
Bronwen Sleigh. — « Monar Hydroelectric Dam » (Barrage hydroélectrique de Monar), 2025
© Bronwen Sleigh – &Gallery, Édimbourg
Première source d’énergie renouvelable française décarbonée, rapidement disponible, l’hydroélectricité joue un rôle essentiel à l’équilibre du réseau. Les retenues représentent d’immenses « batteries » liquides, qui répondent également à d’autres besoins vitaux : irrigation, eau potable, navigation, etc.
L’État demeure propriétaire des barrages, à l’exception des plus petits. Mais leur exploitation, autrefois assurée par le monopole public d’Électricité de France (EDF), a basculé dans une logique concurrentielle. L’entreprise privée Engie pilote environ un quart de la production hydroélectrique, tandis qu’EDF — détenue à 100 % par l’État français — est devenue en 2004 une société anonyme régie par le droit commercial, qui a diversifié ses activités et donné la priorité à sa rentabilité financière aux dépens du service public. L’électricité d’origine hydraulique se vend aujourd’hui au prix du marché, totalement déconnecté de son coût réel ! En 2022, il était en moyenne sept fois plus élevé que le coût de production de l’hydroélectricité, ce qui a contribué à la flambée globale des factures.
Un tarif réglementé, équitable et bas
Dans ce contexte, la Commission européenne a ouvert deux précontentieux contre la France : en 2015 pour position dominante d’EDF, puis en 2019 pour absence de mise en concurrence des concessions d’exploitation des barrages. La France temporise, mais le cadre concurrentiel actuel, juridiquement instable et économiquement inefficace, pose de graves problèmes.
Le droit européen autoriserait pourtant une sortie du marché, à condition de confier l’exploitation des barrages à l’État, directement ou par l’intermédiaire d’une entreprise publique en contrat de « quasi-régie », selon le modèle de gestion publique de l’eau ou des transports, en vigueur dans de nombreuses collectivités. Sa situation de monopole imposerait à l’entité publique de limiter ses activités à l’hydraulique, donc d’être (…)
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