Le pouvoir syrien conserve la carte russe, par Igor Delanoë (Le Monde diplomatique, décembre 2025)


Quel avenir pour les bases militaires de Moscou ?

Conséquence de la guerre en Ukraine, où Moscou a engagé l’essentiel de ses forces, la Russie a observé impuissante la chute du régime de M. Bachar Al-Assad, qu’elle avait sauvé en 2015. L’ancien dirigeant syrien lui garantissait l’usage de deux bases militaires de portée stratégique. Quel sort leur réservent les anciens rebelles, aujourd’hui aux commandes du pays, et que bombardait hier l’aviation russe ?

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L’effondrement du régime de M. Bachar Al-Assad en décembre 2024 a porté un coup dur à la Russie. Alors que son intervention militaire, à l’automne 2015, avait permis de sauver le régime syrien — et de marquer un retour sur la scène proche-orientale et en Méditerranée —, elle a échoué à maintenir son allié au pouvoir. Cet échec aurait pu se transformer en revers logistique et stratégique de premier ordre si Moscou avait perdu ses deux bases militaires — la première, navale, de Tartous, et la seconde, aérienne, de Hmeimim, toutes deux sises sur le littoral. Elles jouent chacune un rôle majeur dans la capacité de déploiement des forces russes. Leur avenir était au menu des discussions entre le président russe Vladimir Poutine et M. Ahmed Al-Charaa, nouveau chef de l’exécutif syrien, en visite à Moscou le 15 octobre dernier. Précédée par un cycle de rencontres de haut niveau durant l’été, cette première entrevue s’est conclue par un engagement de Damas à respecter tous les accords passés par l’ancien régime.

Plus précisément : Moscou utilise ses bases syriennes dans le cadre d’un accord bilatéral signé avec Damas en janvier 2017 (pour une durée de quarante-neuf ans), que les nouvelles autorités ont suspendu sans toutefois le dénoncer, dans l’attente d’une probable renégociation. De la fin des années 2000 au renversement de son allié, le « point d’appui matériel et technique » de Tartous, selon la terminologie en vigueur, permettait au détachement naval opérationnel russe de croiser de manière permanente en Méditerranée. La base abritait rarement plus d’une demi-douzaine d’unités (navires de surface, sous-marins à propulsion classique, bâtiments de soutien). Ses infrastructures, modestes, autorisaient des opérations logistiques légères et, en l’absence de chantier naval, seul l’entretien élémentaire des bâtiments pouvait y être réalisé. Les bâtiments russes qui venaient du nord et de la Baltique s’appuyaient toujours sur Tartous pour se (…)

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