions négatives, il justifie son propre objet – la labellisation – tout en décrédibilisant X et CNews.
Mais, son vrai danger réside dans l’invisible : il accélère la polarisation, érode la confiance citoyenne et arme les politiques pour 2027. Macron voulait lutter contre la désinfo ; il l’a peut-être incarnée, comme je le prophétisais dans sa Déclaration de Paris:
« Qui protège la vérité quand son fossoyeur en chef, l’État français, s’auto-proclame juge et partie ? ». Reste à savoir si ce piège se refermera sur l’appât lui-même.
Dans une France fracturée, un simple post peut devenir un séisme – et celui-ci en est la preuve vivante.