PRÉAMBULE :
« Avant la fin de l’année » avais-je parié avec Dédé (prénom d’emprunt). « Chiche » qu’il m’a répondu, le con. Et croyez-moi, il va raquer le Dédé. D’abord parce que j’en ai marre de gagner à tous les coups et de ne jamais rien empocher en retour. Ensuite, j’en ai marre d’être son « ami communiste avec qui on peut discuter » alors que je ne sais même pas si je le suis, même si ça ne me gênerait pas plus que ça de l’être. Ce faisant, il croit me rendre service en « tempérant mon extrémisme » alors que je pense au contraire que c’est grâce à moi qu’il a quelques pépites de savoir utile dans un cerveau par ailleurs disponible 24/24h et 7/7j.
Dédé se pense « progressiste » et « libéral » et « informé » alors qu’il lit Le Point et regarde Cnews. Je l’accuse d’être de droite et lui se défend en disant qu’il vote socialiste. Alors, quand je lui rétorque « C’est pareil, j’ai encore raison », il a ce regard perdu accompagné d’un « pourquoi tu dis ça ? » qui me fend le coeur et du coup je me sens obligé de lui payer un coup à boire. En y réfléchissant, je me demande si ce n’est pas une stratégie de sa part pour boire à l’oeil et pour m’arnaquer. Du coup, c’est bien possible qu’il soit de droite et vote socialiste.
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Ca faisait un bon bout de temps qu’on se le disait entre nous – le « nous » étant ceux qui suivent l’actualité – sans savoir quand, où, par qui ni comment. Mais on le sentait venir. On le savait venir.
Pas besoin d’être un génie en fait. En partant du constat que « plus nos réactions sont prévisibles et plus nous devenons manipulables » – le « nous » ici étant l’opinion dite publique – il y a un glissement naturel de envisageable à prévisible à probable pour aboutir à certitude. Tôt ou tard, quelqu’un, quelque part, le fera. Et chaque fois que nous réagissons « comme prévu » à ce genre d’évènement, il y a quelque part des bouchons de champagne qui sautent.
Et comme à chaque fois, il faut se farcir le passage obligé des déclarations de rigueur entendues déjà mille fois en d’autres circonstances, interchangeables à souhait, aussi prévisibles que creuses.
Mais si l’expérience Wikileaks nous aura appris une chose, c’est l’écart monumental entre ce qu’on nous raconte et ce qui se trame.
Revenons à Sydney. Netanyahu, par une gymnastique intellectuelle de niveau Olympique, vient d’accuser le Premier ministre Australien d’être responsable de l’attentat parce que l’Australie, voyez-vous, a récemment reconnu la Palestine. On peut retourner cette déclaration dans tous les sens, l’examiner sous tous les angles, ça ressemble furieusement à l’annonce de l’exécution de menaces déjà proférées par le sombre individu.
Alors, pour s’amuser un peu, posons la question de rigueur dans certaines circonstances (mais pas toutes) : à qui profite le crime ?
Pour y répondre, nous allons employer une méthode scientifique. Pic et pic et colégram, Bour et bour et ratatam… « Israël ». Hum… il doit y avoir une erreur. Recommençons. Pic et pic et colégram… « Israël ». La science a parlé. Et les sionistes aussi, à voir les réseaux sociaux.
Comme dans toute secte, les mots d’ordre de récupération systématique se sont répandus avec la fluidité et l’aisance d’un dirigeant israélien qui annonce ses intentions génocidaires.
On trouvera par exemple l’image d’une manifestation anti-génocide à Londres accolée à celle du massacre à Sydney, le tout présenté comme une relation de cause à effet.
On lira la litanie habituelle, qui va crescendo, du danger que représente l’Islam (par opposition à … ?). Et c’est Israël, avec son petit corps et ses soldats en sous-vêtements féminins, qui serait le dernier rempart contre la barbarie (ça s’appelle combattre le feu par le feu).
Et le coupable, c’est le Premier ministre Australien. Ou le Hamas. Ou l’Iran et le Hezbollah. Sans oublier la France Insoumise.
Au final, on pourrait résumer toutes ces réactions à celle-ci : « aah… si seulement ce fusillade pouvait détourner l’attention et effacer un génocide de la mémoire collective« . D’ailleurs, certains se sont offusqués à l’emploi du mot « fusillade ». Ils ont raison. C’est comme parler de « guerre » à Gaza.
En tous cas, je constate qu’il est plus facile de trouver deux ou trois abrutis prêts à tirer dans le tas sur une plage en Australie qu’un sioniste qui ne soit pas déjanté.
Dans une scène de la bande-dessinée « Astérix aux Jeux Olympiques », Astérix, sans sa potion magique, n’arrive pas à courir assez vite pour se qualifier. Obélix observe alors le sablier qui sert de chronomètre et demande « et en mettant du sable plus fin ? ».
Mais la finesse n’est pas vraiment leur point fort.
Viktor Dedaj