Pour les végéta*ien·nes, les repas de fêtes peuvent devenir un calvaire si les tables « festives » s’apparentent à un cimetière. Sur les plus belles nappes peuvent se dresser un festival d’animaux morts. Huîtres, coquilles Saint Jacques, truites, saumons, dindes, pintades, chapons, fromages, produits laitiers… Zoom sur les chiffres des victimes de Noël et du nouvel an.
D’après l’ADEME, 83% des repas festifs sont cuisinés en excès. Souvent centrés sur la viande, le poisson ou d’autres produits animaux, ils finissent — pour une part non négligeable — à la poubelle. Difficile alors de se réjouir pleinement de la « magie » de Noël.

Dans cette même étude, utiliser des produits locaux et de saison est perçu comme « acceptable et efficace » par environ 90% des sondé·es. Mais ces personnes sont moins de 50% à vouloir réduire la quantité de viande et de poisson sur leurs tables.
L’alimentation représente à elle seule près de 15% des émissions de gaz à effet de serre liées aux fêtes de fin d’année, selon l’ADEME. C’est le troisième poste d’impact environnemental, après les cadeaux et les déplacements. À l’inverse, imaginer un menu plus végétal pour Noël peut réduire considérablement cette empreinte carbone.
C’est aussi une manière simple de redonner du sens à la fête, en renouant avec des valeurs de partage et de respect des différentes formes de vie sur Terre.
Derrière les repas de fête, la lourde facture pour les volailles
Foie, ailes, cuisses… les volailles figurent parmi les produits les plus consommés pendant les fêtes de fin d’année. Dindes, chapons, pintades ou canards mulards occupent une place centrale sur les tables festives — au point d’en devenir de simples produits de consommation plutôt qu’un symbole du vivant.

Selon l’ANVOL (Association nationale interprofessionnelle de la volaille de chair), plus de 7 millions de volailles sont abattues au mois de décembre en France. En moyenne, cela représente 4,2 millions de pintades, 2 millions de chapons et 1 million de dindes.
L’interprofession rappelle d’ailleurs que cette période est cruciale pour le secteur : « le seul mois de décembre représente 100% des ventes annuelles de chapons et de dindes fermières ». Un rappel saisissant de la place qu’occupe encore l’élevage dans nos traditions de fête.
« le seul mois de décembre représente 100% des ventes annuelles de chapons et de dindes fermières »
Élevées pour atteindre rapidement un gabarit imposant, souvent confinées sous lumière artificielle et privées de tout comportement naturel, la plupart des volailles destinées aux fêtes connaissent des conditions d’élevage intensif très éloignées de leurs besoins. L’association PETA rappelle ainsi qu’avant l’abattage, l’immense majorité d’entre elles subissent d’importantes souffrances.
Les chiffres précis pour les pintades et les dindes restent difficiles à établir, car ils sont regroupés sous l’appellation générale de « volaille ». En revanche, ceux concernant le poulet donnent un aperçu éclairant de la filière : en 2021, la certification bio ne concernait que moins de 2% des élevages, tandis que 75% produisaient du poulet « standard », très éloigné des critères de bien-être animal.
Et que dire du foie gras ? Plus de 111 000 oies et 15 millions de canards étaient élevés en 2020 dans la seule région Nouvelle-Aquitaine. En 2023, les ventes atteignaient 5 300 tonnes de foie gras de canard et 44 tonnes de foie gras d’oie.
Des chiffres impressionnants, qui rappellent la place centrale de ce produit — obtenu non sans souffrance animale — dans les traditions festives françaises, mais aussi les questions éthiques persistantes liées à sa production.
Sur nos tables de fêtes, les volailles rappellent que la célébration des uns repose souvent sur le sacrifice des autres.
Truites et saumons, victimes d’une industrie hors de contrôle
Un repas de Noël sans saumon fumé ? Impensable pour une majorité de Français·es. Et pourtant, derrière ce mets emblématique se cache l’un des produits les plus problématiques de l’industrie agroalimentaire moderne. Véritable fléau environnemental et éthique, il illustre à lui seul les dérives d’un système productiviste en perte de sens.
« le saumon fumé continuera encore un moment « d’être de la fête ». Malgré l’immense chaîne de souffrance qu’engendre sa production. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la production mondiale de saumon a bondi de 200 % en vingt ans, pour dépasser aujourd’hui les 3 millions de tonnes annuelles. Un volume difficile à concevoir, qui correspond à environ 600 millions de poissons tués chaque année à travers le monde.

Si les chiffres de la truite se retrouvent souvent englobés dans ceux du saumon, elle est l’un des poissons les plus consommés en France. Et lorsque certain·es consommateur·ices se détournent du saumon pour les raisons précédemment évoquées, la truite en fait les frais.
Malgré tout, les Français·es continuent d’inviter les poissons fumés sur leurs tables de Noël. Les ventes de décembre 2024 avaient même augmenté par rapport à l’année précédente. Une preuve que, pour beaucoup, le saumon fumé reste indissociable des fêtes… quitte à occulter le coût environnemental et éthique de sa production.
De l’entrée au dessert, les animaux exploités à tous les étages
Au-delà des dindes et du saumon fumé, d’autres ingrédients issus de l’exploitation animale s’invitent plus discrètement aux repas de fête. Gélatine de porc et produits laitiers dans les desserts, plateaux de fromages ou fruits de mer en entrée… rares sont les tables exemptes de toute trace animale.

Coquilles Saint-Jacques et huîtres voient leur consommation exploser à l’approche des fêtes. Les premières enregistrent une hausse des ventes de près de 40 % en décembre, pour des volumes de pêche qui se chiffrent en milliers de tonnes chaque année. Quant aux huîtres, le seul mois de décembre représente près de 60 % des ventes annuelles.
Enfin, fromages, truffes ou encore bûches comptent parmi les produits les plus riches en lait et en crème. Or, l’industrie laitière demeure une filière à fort impact éthique, où des millions d’animaux sont abattus chaque année pour répondre à la demande de produits laitiers, y compris durant les fêtes.
Un repas de fin d’année sans excès ni souffrance animale, c’est pourtant possible. De nombreuses alternatives permettent de concocter un menu de Noël végétarien ou végane à la fois original, gourmand et convivial. Les blogs Patate et Cornichon, 100 % Végétal ou encore Perle en sucre regorgent d’idées savoureuses pour réinventer la fête sans renoncer au plaisir.
Sur Mr Mondialisation, on vous propose aussi plusieurs ressources inspirantes, comme une sélection de recettes végétales pour des fêtes éthiques et gourmandes Noël vegan : 9 recettes originales pour des fêtes éthiques !, une liste de 25 recettes de Noël végétal contre la souffrance animale Noël végétal : 25 recettes contre la souffrance animale, ainsi que des idées pour des cadeaux de Noël alternatifs, solidaires et moins consuméristes Black Friday : Nos idées cadeaux pour un Noël alternatif.
Et la tendance semble encourageante : selon un baromètre 2025, 53 % des Français·es déclarent avoir réduit leur consommation de viande au cours des trois dernières années. Un signe que les habitudes évoluent, y compris peut‑être, bientôt, au moment des fêtes.
– Marie Waclaw
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