Dans l’immensité que représente la biodiversité française, on évoque souvent les mêmes espèces dans le débat public. Pourtant, d’autres, beaucoup moins connues sont également en grand danger et pourraient disparaître à cause de l’être humain.
Dans cet article début décembre, L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) présentait sa liste rouge mondiale des espèces végétales et animales menacées d’extinction. En se regroupant de plus en plus vers les villes, une bonne portion des citoyen·nes françai·es a fini par se séparer de la plupart du vivant : de nombreux animaux et végétaux pourraient en payer le prix. Or l’ensemble de notre écosystème est interconnecté, et lorsqu’une partie est éradiquée, c’est tout l’édifice qui vacille. Zoom sur cinq espèces méconnues et menacées.
1) La cistude d’Europe
Cette petite tortue d’eau douce vit dans plusieurs pays d’Europe, dont la France, où elle est surtout présente dans le Sud-ouest. Elle participe activement à l’équilibre des milieux aquatiques qu’elle occupe en les nettoyant des animaux morts et malades, évitant ainsi la propagation de maladie.
Elle est principalement menacée à cause de la destruction de son habitat. La pollution des eaux, l’assèchement des rivières, mais aussi la circulation routière ont eu raison d’elle dans de nombreuses régions d’Europe. Elle est de plus victime de la concurrence d’espèces invasives comme la tortue de Floride, introduite dans la nature par l’être humain.
2) L’Azuré du serpolet
Ce papillon bleu très rare est un symbole de l’interconnexion entre les espèces et de la complexité des écosystèmes. Au début de sa croissance, sa chenille s’alimente uniquement d’une seule plante : le serpolet. Elle tombe ensuite sur le sol avant d’être transportée dans une fourmilière par une variété bien spécifique de fourmis. Jusqu’à sa métamorphose, elle se nourrit alors des larves de ses hôtes.
Sa rareté permet de repérer une prairie en très bonne santé ou la diversité peut s’épanouir librement. Mais il est menacé par l’agriculture intensive qui favorise la fauche précoce et l’emploi des pesticides ce qui empêche les fleurs et les fourmis de proliférer.
3) Le Minioptère de Schreibers
Cette chauve-souris peu connue raffole particulièrement des cavernes naturelles où elle trouve une température constante. Insectivore, elle permet de réguler les populations d’insectes et de se passer des pesticides.
Pour autant, elle fait partie des animaux les plus menacés d’Europe, du fait de sa sensibilité au dérangement. En effet, les grottes ou les anciennes mines où elles logent sont parfois fermées d’accès par l’être humain pour des raisons de sécurité. De même, l’exploration de ces cavités et la pollution lumineuse qui en résulte peuvent avoir des effets dévastateurs sur elles.
4) Le macareux moine
En danger critique d’extinction, cet oiseau marin, surnommé « perroquet marin », participe à l’équilibre des écosystèmes côtiers en régulant les petits poissons. Sa présence reflète donc là encore un milieu en bonne santé.
Or, la surpêche menace de plus en plus sa survie, mais pas seulement. Il est en effet également victime du réchauffement climatique qui fait chuter les populations marines, mais aussi de la pollution (plastique, hydrocarbure, etc.) ou de la perturbation de sites de nidification.
5) L’isoète de Bory
Les espèces animales ne sont pas les seules menacées, puisque rien qu’en France, 15 % des plantes sont également en danger de disparition. C’est le cas, par exemple, de l’isoète de Bory, une plante endémique des landes.
Cette herbe aquatique pousse le long des étangs et nécessite une eau claire et pauvre en nutriment, ce qui devient de plus en plus compliqué avec le contexte environnemental actuel. Le piétinement et l’accostage sauvage de bateaux sont aussi des fléaux qui peuvent nuire à cette plante.
Dans le cas des plantes – comme pour les animaux – les principales menaces viennent aujourd’hui d’activités humaines qui transforment et fragmentent presque chaque recoin du globe. En altérant les écosystèmes dont nous dépendons, l’être humain met aussi en péril ses propres conditions d’existence.
Chaque espèce, même la plus discrète, participe à un tissu vivant dont l’équilibre rend la vie possible sur Terre. Préserver ces liens, c’est choisir un futur habitable pour l’espèce humaine plutôt que de rejoindre la longue liste des formes de vie disparues.
– Simon Verdière
Source photo de couverture : deux macareux moines. Unsplash
