Un métamatériau mis au point fin 2024 permet, pour la première fois, de courber la lumière visible de façon cohérente afin de rendre un objet totalement indétectable. Une avancée réalisée en laboratoire par une équipe de physiciens, grâce à une architecture nanométrique capable de manipuler le spectre lumineux sur une large plage de couleurs. Une étape décisive vers des applications concrètes dans l’optique, les télécommunications et la défense.
Tordre la lumière comme on plie un fil de fer, voilà ce à quoi sont parvenus une poignée de chercheurs. Contrairement aux essais précédents, limités aux micro-ondes, leur dispositif fonctionne dans le spectre visible. L’astuce : orchestrer des « méta-atomes » sculptés à l’échelle du nanomètre, capables de guider les photons autour d’un objet posé sur une surface. Selon AmphiSciences, qui a révélé la découverte, ce principe de « cloaking tapis » efface optiquement les reliefs sans perturber la phase des rayons réfléchis. La surface paraît ainsi parfaitement plane, comme si rien n’avait jamais été caché dessous.
L’exploit repose sur une structure multicouche corrigeant la dispersion chromatique, ce talon d’Achille des dispositifs d’invisibilité. En empilant des strates aux indices de réfraction soigneusement modulés, les chercheurs ont obtenu une réponse stable du bleu au rouge. Une avancée que la théorie de l’optique de transformation avait prédite, mais que la puissance de calcul et l’IA ont enfin permis d’optimiser. Comme le rappelle une publication de l’Université Duke (2023), ces architectures sont capables de « façonner l’espace optique » en imitant la courbure de l’espace-temps, mais à l’échelle d’un revêtement.
Si la fabrication en grande surface reste un défi industriel, l’horizon technologique est vaste : lentilles ultrafines, antennes sans pertes, circuits photoniques, voire surfaces capables de rendre un bâtiment « transparent » aux signaux. L’invisibilité n’est plus un fantasme.