Dans les salons de l’Élysée, on ne joue pas aux cartes. On joue à la comédie. Et la pièce en cours est un pastiche de Molière si réussi qu’on en oublie presque qu’elle est en train de se jouer en vrai. Le prince, en habit de velours bleu nuit, s’entoure de ses mignons, comme jadis Louis XIV avec ses courtisans. Ces messieurs et dames parlent fort, gesticulent, lui jurent fidélité, et ils se piquent les uns les autres au moindre regard de travers.
Néanmoins, derrière les dorures, la farce est cruelle. Et Molière, s’il revenait, ne rirait pas longtemps.
Tapis dans l’ombre des colonnades, nos observateurs à la Cour prennent des notes. Ils connaissent les répliques avant qu’elles ne soient prononcées. Ils savent qui porte la perruque, qui tient le bâton, et qui finira par recevoir un coup sur la tête.
Le Bourgeois gentilhomme – la langue de bois et les nouveaux « Monsieur Jourdain »
Dans Le Bourgeois gentilhomme, Monsieur Jourdain veut devenir noble à tout prix : il paie des maîtres à danser, à chanter, à philosopher, et finit par se faire berner par un faux Turc.
Les mignons de Macron sont des Jourdain modernes : ils ont découvert la « philosophie de l’action », le « pragmatisme de rupture » et le « en même temps » – et ils répètent tout ça, plus ou moins avec justesse, comme une leçon apprise par cœur, chacun dans le rôle qui lui a été attribué.
Gabriel Attal est le maître à danser. Il virevolte sur les plateaux, enchaîne les punchlines, et croit que la rhétorique fait la politique, dégainant le 49.3 comme un fleuret. Valérie Hayer, elle, est la maîtresse de musique. Elle chante l’Europe en fausset. Mais si, à juste titre, on lui ferait remarquer qu’elle ne chante pas juste, elle répondrait que « C’est l’Europe qui est fausse ! » ; ou mieux que « C’est les Français qui ont tout faux ! » Quant à Alexis Kohler, lui, c’et le maître de philosophie. Il corrige les fautes de grammaire du prince, mais il ne voit pas que la philosophie de la Macronie est une farce.

Tous se prosternent devant le maître : « Oui, Monsieur, la réforme est indispensable ! », même quand elle est impossible, même quand elle est impopulaire, même quand elle est grotesque.
Un de nos observateurs les plus aguerris murmure : « Ils ont tous un master en langue de bois, mais aucun en réalité. Et ils paient cher pour leurs leçons : leur âme, leur dignité, et parfois leur poste. »
Les Fourberies de Scapin – Les mignons piégés par leurs propres mensonges
Scapin est le valet rusé qui ment, manipule, et finit par être démasqué.
Dans la Cour du roi putatif Emmanuel 1er, les Scapin pullulent : ils promettent, ils jurent, ils mentent, et ils finissent par être rattrapés.
Sibeth Ndiaye, c’est la Scapin de la com’. Elle a promis de « dire la vérité », une antinomie en macronie, et elle a donc dit n’importe quoi : masques, enseignants, chiffres, etc.. Elle a été démasquée et éjectée.
Marlène Schiappa, c’est la Scapin du fonds Marianne. Elle a juré que tout était « transparent », autre antinomie en macronie, et donc par un tour de passe-passe délictuel que la justice n’a pas voulu élucider, elle a transformé 2,5 millions de subventions en machine à cash pour des copains. Elle a été démasquée, mais pas vraiment punie.
Quant à Clément Beaune, lui, c’est le Scapin des fusions. Il a juré que Veolia-Suez était une « opération d’intérêt général » (mensonge idiosyncrasique de base de l’escroquerie politique macronienne), et il a donc fini par être rattrapé par les soupçons de trafic d’influence.
