« Une analyse, ça coûte cher. » Cette idée occupe une place centrale mais ambivalente au sein de la psychanalyse. Pour certains psychanalystes, de fait, l’implication des patients serait d’autant plus forte que le prix à payer pour la séance constitue un coût financier. Par là, il faut sans doute comprendre que le travail des résistances (l’ensemble des causes conscientes ou inconscientes qui font que l’on n’a pas toujours envie d’aller mieux) suppose précisément qu’on n’ait pas toujours envie d’aller voir le psy, ou bien qu’on le fasse un peu par-dessus la jambe. Des analystes concluent de ce principe non sans fondement une sorte d’équation : si les séances coûtent cher, l’envie sera plus forte de les mettre à profit. Le raisonnement se retrouve encore aujourd’hui dans la production théorique psychanalytique et dans les lieux de transmission de la psychanalyse. Il légitime les honoraires élevés de certains analystes ou bien des augmentations de prix soudaines au cours de la cure.
Ainsi, le problème n’est pas seulement que des psychanalystes proposent des tarifs élevés, mais aussi qu’ils le fassent sous couvert d’une cohérence théorique. Car Sigmund Freud lui-même se montre plus honnête dans « Sur l’engagement du traitement » : « Chaque patient se voit attribuer une certaine heure dans les disponibilités de ma journée de travail ; cette heure est la sienne, il en reste redevable, même s’il ne l’utilise pas. (…) Quand la pratique est plus souple, les annulations “occasionnelles” sont si fréquentes que le médecin voit son existence matérielle mise en danger. » Et il pouvait arriver au fondateur de la psychanalyse de recevoir des (…)
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Mathilda Audasso
Auteure de Dix Idées reçues sur la psychanalyse, La Dispute, Paris, 2025, dont ce texte est extrait.