Le 13 novembre, au Sénat, l’article 71 du projet de loi de finances 2026 a scellé la liquidation de l’Institut national de la consommation. D’ici mars, 60 Millions de Consommateurs quittera le giron public. Officiellement pour raisons budgétaires. En réalité, une décision qui interroge l’avenir d’une expertise indépendante face aux lobbies.
On ferme pour économiser, mais on dépense presque autant pour fermer. L’INC, pilier de l’information des consommateurs depuis cinquante ans, est promis à la dissolution. Le gouvernement invoque une « situation financière dégradée », selon le ministre délégué à l’Industrie Sébastien Martin. Le hic, c’est que la liquidation coûterait entre 8 et 10 millions d’euros, quand le budget annuel de l’institut atteint 11,6 millions. Un calcul qui laisse perplexe et nourrit la colère des défenseurs du service public.
D’autant que l’enjeu dépasse le cadre d’un tableau Excel. 60 Millions de Consommateurs s’est encore illustré récemment par une enquête sévère sur la fiabilité des smartphones en 2025, bousculant Apple et Google au profit de marques chinoises mieux notées. Un travail possible parce que le magazine était affranchi de la pression publicitaire. Une indépendance aujourd’hui menacée par la cession à un acteur privé. L’Humanité, qui a révélé les dessous de cette décision, rappelle que le titre faisait figure d’exception dans un paysage médiatique de plus en plus concentré.
Cette fin programmée ressemble à une stratégie assumée. Les subventions publiques sont passées de 6,3 millions d’euros en 2012 à 2,7 millions en 2020, pendant que 175 millions d’euros d’aides à la presse irriguaient des groupes privés en 2024. Pour le sénateur Fabien Gay, le message est limpide : c’est la fin du « dernier magazine indépendant des puissances de l’argent et de la pression des lobbies ».