Les États-Unis chez eux en Équateur ?, par Vincent Ortiz (Le Monde diplomatique, décembre 2025)


Daniel Noboa ouvre les bras aux « gringos »

Congédiés par le président Rafael Correa (2007-2017), les États-Unis reprennent progressivement pied en Équateur, avec l’assentiment de Quito. Sous prétexte de lutter contre le crime organisé, ils consolident ainsi leur présence militaire en Amérique latine et dans le Pacifique. Sanctuaire naturel unique, les îles Galápagos constituent l’un des points d’appui principaux de ce redéploiement.

«Les Américains sont-ils réellement ici pour protéger notre biodiversité ? », fait mine de s’interroger M. Jorge Vázquez. L’expert naturaliste vit sur l’île San Cristóbal, en Équateur, depuis six ans. Le long d’un sentier escarpé, il nous emmène découvrir le spectacle immuable de cette nature protégée… non loin de laquelle patrouillent des garde-côtes de l’armée des États-Unis. Une fois gravie la rocaille, le promeneur rejoint un belvédère naturel surplombant les eaux du Pacifique. En contrebas, sur ce fragment le plus oriental des Galápagos, rien n’interrompt la parade des lions de mer et les excursions des iguanes.

Converti en parc national en 1959, classé au patrimoine naturel de l’humanité par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) en 1978, l’archipel a été sanctuarisé en réserve marine en 1998. Un régime spécial établi par la Constitution équatorienne de 2008 y impose de stricts contrôles sanitaires, afin de prévenir l’invasion d’espèces animales exogènes, de parasites ou de virus… Contrôles dont sont exemptés les militaires de Washington déployés sur place, officiellement dans le cadre d’une « coopération » avec Quito.

« Ici, les Américains ne se cachent pas », témoigne M. Vázquez. Son bras se déporte légèrement vers l’ouest, par-delà l’amas rocheux d’où se dessinent les infrastructures portuaires et aéroportuaires. « C’est ici que stationnent leurs drones. Et sur la piste de l’aéroport que vous pouvez voir derrière, ce sont leurs avions de patrouille qui décollent », décrit notre guide. Il ajoute : « Comme les autres habitants, je me suis habitué au ballet de ces bolides. » Un P-3 Orion (Lockheed Martin), un Awacs (Boeing), un bombardier DHC-8 (De Havilland). Il a fallu agrandir l’aérodrome pour les héberger. Quant au port de ce territoire de six mille âmes, il accueille désormais une flottille américaine.

Menaces prédatrices de Pékin

Cette présence a été (…)

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