La nouvelle stratégie de sécurité nationale américaine 2025 : un « America First » musclé et ses répercussions pour la France


Alors que le monde est encore marqué par les soubresauts de la pandémie, les tensions russo-ukrainiennes et les rivalités sino-américaines, l’administration Trump a dévoilé en novembre 2025 sa Stratégie de Sécurité Nationale, un document de 33 pages qui tranche radicalement avec les approches multilatéralistes des années passées. Signé par le président Donald J. Trump, ce texte – que nous appellerons ici la « Stratégie Trump 2025 » – réaffirme un « America First » intransigeant, axé sur la restauration de la souveraineté américaine et la priorisation des intérêts nationaux. Il s’inscrit dans la continuité de la première administration Trump, en corrigeant ce qu’il qualifie d’erreurs des élites post-Guerre froide : une quête illusoire de domination mondiale, une dépendance excessive aux institutions internationales et une dilution des ressources américaines au profit d’alliés réticents.

Pour les Français, habitués à une vision européenne plus intégrée, ce document mérite un décryptage clair : il n’est pas seulement un manifeste, que les mainstreams traiteront d’« isolationniste », mais c’est un appel à une redistribution des charges au sein des alliances, avec des implications directes pour l’OTAN, l’Europe et la France. Dans une seconde partie, nous tracerons un parallèle avec la posture française sous Emmanuel Macron, via un tableau comparatif, avant d’analyser les conséquences potentielles pour Paris.

Résumé vidéo de l’article : 

 

Décryptage de la Stratégie Américaine – un retour aux fondamentaux « America First »

La Stratégie Trump 2025 s’ouvre sur un bilan triomphal des neuf premiers mois de la seconde présidence Trump : restauration des frontières, investissements massifs dans l’armée (1 000 milliards de dollars), démantèlement des « idéologies woke » dans les forces armées, et une série de succès diplomatiques fulgurants, comme l’opération « Midnight Hammer » contre les capacités nucléaires iraniennes ou la résolution de huit conflits mondiaux (dont Gaza, Inde-Pakistan et Kosovo-Serbie). Ce préambule tonitruant pose le ton : l’Amérique est « forte et respectée à nouveau», et la stratégie vise à pérenniser cette hégémonie sans « fardeaux globaux inutiles ».

Les erreurs passées et la correction Trump

Le document critique durement les élites post-Guerre froide, accusées d’avoir poursuivi une « domination mondiale permanente » illusoire, au prix d’une désindustrialisation, d’alliances parasitant les États-Unis et d’institutions internationales anti-américaines. Trump y est présenté comme le « correctif nécessaire » : son premier mandat a prouvé qu’une politique focalisée sur les intérêts vitaux – sans « liste de courses » de vœux pieux – est viable.

La stratégie se structure autour de trois questions : Que veut l’Amérique ? Quels moyens a-t-elle ? Comment les connecter ?

Stratégie américaine

Les objectifs : une Amérique souveraine et puissante

Au cœur, des priorités internes : survie de la République, contrôle des frontières, infrastructure résiliente, armée « létale et technologiquement avancée », économie innovante, base industrielle robuste, secteur énergétique exportateur, et une « santé spirituelle et culturelle » restaurée (familles traditionnelles, fierté nationale). Sur le plan externe, cinq intérêts vitaux guident la politique étrangère :

  • Hémisphère Ouest : stabilité pour freiner les migrations, coopération anti-cartels, et un « corollaire Trump à la doctrine Monroe » pour exclure les incursions étrangères (Chine, Russie).
  • Indo-Pacifique : halte aux pratiques commerciales prédatrices, liberté de navigation, chaînes d’approvisionnement sécurisées.
  • Europe : soutien aux alliés pour préserver la liberté et la sécurité, tout en restaurant la « confiance civilisationnelle et l’identité occidentale» de l’Europe – un clin d’œil à la fin du « déclin moral » perçu.
  • Moyen-Orient : Éviter les « guerres éternelles», prévenir la domination par une puissance adverse (Iran, Chine), sécuriser pétrole et points de tensions. –
  • Afrique : Stabilité minimale pour les approvisionnements critiques. L’Europe n’est pas un « fardeau» à abandonner, mais un partenaire à responsabiliser : les alliés doivent contribuer plus (NATO à 5 % du PIB, contre 2 % auparavant).
 