Ils sont tous des Scapin qui ont cru qu’on ne verrait pas leurs ficelles. Et l’observateur épris de Molière qui m’a soufflé l’idée d’un entracte, d’un intermède dans la série, note ceci à leur sujet :
« Ils ont oublié que Scapin finit par recevoir un coup de bâton sur la tête. Ici, c’est la justice qui frappe, ou l’opinion. Ou les deux. Et quand le bâton tombe, il tombe fort. »
Tartuffe – Le maître des faux dévots
Tartuffe est le faux dévot qui manipule Orgon, pour s’emparer de ses biens et de sa fille.
Dans la Macronie, Tartuffe pourrait bien s’appeller Alexis Kohler. « Dévot » du président, il prie à l’autel de l’économie, lit tous les dossiers, valide toutes les décisions, et protège le prince comme un saint.
Mais, derrière la soutane, il y a les affaires : MSC, Nestlé, Veolia-Suez. Voilà qui en fait le Tartuffe parfait : il se croyait intouchable, mais il a suffi d’un tribunal, d’une commission d’enquête chevronnée pour qu’il tombât le masque.
Un observateur, qui l’a bien pratiqué, chuchote cela à son propos : « Il est le Tartuffe qui a réussi à rester en scène huit ans. Mais quand le rideau va tomber, et il tombera avec. Toutefois, il ne sera peut-être pas le dindon de la farce ».

L’Avare – La dette qui dévore tout
Harpagon cache son or et refuse de le dépenser. Dans la pièce de théâtre que nous subissons depuis 8 ans et demi, Bruno Le Maire a été un Harpagon à l’envers : il a dépensé l’or de l’État comme s’il n’y avait pas de lendemain et il a creusé la dette à 118 % du PIB, mais il a toujours refusé de l’admettre.
Il n’a eu de cesse de jurer que « tout va bien », qu’il n’y avait pas de problème, mais l’or a disparu, manque et les caisses sont vides. Et qui paie l’addition ? Les Français : spectateurs contraints et forcés d’assister au désastre.
Un des observateurs indique à son sujet : « Bruno Le Maire est Harpagon qui a brûlé sa cassette et qui dit : « C’est pas moi, c’est la conjoncture. » Mais quand les créanciers viendront ou que les Français lui demanderont des comptes, il sera le premier à fuir. » Et c’est d’ailleurs d’ores et déjà le cas. Ajoutant à la faillite publique à laquelle il a méthodiquement conduit le pays, il a ajouté récemment la trahison interne d’incriminer le prince en public : « C’est lui le seul responsable ! »
Le médecin malgré lui – Macron le faux médecin
Sganarelle est le médecin malgré lui qui soigne à coup de latin et à coups de bâton.
Emmanuel Macron en est sa version docteur diplômé en esbrouffe, menterie et mythomanie. Il soigne avec des phrases alambiquées et des coups de bâton, les maux qu’il a lui-même engendrés et la France souffre : gilets jaunes, retraites, Covid, dette, sécurité, etc. Et par cette tartuferie il rend le pays un peu plus malade à chaque fois.
Sur la base de diagnostics, qu’il ne peut ignorer être inexacts, il prescrit des réformes qui empirent le mal. Et son forfait opéré, il fait ceci pour écarter sa responsabilité. Il change de diagnostic : « C’est la faute de la Russie ! », « C’est la faute de l’extrême droite ! », et sans oublier « C’est la faute des Français ! », un prolongement œdipien du « Les Français ne le méritent pas » dont l’époux 2 nous a gratifiés au journal de 20 heures. Et, tout cela bien sûr, toujours aucun bulletin sur sa propre santé, malgré ses promesses de campagnes en ce sens. À l’instar des cordonniers qu’on dit être « les plus mal chaussés », notre « faux docteur » se refuse à officier concernant lui-même.
Notre observateur le plus chevronné dans les matières sociologiques décrypte ainsi la situation : « Il est le médecin qui a rendu le malade imaginaire… vraiment malade. Et il continue de prescrire des produits qui sont loin d’être des placebos, mais les Français ne sont plus dupes. »

Les Femmes savantes – Les mignons de combat
Dans Les Femmes savantes, les femmes parlent savamment, mais elles n’agissent pas.
