un générateur nucléaire perdu par la CIA dans l’Himalaya — RT en français



En pleine guerre froide, une mission conjointe américano-indienne visant à surveiller les Chinois s’est soldée par la perte d’un générateur nucléaire sur le mont Nanda Devi. Resté introuvable, cet appareil contenant du plutonium suscite encore des inquiétudes, notamment en raison de la fonte des glaciers et du risque d’une utilisation détournée.

En 1965, une opération secrète de la CIA menée sur le mont Nanda Devi, dans l’Himalaya indien, a abouti à la disparition d’un générateur radio-isotopique contenant du plutonium, rapporte le New York Times. Cette montagne, la deuxième plus haute d’Inde avec ses 7 816 mètres, devait accueillir un dispositif de surveillance destiné à des missions de renseignement à long terme, réalisées pour la première fois en 1964 sur un site du Xinjiang.

Des alpinistes américains et indiens avaient pour mission d’installer au sommet un équipement de renseignement, comprenant un générateur nucléaire portatif SNAP-19C. L’appareil renfermait une quantité de plutonium équivalente à près d’un tiers de celle utilisée dans la bombe de Nagasaki. Une violente tempête de neige força toutefois l’équipe à interrompre l’opération. Sur ordre du responsable de la mission, le dispositif fut dissimulé dans un camp en altitude avant l’évacuation de l’équipe.

Le générateur ne fut jamais retrouvé. Il contenait du plutonium-239 et du plutonium-238, isotopes employés à la fois dans les armes nucléaires et dans les sources d’énergie spatiales. Soixante ans après sa perte, le gouvernement américain continue de refuser toute reconnaissance officielle de l’incident.

L’objectif de cette mission était de combler le manque d’informations des États-Unis et de l’Inde sur le programme nucléaire chinois, particulièrement difficile à surveiller à l’époque, selon le quotidien américain. Toutefois, la disparition du générateur soulève encore aujourd’hui des interrogations. Les scientifiques estiment qu’il ne peut pas exploser spontanément, faute de mécanisme de déclenchement. Néanmoins, le plutonium reste extrêmement toxique et peut provoquer des cancers des poumons, du foie ou des os.

Un danger aux conséquences internationales

Avec la fonte progressive des glaciers himalayens, le dispositif pourrait réapparaître et représenter un danger pour toute personne qui entrerait en contact avec lui, surtout s’il est endommagé. Certains experts évoquent également le risque qu’un noyau de plutonium soit récupéré à des fins malveillantes, notamment pour la fabrication d’une bombe « sale ».

Des habitants de villages isolés en haute altitude, ainsi que des environnementalistes et des responsables politiques, expriment également leurs inquiétudes face au risque que l’appareil glisse dans un cours d’eau gelé et libère des matières radioactives dans les sources du Gange. Ce fleuve, le plus sacré de l’Inde, constitue une ressource vitale pour des centaines de millions de personnes.

Longtemps classée secret-défense, l’affaire n’a été révélée publiquement que le 12 avril 1978, après une enquête du journaliste Howard Kohn publiée dans le magazine Outside. À la suite de ces révélations, les députés démocrates John D. Dingell et Richard L. Ottinger ont exhorté le président Jimmy Carter à prendre « toutes les mesures nécessaires » afin de résoudre ce qu’ils qualifiaient de situation grave et préoccupante.



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