L’Iran poursuit son programme spatial et lance trois satellites à bord du lanceur russe Soyouz


L’Iran a procédé dimanche au lancement de trois satellites de fabrication locale. C’est le lanceur russe Soyouz qui a été choisi par Téhéran pour mettre en orbite ces engins, dont un doté de l’intelligence artificielle. Le pays, isolé et objet de plusieurs sanctions, y compris celles qui ciblent son programme spatial, affirme que ces trois satellites ont un objectif “purement scientifique”.

Depuis vingt ans, le programme spatial iranien est la cible de sanctions occidentales. Dès 2006, la résolution 1737 du Conseil de sécurité de l’ONU interdisait les transferts de technologies sensibles liées aux missiles balistiques et nucléaires, en ciblant des entités iraniennes impliquées dans ces activités perçues comme une menace à la sécurité régionale. 

Plusieurs lancements malgré les sanctions occidentales

Renforcées en 2007 par la résolution 1747 et en 2017 sous l’Executive Order 13382 des États-Unis, ces mesures visent l’Agence spatiale iranienne (ISA), ses instituts de recherche et des réseaux d’approvisionnement, en gelant des avoirs, en proscrivant l’export de composants électroniques, capteurs optiques et logiciels à double usage, et en limitant les partenariats internationaux, sous prétexte que les lanceurs spatiaux comme Safir ou Simorgh servent de couverture au développement de missiles à longue portée. 

Les Occidentaux craignent alors que les technologies des lanceurs spatiaux iraniens, comme les fusées Simorgh ou Qased à propergol solide ou liquide (mélange chimique qui, par réaction exothermique, produit l’énergie nécessaire à la propulsion des fusées, NDLR), ne soient directement réutilisables pour des missiles balistiques à longue portée capables de transporter des ogives nucléaires sur des milliers de kilomètres, en partageant des composants essentiels tels que les moteurs, les systèmes de guidage inertiel et les étages supérieurs réentrables. En outre, les satellites d’observation comme Mehda ou Kayhan-2, lancés en janvier 2024 via une fusée russe Soyouz et dotés de caméras haute résolution et de télémétrie avancée, pourraient fournir des données de reconnaissance pour des frappes précises.

En 2025, le Trésor américain a étendu ces sanctions à un réseau de fournisseurs, c’est-à-dire des entités en Iran, aux Émirats et en Chine pour acquisition de pièces de drones et missiles, tandis que l’UE rétablit des restrictions sur les biens destinés aux secteurs pétrolier et balistique, freinant ainsi l’accès aux technologies de pointe malgré les affirmations de Téhéran sur un programme civil conforme aux résolutions ONU.

Mais depuis 2006, l’Iran est tout de même parvenu à réaliser plusieurs lancements notables, comme celui du satellite Noor-3 en septembre 2023 via un lanceur Qased, suivi de Chamran-1 en septembre 2024. Plus tôt, le satellite Soraya a atteint 750 km via le lanceur Qaim-100, battant un record d’altitude. 

“Purement scientifique”

Dimanche, Téhéran a  franchi une nouvelle étape dans son programme spatial, lançant trois satellites de fabrication locale depuis la Russie pour l’observation, dont un doté d’intelligence artificielle (IA), selon la télévision d’État.

“Trois satellites iraniens, Zafar-2, Paya et Kowsar 1.5, ont été lancés dans l’espace par une fusée Soyouz depuis le Centre spatial Vostochny en Russie”, s’est félicitée la télévision iranienne. Il s’agit de trois “satellites d’observation” conçus par “le secteur privé”, a souligné l’agence de presse officielle Irna.

L’un de ces satellites, Paya, est considéré comme “le satellite d’imagerie de fabrication nationale le plus avancé” et le plus lourd avec 150 kg, selon la même agence iranienne. Il a recours à l’intelligence artificielle pour améliorer la résolution des images, qui seront destinées à la “gestion des ressources en eau”, la “surveillance environnementale” et la “cartographie”, a précisé l’agence.

Les trois satellites lancés dimanche seront placés en orbite à 500 km de la Terre et auront une durée de vie de trois à cinq ans. Quant au lanceur russe Soyouz, l’Iran justifie ce choix par le fait qu’il s’agit de l’un des “plus fiables au monde (…) pour le transport de satellites sensibles”.

L’Iran affirme que ces activités sont pacifiques et conformes à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. “L’Iran ne fait que faire progresser sa technologie”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghtchi, qualifiant ce dernier lancement de “mission purement scientifique”.

Isolé par les sanctions occidentales, l’Iran tire pleinement profit de sa proximité avec la Russie pour les contourner. En janvier 2025, les présidents des deux pays ont signé un partenariat stratégique, couvrant explicitement la coopération spatiale parmi d’autres domaines comme la défense et l’énergie. Moscou permet ainsi à Téhéran de contourner ces restrictions en fournissant des lanceurs puissants et un accès à l’orbite, tandis que l’Iran soutient son allié en important du pétrole russe pour sa consommation interne, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine, tout en exportant le sien vers des marchés comme la Chine via des flottes fantômes.





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