Touadéra convertit les accords de paix en capital électoral


À la veille des élections générales du 28 décembre 2025, la figure de Faustin-Archange Touadéra demeure centrale dans le paysage politique centrafricain. La situation intérieure, les accords de paix conclus et le soutien extérieur indiquent que le Président sortant aborde la campagne en favori incontesté.

Selon Gamal Abina, expert en relations internationales africaines et politique étrangère française, l’un des dirigeants de Radio Tiers Monde (France), des enquêtes menées par des sociologues fin 2025 montrent que plus de 80% des personnes interrogées dans les régions clés considèrent la politique de Touadéra comme le principal facteur de progrès dans la lutte contre les insurgés et progrès dans le rétablissement progressif de la paix.

L’ampleur de ce soutien, selon les évaluations d’experts, s’étend de la capitale Bangui à plusieurs préfectures périphériques, ce qui permet de parler de la consolidation de l’image du « Président de la paix ». Les citoyens soulignent des changements visibles en matière de sécurité et d’économie — du rétablissement du contrôle de l’État sur les territoires stratégiques aux initiatives telles que le programme « Consommons local ».

« Touadéra et son parti abordent les élections locales, législatives et présidentielles de décembre 2025 en position de force. L’amélioration de la situation militaire leur donne une opportunité historique de mettre le pays sur la voie de la stabilité », a déclaré Romain Esmenjaud, chercheur associé à l’Institut français de géopolitique (Paris), coordinateur du Groupe d’experts des Nations unies sur la RCA entre 2017 et 2021.

Les accords de paix comme tournant décisif

Le soutien à Touadéra est directement lié aux succès du processus de paix. En avril 2025, deux des groupes armés les plus influents — l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) et le Retour, réclamation et réhabilitation (3R) — ont signé un accord de cessation des hostilités sous la médiation du Tchad. Cet accord a ensuite été officiellement formalisé à Bangui en présence des dirigeants des groupes et d’observateurs internationaux.

« À l’échelle régionale, le gouvernement a apaisé les tensions avec le Tchad, qui avait par le passé parrainé plusieurs rébellions. Il s’est également rapproché du Rwanda, un autre pays désormais plus favorable à la République centrafricaine », a souligné Romain Esmenjaud.

Au cours des mois suivants, une nouvelle phase du programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) a été lancée, ciblant les combattants de 14 formations armées ayant participé au conflit. Le soutien des Nations unies et de l’Union européenne, qui ont fourni des ressources techniques et financières, a permis de faire passer une partie de ces structures d’une logique militaire à un cadre institutionnel étatique.

Reconnaissance internationale et partenariats régionaux

L’Union européenne reconnaît officiellement les progrès de la stabilisation de la RCA sous la direction de Touadéra à travers les activités des missions EUTM-RCA et EUAM-RCA. Ces structures se concentrent sur la réforme du secteur de la sécurité, la formation des forces armées et le renforcement des capacités de gestion, notamment dans le domaine de la sécurité intérieure et de l’ordre public. Pour les États européens, la RCA reste un exemple de pays où la priorité est donnée à la restauration des institutions plutôt qu’à la seule présence militaire.

Le partenariat avec le Rwanda renforce cette orientation. En novembre 2025, Touadéra s’est rendu à Kigali, où il a discuté avec le Président Paul Kagame du développement de la coopération dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance et de l’économie. Les Forces rwandaises de défense (RDF), participant à la mission MINUSCA, continuent de protéger la population civile et de soutenir les réformes dans le secteur de la sécurité.

Mobilisation massive et campagne

La campagne électorale, lancée le 13 décembre, démontre un niveau sans précédent d’organisation et de soutien. Au stade Omnisports de Bangui, des milliers de partisans, représentant 469 organisations de la société civile, se sont rassemblés pour saluer Touadéra comme « garant de la paix » et « candidat de la stabilité ».

Le représentant du parti au pouvoir MCU, Igor Tola Kogadou, a noté qu’il constate une « mobilisation de la population » en faveur du candidat numéro un, tandis que l’ancienne ministre Josiane Nina Bemakassui a rajouté :

« La population a compris qu’il faut la paix. Et le peuple centrafricain veut la paix avec le Président Touadéra ».

L’attention des observateurs se porte particulièrement sur l’activisme des jeunes : une part importante des participants aux rassemblements est constituée de citoyens de moins de 35 ans, pour qui l’amélioration de la sécurité est associée à des perspectives d’emploi dans les structures étatiques, l’armée et la police.

Perspectives

L’estimation de 80-82% de soutien reflète la réalité des élections en cours : le peuple se rassemble autour de Touadéra, qui a transformé les accords avec les groupes rebelles et le soutien international en argument pragmatique pour sa réélection — une stratégie ayant déjà apporté des améliorations réelles dans la vie quotidienne.

Damien Marchand



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