Et si la transition écologique commençait autour d’une table, d’un jardin et d’un café partagé ? À Nogent-le-Rotrou, au cœur du parc naturel régional du Perche, existe la Maison partagée, un lieu vivant où se tissent solidarité, dignité et écologie du quotidien. Ici, cultiver, cuisiner et créer ensemble devient une manière simple et joyeuse de reprendre confiance et pouvoir d’agir.
À quelques minutes d’un grand quartier de logements sociaux, la cité des Gauchetières, un quartier de grands ensembles construit en 1955, aujourd’hui classé quartier prioritaire, se trouve la Maison partagée. La Maison partagée est un ancien espace de vie sociale de la ville de Nogent-le-Rotrou, mis à disposition de l’association ATD (Agir Tous pour la Dignité) Quart Monde.
Un lieu refuge, chaleureux et ouvert à toutes et tous
Ateliers couture, musique, relaxation, poésie, écriture, théâtre, éducation populaire, cuisine, petit marché… Quotidiennement, depuis 2021, un ou plusieurs ateliers sont animés, la plupart du temps bénévolement, par des personnes dont certaines ont une longue histoire de précarité ou de pauvreté, parfois coanimés avec le syndicat de traitement des déchets, un atelier de menuiserie associatif, ou encore des producteurs locaux, etc.
Les usager·es de cette Maison partagée viennent parfois simplement pour boire un café, se remonter le moral, rencontrer d’autres… ou parce qu’il y fait plus chaud que chez elles l’hiver et plus frais l’été. Une magnifique cuisine y a été conçue et réalisée par les usagers eux-mêmes avec un artisan menuisier, afin d’en faire un bel espace où il y a plaisir à se retrouver pour cuisiner ensemble. À quelques centaines de mètres, en contrebas, se trouve un jardin collectif.
Une écologie vécue, sans grands discours
Et à partir du fait de cultiver, de cuisiner et de manger ensemble, sont abordés plein de sujets liés à l’alimentation : la santé, le lien avec la nature et l’écologie, le cadre de vie, l’accès aux droits essentiels, le fonctionnement des industries alimentaires, etc. En fait, l’écologie y est vécue simplement, sans forcément en parler avec de grands mots.
Oui, la « transition écologique » est possible dans les classes populaires et les autres, pourvu que soient soignées les conditions qui la permettent et pourvu que le « vivre ensemble » accompagne les transformations individuelles… et que tout cela permette d’imaginer des transformations plus globales dans la société. Cette transition peut même être joyeuse, en témoignent les moments de rires, de danses, de sourires qui transparaissent dans les tranches de vie tournées récemment à la Maison partagée.
« C’est une bulle de bienveillance, dit Marc. Quand on est dans un milieu comme ça, ça nous transforme ». Sabine raconte : « C’est un lieu de ressourcement ouvert à toutes et à tous, avec une attention particulière aux gens qui vivent ou qui ont vécu la précarité. » Chantal ajoute : « Dans ce qu’on fait dans le jardin partagé, il y a quelque chose de joyeux, les gens sont bien ».
Les ingrédients d’une transformation durable
Les secrets de cette « transition écologique » vécue ensemble ? Pas de recette miracle, mais des ingrédients parmi lesquels : être dans le « faire » (avec le droit à l’erreur) et le « vivre » plutôt que dans le « parler » et dans les approches « éducatives » ; travailler sur les trois niveaux de transformations souhaitées : le personnel, le collectif et le systémique ; accueil inconditionnel et sans étiquettes ; gouvernance transparente et horizontale ; participation de nombreux partenaires (institutionnels, associatifs, producteurs locaux…), avec la préoccupation permanente de la place des personnes les plus précaires ; l’importance des actions culturelles et de partage des savoirs.
La Maison partagée de Nogent-le-Rotrou a la chance de posséder cette dimension politique qu’ATD Quart Monde a revendiquée dès sa création en 1957. Cette association a donné naissance au Revenu minimum d’insertion (devenu Revenu de solidarité active), à la Couverture maladie universelle (devenue Complémentaire santé solidaire), aux Territoires zéro chômeur de longue durée, etc.

Soutenir aujourd’hui les transformations de demain
Quels changements systémiques la Maison partagée et d’autres lieux semblables vont-ils susciter dans les années qui viennent ? À l’heure où les enjeux écologiques divisent plus qu’ils ne rassemblent, ces lieux méritent d’être mieux connus et soutenus.
La Maison partagée a bénéficié de subventions du Conseil régional et d’une fondation en 2021-2025. En 2026, elle peut continuer de compter sur ses nombreux bénévoles, mais recherche aussi de nouveaux moyens financiers pour envisager l’embauche d’un·e salarié·e à temps partiel pour assurer la coordination du projet et les liens avec les partenaires locaux et de nouveaux chantiers partagés ainsi que des évènements ouverts à toutes et tous : ateliers de création artistique, projections de films, spectacles, fabrication de pain au four à bois, ateliers autour de la santé, cours de musique ouverts à tous·tes.
Pour contribuer à l’incroyable dynamique de vie partagée démarrée il y a quatre ans à Nogent-le-Rotrou, un crowdfunding est actuellement en cours sur Hello Asso. La Maison partagée étant une association d’intérêt général, les dons peuvent donner lieu à une réduction fiscale si vous êtes imposable.

Par contacter la Maison partagée par mail : [email protected] ; Pour la suivre sur les réseaux sociaux :
– Les usagers de la Maison partagée
Photo de couverture : La serre installée en 2022. Source : Labo de l’ESS.