Les moyens : un arsenal inégalé, mais discipliné

Les États-Unis s’appuient sur leur économie (la plus innovante), leur dollar dominant, leur armée invincible, leurs alliances et leur « soft power » culturel. Ajoutez-y la réindustrialisation trumpienne, l’énergie libérée et la lutte contre le « DEI » (diversité, équité, inclusion) pour une « culture de compétence ». La dissuasion nucléaire est modernisée avec un « Golden Dome » antimissile. Pas de promesses folles : tout est priorisé sur les intérêts vitaux.

En résumé, pour un Français : cette stratégie est une realpolitik pur, anti-globaliste, qui voit le monde comme un jeu à somme nulle où l’Amérique gagne en se recentrant. Elle rompt avec l’idéalisme obamien ou bidenien, mais promet de la stabilité – à condition que les alliés paient leur part.

 

Parallèle avec la France – convergences, divergences et conséquences géopolitiques

La France de Macron, en « mode économie de guerre » depuis 2022, partage avec Trump une rhétorique de souveraineté et de réarmement, mais dans un cadre européen plus intégré et multilatéral. Macron prône une « posture guerroyante » face aux « politiques de puissance » russes et chinoises, doublant le budget défense à 64 milliards d’euros d’ici 2027 et battant des records d’exportations d’armes (21,6 milliards en 2024).

Sur la Russie, il est « hawkish » (belliciste) : livraisons d’équipements à l’Ukraine pour 3,08 milliards d’euros depuis 2022 (risquant d’épuiser 25-40 % des stocks français, tel que l’a dénoncé le général Paul Pellizzari, aujourd’hui radié pour avoir porté plainte contre Attal, Séjourné Lecornu pour livraison d’armes contraire à la Constitution), et proposition d’étendre la dissuasion nucléaire française à l’Europe pour contrer les menaces russes.

Pourtant, une crise de confiance abyssale mine cette ambition : 71 % des Français jugent Macron « mauvais président », 62 % appellent à sa démission, et 87 % veulent une paix rapide en Ukraine. Pour comparer, voici un tableau synthétique des positions clés :

Analyse des conséquences pour la France : opportunités et pièges

Cette Stratégie Trump 2025 arrive à un moment critique pour Paris.

Sur l’Europe et l’OTAN, l’appel à 5 % du PIB en défense (contre 2 % actuel) met la pression : la France, déjà à 2 % environ, pourrait devoir suivre pour éviter un retrait américain partiel, affaiblissant l’Alliance face à la Russie – perçue comme la « menace n°1 » par 62 % des Français. La proposition de Macron de « dissuasion européenne » via le nucléaire français, aurait pu combler ce vide et renforcer l’autonomie de l’UE, mais elle risque une escalade avec Moscou (77 % des Français craignent une guerre nucléaire) et une violation du TNP, isolant Paris diplomatiquement. De plus les Français sont opposés à la mutualisation de l’arme nucléaire.

Sur l’armement et la Russie, les convergences sont fortes : comme Trump, Macron booste les exports (Rafale à l’Indonésie, Serbie) pour des « partenariats durables », mais sans approbation parlementaire, ce qui alimente l’opacité critiquée (résolution sénatoriale bloquée). L’aide massive à Kiev (plus de 40 Md€ français) risque la « cobelligérance », alors que 41 % des Français veulent stopper ou réduire cette aide, et 87 % demandent une paix négociée. Avec Trump potentiellement plus conciliant sur l’Ukraine (focus paix mondiale), Macron pourrait se retrouver isolé, ses sanctions anti-Russie blâmées pour l’inflation (46 % des sondés).

Économiquement, les « tariffs » trumpiens menacent les exports français (automobile, luxe), tandis que la réindustrialisation US concurrence l’ « économie de guerre » hexagonale. Enfin, la crise de confiance en Macron (64 % ont « honte » du président) – exacerbée par des rumeurs sur sa santé et un rejet de sa « posture guerroyante » – affaiblit la France face à un Trump charismatique.

Sondage

Conséquence : Paris devrait être enfin tenté de pivoter vers une « Europe des Nations » conformément aux volontés des Français (58 % y adhèrent), mais au risque d’une paralysie interne si la grogne populaire (83 % voient le gouvernement inapte aux réformes) culmine. En filigrane, la Stratégie Trump invite la France à une introspection : souveraineté oui, mais sans l’appui américain inconditionnel. Pour Macron, c’est un test : sa vision « européenne » pourra-t-elle tenir face à un realpolitik atlantique revigoré ?

L’avenir dira si Paris saura transformer ces défis en atouts stratégiques.





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