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Colère paysanne, acte deux, par Côme Bastin (Le Monde diplomatique, avril 2024)

ByVeritatis

Avr 15, 2024


Dossier : Inde, l’envers d’une puissance

Les paysans ont repris la lutte qu’ils avaient conduite il y a quatre ans contre la libéralisation du secteur agricole. En dépit de leur victoire à l’époque, la colère n’est jamais retombée dans le grenier à blé du pays.

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Dhruvi Acharya. – « Mines – once there was blue » (Mines – il était une fois le bleu), 2023

Des cerfs-volants contre des drones. Les premiers tentent de repousser les seconds, et de les empêcher de déverser leurs nuages de gaz lacrymogènes sur la foule. Des milliers d’agriculteurs font face à un immense déploiement policier chargé de leur barrer l’entrée de la ville, coûte que coûte. Ingéniosité et détermination des manifestants. La scène se déroule mi-février, aux portes de la capitale New Delhi. C’est le retour des manifestations paysannes. En 2020 et en 2021, elles avaient submergé le pays ; jamais l’Inde contemporaine n’avait connu un tel mouvement social. La reprise de la contestation pourrait former une épine dans le pied du premier ministre Narendra Modi et compliquer sa campagne électorale dans le cadre des législatives du printemps 2024.

Il y a quatre ans, les paysans du Pendjab indien se soulèvent pour s’opposer à la libéralisation du secteur agricole, dont l’une des conséquences aurait été la liquidation des tarifs minimaux d’achat garantis par l’État pour le blé et le riz. Ils sont ensuite rejoints par des fermiers en provenance de tout le pays, notamment d’Uttar Pradesh et d’Haryana, des bastions du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) de M. Modi. Ensemble, ils encerclent bientôt New Delhi. Ni le froid hivernal, ni le coronavirus, ni les matraques de la police ne parviennent à leur faire rebrousser chemin. Peu à peu, la marée humaine place la capitale en état de siège : elle inaugure à l’entrée de la ville une « république autonome », qu’elle se charge d’organiser et d’approvisionner en nourriture.

Par-delà les clivages de classe ou de caste, le mouvement mobilise des propriétaires terriens plus ou moins aisés, des membres d’exploitations familiales, des ouvriers agricoles… À mesure qu’il enfle et se structure, de nouvelles revendications émergent : l’extension des prix minimaux d’achat à d’autres cultures que le blé et le riz — une demande formulée de longue date et une promesse de campagne du candidat Modi avant sa première victoire à l’échelle (…)

Taille de l’article complet : 1 275 mots.

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