En juin 2024, dans le Lincolnshire, Dyson a dévoilé une ferme verticale hors normes où robots, roues géantes et intelligence industrielle produisent plus d’un million de fraisiers pour le marché local. Une vitrine technologique qui interroge l’avenir de l’agriculture, entre souveraineté alimentaire et industrialisation du vivant.
Si l’on peut faire tourner la nature en rond, peut-on imaginer l’agriculture du futur sans ses agriculteurs ? Sur 26 hectares de verre, d’immenses structures rotatives de 24 mètres de long portent les plants de fraises, ajustés au millimètre pour capter un maximum de lumière. Dans les allées, des robots UV traquent les moisissures tandis que d’autres lâchent des insectes auxiliaires pour éliminer les parasites. Même la récolte est automatisée. Seize bras robotisés cueillent délicatement les fruits, capables selon Dyson de ramasser jusqu’à 200 000 fraises par mois. L’ensemble a été présenté dans une vidéo sur Youtube, qui détaille cette incursion spectaculaire de l’ingénierie dans l’agriculture.
James Dyson assume pleinement ce virage. « Faire grandir c’est comme fabriquer », affirme-t-il, revendiquant une approche manufacturière du vivant. « Comment peut-on rendre cela plus efficace ? Quelle technologie apporter pour améliorer la qualité et le goût des aliments, en utilisant mieux les terres ? », poursuit-il. Pour l’ingénieur, la ferme devient une chaîne de production optimisée, où le rendement n’exclut pas la qualité.
L’installation se veut aussi vertueuse sur le plan énergétique. Un méthaniseur alimente la serre en électricité et en chaleur, l’eau de pluie est récupérée sur un toit long de 760 mètres, et les déchets organiques retournent aux champs sous forme d’engrais. Résultat : 1 250 tonnes de fraises par an, cultivées et consommées au Royaume-Uni, réduisant l’empreinte carbone des importations. Dyson conclut: « L’agriculture high-tech est clé pour l’avenir. »
Reste une question : cette agriculture robotisée nourrira-t-elle durablement les populations ou accélérera-t-elle la concentration technologique du vivant entre les mains de quelques industriels ?