
José Gamarra. — « El progreso de una ayuda » (Le progrès d’une aide), 1969
© ADAGP, Paris, 2025 – Galerie Xippas, Paris, Genève, Punta del Este
Il est responsable de plus de trois mille disparitions ou assassinats. Sous ses ordres, environ quarante mille personnes furent soumises à la torture ; certaines en portent encore les séquelles. Sans surprise, les portraits d’Augusto Pinochet étaient devenus rares au Chili depuis la fin de la dictature qu’il a imposée au pays de 1973 à 1990. Le 14 décembre 2025, ils firent néanmoins leur grand retour à Santiago pour célébrer la victoire à la présidentielle de M. José Antonio Kast, qui se revendique fièrement du général putschiste.
Il y a quatorze ans, pourtant, des étudiants s’emparaient des rues du Chili, au cours des plus importantes manifestations qu’avait connues le pays depuis le retour de la démocratie. Ils exigeaient une éducation « gratuite et de qualité », et plus largement la fin du modèle néolibéral inscrit dans la Constitution de 1980, héritée de la dictature. Eux aussi avaient leur icône, dont les portraits chamarraient les rassemblements : Salvador Allende, président socialiste du Chili, élu en 1970 et renversé par Pinochet. L’un des étudiants protestataires, M. Gabriel Boric, poursuivit sa carrière politique jusqu’à prendre la tête du pays, en 2022, sans cesser d’invoquer le nom d’Allende. Dans deux mois, le 11 mars 2026, M. Kast lui succédera.
En 1973, la Maison Blanche avait soutenu le coup d’État de Pinochet : « Je ne vois pas pourquoi nous devrions laisser un pays devenir marxiste simplement parce que sa population est irresponsable », avait alors justifié Henry Kissinger. Cinquante ans plus tard, le président américain se félicite de la victoire à la présidentielle chilienne de celui qu’il a « soutenu ».
« Soutenu » ? Avant le retour au pouvoir de M. Trump, Washington n’affichait pas aussi crânement son parti pris dans les affaires du sous-continent. Mais la déclaration du président-milliardaire a peu surpris. L’Amérique latine a compris que l’actuel locataire de la Maison Blanche (…)
Taille de l’article complet : 3 704 mots.