Inéluctable confrontation sino-américaine ?, par Philip S. Golub (Le Monde diplomatique, janvier 2026)


Vers la guerre des mondes ?

Une provocation de la première ministre japonaise au sujet de Taïwan a ravivé la perspective d’un conflit en Asie de l’Est. Aux exercices militaires sino-russes répondent les manœuvres de l’Archipel et de son allié américain. Même si les démonstrations de force ne valent pas déclaration de guerre, le feu couve. Pour certains, l’affrontement armé entre Washington et Pékin serait inévitable.

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Marc Desgrandchamps. — « Kairos » (Moment opportun), 2025

© ADAGP, Paris, 2025 – Courtesy Galerie Lelong

Le 30 octobre 2025, le président américain Donald Trump rencontrait son homologue chinois Xi Jinping à Pusan, en Corée du Sud, en marge du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC). L’échange couronnait les pourparlers ministériels organisés à Madrid en septembre, qui avaient ouvert la voie à une désescalade de la guerre commerciale lancée par le locataire de la Maison Blanche. Décrite par M. Trump comme « un très grand succès », la rencontre des chefs d’État illustra surtout les limites de la stratégie américaine d’instrumentalisation de l’interdépendance face à un concurrent désormais capable de rivaliser avec Washington sur ce terrain.

Car, si les deux parties ont fait marche arrière — les États-Unis sur les tarifs douaniers dont ils menaçaient la Chine, cette dernière sur les restrictions au commerce des terres rares qu’elle avait brandies —, Pékin sort renforcé de l’épisode. Au-delà de l’échec de la coercition commerciale brutale tentée par Washington, les leviers plus originaux actionnés par la Maison Blanche depuis la prise de fonctions de M. Joseph Biden en 2021 — contrôle du commerce des semi-conducteurs, entrave aux investissements, etc. — semblent aujourd’hui largement inopérants. Au lieu d’inhiber la montée en gamme de la Chine dans les secteurs scientifiques et technologiques clés, ces mesures ont, selon la Brookings Institution, « contribué à stimuler le développement des capacités défensives et offensives » du pays.

La trêve n’est pas un épilogue. Sur le fond, rien n’est réglé, et la méfiance mutuelle qui enfle depuis les années 2010 demeure. Le Pentagone invite la Maison Blanche à donner la « priorité à la défense du territoire américain et (…) à la dissuasion de la Chine dans la région Indo-Pacifique », cependant que Pékin délaisse l’idée de « relations d’un nouveau type » (entendre « plus harmonieuses ») entre grandes puissances, qu’il avait développée au (…)

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Philip S. Golub

Professeur de relations internationales à l’Université américaine de Paris (AUP). Auteur d’East Asia’s Reemergence, Polity Press, Cambridge, 2016.



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