Déployé à l’échelle nationale depuis le 1er décembre, le télécontrôle de l’Assurance maladie officialise l’entrée de la surveillance des arrêts de travail à distance… L’institution promet efficacité et modernité, mais c’est surtout un pas de plus vers la fin de la vie privée.
Après les visites à domicile et les convocations en présentiel, la CNAM ajoute la visioconférence à son arsenal pour vérifier le bien-fondé des arrêts maladie, des victimes d’accidents du travail ou de certaines demandes d’invalidité. Testée dans 14 départements cet été, la méthode a frappé fort : « 38 % des arrêts de travail contrôlés à distance ont été interrompus », rappelle l’Assurance maladie, citée Le Point. Une proportion qui justifierait un contrôle à grande échelle pour une question de praticité.
Moins de déplacements pour les médecins-conseils, moins de contraintes pour les patients, et une logistique allégée — les assurés recevant mails et SMS pour se connecter à l’heure dite. Selon la CNAM, « près de 85 % des répondants se sont déclarés favorables à une nouvelle convocation en télécontrôle ». Mais derrière cette modernisation assumée, c’est surtout les caisses de l’Etat qu’il faut protéger, car les indemnités journalières ont atteint 17,1 milliards d’euros l’an dernier, avec une progression moyenne de 6 % par an. Un rythme qui pousse l’institution, comme les entreprises depuis l’après-Covid, à scruter chaque arrêt.
Pour l’heure, le « télécontrôle » ne devra pas dépasser 20 % de l’activité des médecins-conseils. Un plafond qui peut être une garantie, comme le premier jalon d’une future norme.