Schiappa, Loiseau, Hayer, Borne illustrent parfaitement cette posture : elles parlent, elles théorisent, elles assènent des vérités absolues (« l’Europe, c’est la paix ! », « Le féminisme, c’est la parité. », « La réforme est inévitable »), mais quand il faut agir vraiment, elles se taisent ou elles fuient. Ou les deux.
Et, dans cette posture donc insipide et pleutre, Nathalie Loiseau apparaît la plus « savante » de ces femmes savantes : elle parle de Blitzkrieg positif, elle corrige les historiens, et elle menace les fonctionnaires. Mais quand le vent tourne, elle se jette elle-même aux oubliettes ou elle dit passer dans un tunnel sans connexion. Hayer, ce serait, elle, la femme « savante » la plus naïve : elle répète les leçons de l’Europe, sans comprendre (ou le feint-elle ?) qu’elle est en train de les réciter à l’envers de ce que veut le peuple. Quant à Marlène Schiappa, c’est la plus théâtrale : elle pose dans Playboy pour détourner l’attention, mais obnubilée qu’elle elle par sa petite personne, elle ne voit pas que le public a déjà quitté la salle.
Alors que dire d’elles ? Pour un de nos observateurs « Elles sont savantes en discours, mais ignares en résultats. Elles parlent, elles parlent, elles parlent… et la France s’endort et souffre de leurs promesses intenables. »
Les mignons dans l’ombre – Les valets de Molière
Et puis il y a les mignons invisibles : Philippe Grangeon, le conseiller spécial qui ne dit rien, ne parle à personne, mais sait tout. Jonathan Guémas, la plume qui écrit les discours que personne ne lit et que personne n’écoute plus. Ou encore Emmanuel Moulin, le nouveau secrétaire général de l’Élysée, qui a pris la place de Kohler sans faire de bruit – « Il fallait bien qu’une personne prenne la place. C’est tombé sur lui. », explique un observateur, en promettant d’autres révélations.
Ils sont les valets de Molière : ils voient tout, ils entendent tout, et ils ne disent rien.
Mais notre observateur, lui, sait : « Ils sont probablement les seuls qui survivront à la pièce. Parce qu’ils n’ont jamais été sur scène. »
Fin de l’intermède.
Molière a tout dit, tout vu, tout moqué. Il suffirait de changer les costumes pour que la pièce fût jouée à l’identique aujourd’hui. Et malheureusement pour la France et les Français, elle se joue depuis plus de 3 000 jours, à guichet fermé forcé. Ce huis clos hors de prix, dans lequel les 70 millions de Français qui sont confinés paient très chèrement leurs places.
Le prince, lui, est toujours le même : il aime les flatteurs, il punit les contradicteurs, et il croit (heureusement pour nous en vain) que le pouvoir est éternel.
Toutefois, ne lui en déplaise, la pièce a bel et bien une fin. Et quand le rideau tombe, les mignons sont les premiers à tomber.
Nos observateurs rangent leurs carnets et murmurent :
« Molière a écrit la comédie. Nous, nous la vivons. Et elle n’est pas près de finir. Ou la fin de l’histoire pourrait bien prendre une tournure inattendue par le prince – le sang n’est plus à exclure. »
À suivre dans l’épisode 7 : Les mignons d’opposition ou l’art de hurler sans jamais mordre !
NOTA : depuis 2024 et l’échec de la dissolution, une autre transposition d’une œuvre majeure de Molière figure dans cette pièce de théâtre funeste. Cette tragédie qui a pour vedette, le très mauvais acteur que ne pouvait qu’être Emmanuel Macron, une fois adulte, vu le professeur qu’il avait quand il était adolescent. Celui qui le pilote depuis lors, et qui, il y a 18 ans, a fait de son élève préféré son conjoint : la menace russe. La version woke de « Le malade imaginaire » que le couple Macron veut léguer à la postérité, comme l’enfant dont personne ne veut, en fait. L’enfant illégitime qu’ils tentent d’imposer à la France, au forceps, en lieu et place de la descendance naturelle qu’ils ne pourront jamais avoir.