Taxe Zucman, aides aux entreprises, retraites…
Le « patron des patrons » Patrick Martin s’inquiète d’un budget « suicidaire » ; l’élite économique fait de la surenchère. Mais les organisations patronales ont-elles jamais donné dans la nuance ? Elles s’y montrent à coup sûr moins enclines quand le capitalisme français se fissure, rattrapé par ses divergences, en particulier sur le rôle de l’État.

Michal Mraz. — « House of Cards » (Château de cartes), 2024
© Michal Mraz – Courtesy Galerie Olivier Waltman, Paris, Miami
Le 11 octobre dernier, Le Figaro, propriété de M. Laurent Dassault, huitième fortune française, brosse le tableau de « grands patrons catastrophés par le chaos politique ». Quelques jours plus tard, une note de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) semble corroborer cette vision : « La hausse de l’incertitude liée à la politique nationale amputerait le PIB [produit intérieur brut] de 0,8 point sur la période 2024-2026. » Et, quand l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) annonce un rebond de l’activité au troisième trimestre, Les Échos, propriété de M. Bernard Arnault, première fortune nationale, mettent néanmoins en garde : « Une énième crise politique casserait la dynamique d’un pays qui reste en faible croissance » (31 octobre – 1er novembre).
Décisions erratiques du président de la République Emmanuel Macron, chahut parlementaire, pression fiscale, décalage de la réforme des retraites : à en croire experts et éditorialistes, les investisseurs seraient prêts à détaler, et le Mouvement des entreprises de France (Medef) n’aurait d’autre choix que de hausser le ton. En juin dernier, il torpille le conclave sur les pensions. La Confédération française démocratique du travail (CFDT) s’était alors résignée à fixer la fin de carrière à 64 ans, si les employeurs consentaient à mieux prendre en compte la pénibilité. Non seulement le patronat rejette cette concession minuscule, mais il passe à l’offensive dans les mois suivants : refus de la conférence sociale annoncée dans le discours de politique générale du premier ministre Sébastien Lecornu ; sabordage de la négociation sur la revalorisation des retraites complémentaires, en représailles à la suspension de la réforme dite « Borne ». Quatorze millions de pensionnés voient ainsi leur pouvoir d’achat baisser parce que les chefs d’entreprise, du moins leurs représentants les plus illustres, sont en (…)
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