Le 16 décembre 2025, l’association BonSens.org, reconnue d’intérêt général et engagée dans la défense de la transparence en matière de santé publique, a annoncé une avancée significative dans son combat contre les conflits d’intérêts au sein des institutions sanitaires françaises. Dans un communiqué publié sur son site, l’association revendique une « victoire implicite » concernant la mission sur la désinformation en santé, confiée par le gouvernement à des experts jugés partialisés.

Une mission controversée dès sa création
Tout a commencé le 27 août 2025, lorsque Yannick Neuder, alors ministre délégué chargé de la Santé, a annoncé la création d’une mission d’expertise indépendante visant à lutter contre « l’obscurantisme et la désinformation en santé ». Cette initiative, placée sous l’autorité de la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a été confiée à trois experts : le Pr Mathieu Molimard (pneumologue à Bordeaux), la Pr Dominique Costagliola (épidémiologiste à l’Inserm) et le Dr Hervé Maisonneuve (spécialiste en intégrité scientifique).
Dès l’annonce, des critiques virulentes ont émergé, notamment de la part de BonSens.org et d’une analyse effectuée par France-Soir qui considère que Santé Publique France et les médias ont désinformé le public sur l’adhésion des Français à la vaccination en France. Ces experts étaient accusés de manquer d’impartialité en raison de leurs positions tranchées pendant la crise Covid-19 : soutien à des études rétractées (comme le « LancetGate » sur l’hydroxychloroquine), promotion de traitements comme le Paxlovid de Pfizer, ou minimisation des effets secondaires des vaccins ARNm. Des liens financiers avec l’industrie pharmaceutique ont également été pointés : plus de 1,78 million d’euros pour l’Université de Bordeaux liée au Pr Molimard entre 2019 et 2024, et 197 400 euros pour la société du Dr Maisonneuve entre 2021 et 2023.
Dans un article publié sur France-Soir, cette nomination était qualifiée de « pari risqué pour la vérité et la République », soulignant le risque de partialité dans une mission censée restaurer la confiance dans la science. BonSens.org, via son épidémiologiste Laurent Toubiana, dénonçait par ailleurs l’opacité persistante du ministère sur les données de mortalité toutes causes par statut vaccinal, demandées depuis près de trois ans.

L’action décisive de BonSens.org
Le 9 septembre 2025 (lettre reçue le 11 septembre), BonSens.org a adressé une lettre recommandée au ministre de la Santé, exigeant le retrait immédiat de ces nominations. Les motifs invoqués étaient clairs : violations des obligations de déclaration publique d’intérêts, financement opaque de la mission (contraire à la Loi organique relative aux lois de finances et au Code de la santé publique), et manque d’indépendance flagrant.
Comme l’expliquait l’association dans un communiqué antérieur, ces experts affichaient une « animosité personnelle » envers les voix critiques, risquant d’entraver un débat pluraliste plutôt que de le favoriser.
Conformément à l’article L. 231-1 du Code des relations entre le public et l’administration (CRPA), le silence de l’administration pendant deux mois vaut acceptation de la demande. Le délai a expiré le 11 novembre 2025 sans aucune réponse du ministère. BonSens.org considère donc que le retrait des nominations est acquis de manière implicite.
Le 10 décembre 2025, l’association a relancé la ministre Stéphanie Rist (successeure dans les fonctions) pour obtenir une attestation formelle de cette acceptation, en application de l’article L. 232-3 du CRPA.
Les implications : une nullité potentielle du rapport à venir
Selon BonSens.org, tout rapport remis par ces experts – prévu pour décembre 2025 – serait entaché de nullité absolue, car produit après un retrait tacite. L’association met en garde contre une possible mauvaise gestion de fonds publics et un abus de pouvoir si la mission avait poursuivi ses travaux (plus de 120 auditions mentionnées dans des débats publics).
Cette avancée renforce l’exigence d’une expertise sanitaire véritablement indépendante, exempte de conflits d’intérêts avec les laboratoires pharmaceutiques.

Un parallèle éclairant avec les États-Unis
Cette affaire trouve un écho international dans les évolutions récentes aux États-Unis. La FDA (Food and Drug Administration) prévoit d’ajouter un avertissement « boîte noire » – le plus grave – sur les vaccins ARNm contre le Covid-19 (Pfizer et Moderna), en raison des risques de myocardite et péricardite, particulièrement chez les jeunes de 12 à 24 ans. Au moins dix décès pédiatriques font l’objet d’investigations.
Ce contraste met en lumière les différences de transparence : tandis que les autorités américaines, sous la direction du Dr Vinay Prasad, renforcent les alertes sur les risques, des études françaises (comme celle d’Epi-Phare) sont critiquées pour leurs biais méthodologiques et leur minimisation des effets indésirables. Les experts de la mission Neuder, impliqués dans ces débats, sont précisément accusés de contribuer à une forme de « désinformation institutionnelle » en niant ou en atténuant ces risques.
Vers une restauration de la confiance ?
Pour BonSens.org, cette « victoire implicite » marque un pas vers la restauration de la confiance dans les institutions sanitaires. L’association appelle à une délivrance rapide de l’attestation formelle et à une refonte des processus de nomination d’experts, pour garantir un débat scientifique ouvert et impartial.
Dans un contexte de défiance croissante des Français envers les politiques vaccinales et les institutions, cette affaire illustre l’importance cruciale de la transparence et de l’indépendance en santé publique. Reste à voir si le ministère confirmera explicitement ce retrait tacite, ou si de nouveaux recours juridiques seront nécessaires.
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