Au Rwanda, le pari du sport, par Michael Pauron (Le Monde diplomatique, décembre 2025)


Le sponsoring en Occident au nom du développement

Première nation d’Afrique à avoir accueilli les championnats du monde de cyclisme sur route, en septembre 2025, le Rwanda finance aussi des équipes de football de renommée mondiale. Si cette diplomatie sportive en plein essor lui permet de redorer son image, abîmée par un régime autoritaire et son implication dans la guerre des Kivus, l’objectif est aussi d’attirer des investissements dans ce pays enclavé.

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Daniel Onguene. — « Le Sport aux sportifs, la politique aux politiciens », 2022

© Daniel Onguene – OOA Gallery, Barcelone

À quelques jours du début des Mondiaux de cyclisme sur route (21-28 septembre), Kigali, la capitale du Rwanda, se parait des couleurs de l’Union cycliste internationale (UCI) quand, le 18 septembre, un couac à six mille kilomètres de là est venu perturber la communication bien huilée du régime. À l’aéroport de Bruxelles, le journaliste Stijn Vercruysse est empêché d’embarquer. Malgré une accréditation, signée par le ministère des sports rwandais et par l’UCI, les positions critiques de sa chaîne à l’égard du pouvoir lui ont finalement fermé les portes du vol Brussel Airlines à destination du « pays des mille collines ».

Rien ne devait gâcher le deuxième plus grand événement sportif mondial jamais organisé en Afrique, après la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, en 2010. Pendant une semaine, la course a offert à ce pays d’Afrique centrale grand comme la Bretagne une visibilité exceptionnelle. Retransmise dans trente-trois pays, elle a rassemblé au moins trois cents millions de téléspectateurs, dont plus d’un million et demi rien qu’en France. Sept jours durant, des images idylliques, entre modernité et nature luxuriante, ont servi de plans de coupe lors de la diffusion des épreuves.

Un partenariat controversé avec le PSG

Si l’organisation de l’événement a été saluée par l’UCI et les coureurs, le pays a été accusé par des médias et de nombreuses associations d’utiliser le sport pour redorer son blason (sportswashing). Le président Paul Kagamé, qui se trouve à la tête de l’État depuis 2000 et a été réélu en 2024 avec 99,18 % des voix, chercherait à détourner l’attention internationale des atteintes aux droits fondamentaux perpétrées dans son pays. Cette diversion aurait aussi pour objectif de faire oublier son soutien à la rébellion congolaise, dénoncé notamment par l’Organisation des Nations unies (ONU) et la République démocratique du Congo (RDC).

La réputation internationale du pays préoccupe (…)

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