Un cas d’école de mignon recyclé, où la loyauté paie plus que le CV
Premier converti, ami de trente ans, artisan de la machine « En Marche », Richard Ferrand, 63 ans, est le mignon historique « homard et champagne »par excellence. Breton trapu, regard perçant, il a gravi les échelons macroniens à la vitesse d’un favori royal – jusqu’à ce que les scandales le mettent sur la touche.
Mis en examen, évincé du perchoir de l’Assemblée nationale, il refait surface en février 2025 comme Président du Conseil constitutionnel. Sa nomination a été validée par les deux assemblées (Sénat et Assemblée nationale), à une voix près. Validée malgré son inexpérience juridique notoire et ses nombreuses casseroles.
Des mutuelles bretonnes à la conquête de l’Élysée
Né en 1962 à Rodez, mais ancré en Bretagne, Richard Ferrand débute comme journaliste local ,avant de plonger dans le « social » » : directeur des Mutuelles de Bretagne dès 1998. PS historique (conseiller général, député du Finistère de 2007 à 2012), il rompt avec le parti en 2014 pour s’attacher à Emmanuel Macron (alias « Le Mozart de la finance », le mignon impubère de François Hollande, Président à l’époque), qu’il rencontre via Pierre Moscovici.
En 2016, « Le bulldozer breton » (surnom gagné pour son acharnement) est le premier parlementaire à rallier En Marche, en devenant secrétaire général du mouvement naissant.
Mai 2017 : élu député, il est nommé ministre de la Cohésion des territoires – mais seulement pour trois semaines. L’affaire des Mutuelles explose : en 2011, comme directeur, il fait louer des locaux appartenant à sa compagne (Sophie Tantot, collaboratrice) par l’organisme mutualiste, à un loyer avantageux (1 600 €/mois pour 500 m²). Gain estimé : 300 000 € pour elle. Révélé par Le Canard enchaîné, le scandale torpille son ministère.
Mis en examen en 2019 pour « prise illégale d’intérêts », il est sauvé par la prescription en 2022 (non-lieu). Mais la tâche colle.
Pourtant, Macron le protège : en 2018, il le propulse président de l’Assemblée (2018-2022), malgré les protestations. Ferrand gère les débats âpres (retraites, bioéthique), mais accumule les bourdes : comptage raté des voix en 2019, nominations controversées (comme Véronique Malbec au Conseil constitutionnel en 2022, ex-procureure qui avait classé son affaire sans suite).
Battu aux législatives de 2024 dans le Finistère, il est mis sur la touche momentanément.
Le fidèle mis à l’écart pour « se refaire une santé », puis recyclé.
Abus et mystères, Ferrand est le mignon type : promotion par fidélité, népotisme assumé, influence locale (Bretagne) au service du prince.
Ses abus ? Au perchoir, il use de son marteau pour étouffer les oppositions et nomme des alliés (Malbec, justement, promue malgré les soupçons de complaisance).
L’affaire des mutuelles n’est que la partie visible de l’iceberg Richard Ferrand affaires judiciaires : des rumeurs de favoritisme dans les mutuelles (emplois fictifs ?), notamment, s’activent sous la surface, ainsi qu’une gestion opaque de l’Assemblée (dépenses somptuaires).
Mais, la nomination au Conseil constitutionnel, en février 2025, défie l’entendement.
Proposé par Macron pour succéder à Fabius (mandat finissant en mars), il passe un « double oral » houleux aux commissions des Lois (Assemblée et Sénat).
Les critiques sont unanimes : proximité excessive avec l’Élysée (« Il votera toujours Macron ! »), inexpérience en droit constitutionnel (pas de master en droit public), et moralité douteuse (l’affaire prescrite). Les LR (Marleix, Wauquiez) le torpillent sur sa « moralité », la gauche sur son « népotisme » (Malbec comme preuve).
Cependant, sa nomination est validée à une voix près (39 pour, 58 contre) grâce à une abstention RN salvatrice. Jean-Luc Mélenchon dénoncera alors ce qu’il appelle un « deal », un petit arrangement en coulisses dont Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont l’habitude.
Richard Ferrand entre ainsi en fonctions à la présidence du Conseil constitutionnel le 8 mars 2025.
Dès lors, la question se pose : pourquoi lui ?
Que sait-il ? Quel secret détient-il pour décrocher ce poste que des juristes chevronnés convoitaient ? Les spéculations fusent :
- Les secrets d’initié : ami de Macron depuis 2012, il détient des dossiers sensibles – campagnes 2017/2022, financements En Marche, intrigues internes (Benalla, Kohler, affaire Brigitte).
- Le recyclage loyal : mis sur la touche après 2022, il a patienté en retrait, écrivant des livres (Le temps des partages, 2023) pour polir son image. Macron le récompense pour services rendus : il a tenu l’Assemblée pendant les crises.
- Le contexte politique : en cohabitation alors avec François Bayrou en poste à Matignon, Emmanuel Macron a besoin d’un allié sûr au Conseil constitutionnel pour valider (ou bloquer) les lois. Des juristes comme Vichnievsky et Bas (nommés en même temps que Richard Ferrand) font plus consensuels, mais Richard Ferrand est le chien de garde.
Le sort réservé : apothéose ou bombe à retardement ?
Comme les mignons d’Henri III, Richard Ferrand brille tardivement, mais il risque la chute.
À la tête du Conseil constitutionnel, il arbitre déjà des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) brûlantes : réforme des retraites bis, immigration.
Mais les ombres persistent : des plaintes pour partialité, et l’affaire Malbec qui refait surface.
S’il survit au quinquennat, c’est une retraite dorée (indemnités à vie).
Sinon, comme Épernon, il trahira pour survivre.
Richard Ferrand incarne le mignon recyclé d’une République plus que jamais parasite despotique vorace de la Nation France : à la cour du roi les scandales ne tuent pas, la loyauté récompense. Et comme l’explique un des observateurs de la Cour « avec Ferrand, on est loin d’avoir tout vu et sa position au Conseil constitutionnel permettant à Macron toutes formes de délits d’initiés, on n’est pas au bout de nos surprises. »
Malheureusement, tout cela a un coût. Et le tribut que la Nation France paie à cette entité étrangère à ses préoccupations est éminemment lourd. Et c’est encore pire pour le pays lui-même. Et à tous les niveaux !
À suivre dans l’épisode 3 : Sibeth Ndiaye, la mignonne clouée au pilori – bourdes, frasques et isolement d’une favorite éphémère.