Bientôt une route Trump dans le Caucase ?, par Jean Radvanyi (Le Monde diplomatique, décembre 2025)


Possible accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Dans le conflit qui oppose l’Arménie et l’Azerbaïdjan, une étape importante a été franchie cet été avec la signature d’une série de documents entre les deux pays. Paraphés à Washington, et non à Moscou, ils lèvent certains obstacles à l’ouverture d’un corridor qui devrait relier le territoire azerbaïdjanais à son exclave du Nakhitchevan puis à la Turquie. Cette route porterait le nom du président américain.

En arrachant le 8 août 2025, dans le bureau Ovale, la signature d’un accord préliminaire en vue d’un traité de paix entre le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le premier ministre arménien Nikol Pachinian, le président américain Donald Trump réalise ce que le groupe de Minsk n’a pas obtenu après plus de trente ans de conflit. Coprésidée par les États-Unis, la France et la Russie, cette instance multilatérale créée en 1992 incluait plusieurs pays européens, la Turquie ainsi que les belligérants. Avec la « route Trump pour la paix et la prospérité internationales » (Tripp), censée relier l’Azerbaïdjan et son exclave du Nakhitchevan à travers le territoire arménien grâce à des infrastructures financées, voire sécurisées, par Washington, M. Trump contribue à lever un obstacle majeur à la paix. Il réalise au passage l’une de ces opérations politico-commerciales dont il est friand. Mais ce corridor de transit concrétise surtout un grand rêve panturc : assurer la continuité territoriale entre la Turquie et le monde turcophone oriental.

Ce préaccord entend mettre fin à un conflit qui a connu de multiples rebondissements, liés au morcellement des peuplements dans la région. Sans reprendre l’histoire de ce territoire que se disputent Arméniens et Azéris depuis des siècles, on peut en dater l’origine à juillet 1921. Joseph Staline impose alors un découpage asymétrique : d’un côté, le Nakhitchevan, séparé du reste de l’Azerbaïdjan par le Siounik arménien et abritant une importante population azérie (dont le puissant clan Aliev), sera une république autonome sous la tutelle de Bakou ; de l’autre, le Haut-Karabakh (« jardin noir » en turc, appelé Artsakh par les Arméniens), peuplé majoritairement d’Arméniens, sera une région autonome enclavée dans le territoire azéri, placée elle aussi sous l’autorité de Bakou.

En 1994, au terme d’une guerre qui a fait des milliers de victimes, surtout azerbaïdjanaises, et entraîné des déplacements massifs de population, les Arméniens (…)

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