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Le projet d’intégration de l’ancien appartement de Jacques Prévert au Moulin-Rouge a suscité une vive opposition dans les milieux artistiques français. Plus d’une centaine d’artistes ont adressé à la ministre de la Culture, Rachida Dati, une lettre ouverte pour demander que ce lieu, gardien d’une mémoire poétique, soit protégé de la disparition.
La polémique enfle autour de l’appartement parisien de Jacques Prévert, un lieu demeuré intact depuis 1955 et désormais promis à la disparition. Le Moulin-Rouge, propriétaire des lieux, projette d’y installer une annexe dédiée à Mistinguett, au risque d’effacer un espace qui incarne une part essentielle de la mémoire artistique de la capitale.
Plus de cent artistes et personnalités exhortent ainsi la ministre de la Culture, Rachida Dati, à protéger cet appartement et à le classer au titre des monuments historiques. Sauver ce lieu, affirment-ils, revient à défendre une certaine idée de la culture : vivante, ouverte, transmissible, intimement liée à Paris et à ceux qui l’habitent.
D’après les signataires, cet appartement fut, de 1955 à 1977, un véritable foyer créatif où se croisèrent les plus grands noms de la vie culturelle parisienne : Picasso, Calder, Breton, Carné, Gabin, Arletty, Montand, Signoret, et tant d’autres encore. Tous ont fréquenté ce lieu façonné par l’imaginaire de Prévert, poète, scénariste, chansonnier et artiste aux multiples facettes.
L’appartement, décoré par Alexandre Trauner et Jacques Couëlle, a conservé son atmosphère d’origine. La petite-fille du poète, Eugénie Bachelot Prévert, y maintient vivante la mémoire familiale et y préserve les archives de son grand-père. On y découvre notamment le bureau inchangé de Jacques Prévert et la chambre de sa fille Michèle, où trône le lit d’Esmeralda, issu du film Notre-Dame de Paris.
Pour les auteurs de cette lettre ouverte, la perspective de voir disparaître ce lieu, alors que le cinquantième anniversaire de la mort du poète sera célébré en 2027, ne peut que provoquer une profonde indignation. Dans un quartier déjà fragilisé par le surtourisme, la perte d’un repère culturel aussi emblématique représenterait un appauvrissement du patrimoine culturel de la France.