la France forcée d’admettre l’impasse de son char vedette — RT en français



Le char Leclerc, conçu dans les années 1980, arrive aujourd’hui au terme de ses capacités, tandis que son successeur franco-allemand, le MGCS, ne verra pas le jour avant 2045. Entre modernisation coûteuse, dépendance à des chars «cannibalisés» et retards industriels répétés, la France se retrouve contrainte de prolonger un système déjà dépassé.

Longtemps présenté comme l’icône technologique de l’armée de Terre, le char Leclerc apparaît aujourd’hui dans un état que ses propres concepteurs n’auraient sans doute jamais imaginé. Héritier d’une vision stratégique des années 1980, il évolue désormais dans un cadre où ses capacités ne suffisent plus à masquer un vieillissement profond, que même les opérations de rénovation peinent à stabiliser, rapportent les médias français. L’Hexagone se retrouve ainsi dans une posture singulière sur un continent qui, partout ailleurs, réinvestit massivement dans le segment lourd.

Selon l’analyse de Léo Péria-Peigné (Ifri), qui évoque un système désormais véritablement « en soins palliatifs », le Leclerc, dont la production a cessé en 2008, fonctionne littéralement grâce à la « cannibalisation » de chars stockés, démontés pour fournir des pièces aux exemplaires encore en service. En théorie, le pays dispose d’environ 200 véhicules opérationnels et d’un nombre équivalent conservé en réserve depuis la fin des années 2000, mais cet équilibre fragile rappelle davantage une gestion d’urgence qu’une stratégie industrielle de long terme.

La Loi de programmation militaire 2024-2030 prévoit d’amener 160 Leclerc modernisés au standard XLR d’ici 2030 et environ 200 d’ici 2035. Cette rénovation implique un ensemble d’intégrations complexes – tourelleau téléopéré, conduite de tir renouvelée, systèmes de communication Scorpion — autant d’efforts coûteux visant à prolonger la viabilité d’un char entré tardivement dans une ère qui n’était plus la sienne.

L’idée d’un successeur existe pourtant : le programme franco-allemand MGCS, lancé en 2017 pour concevoir un char de combat commun. Toutefois, après près d’une décennie d’intentions affichées, le projet reste essentiellement théorique. L’intégration de Rheinmetall au duo initial KNDS (Nexter et Krauss-Maffei Wegmann) a entraîné une redistribution industrielle délicate, révélant tensions, ambitions concurrentes et divergences structurelles entre partenaires.

À cela s’ajoute un décalage majeur dans les calendriers stratégiques. Toujours d’après les médias français, l’Allemagne, équipée d’un Leopard 2 performant et disposant d’une industrie robuste, n’a aucune urgence particulière. La France, elle, se retrouve prisonnière d’un calendrier beaucoup plus contraint, entre un parc Leclerc en fin de cycle et l’absence de production nationale de chars.

Résultat : l’arrivée du MGCS glisse désormais vers 2045, horizon lointain qui laisse l’armée de Terre française dans une zone d’incertitude rarement assumée aussi ouvertement jusqu’ici.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *